Seuls existent les commencements,
les aurores nouvelles,
qui nous tirent de nos nuits.
Être toujours voyageur de l'Aube.

samedi 25 février 2012

13 - Dieu n'est pas au Centre (suite...)

(...)
Il y a cependant un point positif : plus de confession obligatoire, plus de messe obligatoire !
Hélas, ça ne dure pas…
Au bout d'un certain nombre de mois d'interdiction de rentrer chez moi, voilà que mes parents sont autorisés à demander un bon de sortie pour la journée du dimanche. De 10 heures à 17 heures, ou quelque chose comme ça. Il faut cependant que je demeure allongé sur le ventre (position qui est la mienne en permanence pendant le jour, histoire de préserver de la scoliose et autres déformations…). À la maison, on installe tout ce qu'il faut pour ça. Au Centre je dispose d'un chariot plat qui me permet de me déplacer, plus ou moins par mes propres moyens. Chez moi, je resterai toute la journée à la même place. Mais au moins je suis chez moi…

jeudi 23 février 2012

12 - Dieu n'est pas au Centre

Mon séjour de trois ans au Centre de rééducation m'a ouvert sur bien d'autres perspectives à tous égards. Tout le processus rééducatif, dans le cadre de cet établissement, a profondément modifié tant la perception de moi-même que celle du monde qui m'entoure. Dans le cadre de l'angle sous lequel j'aborde les choses, je me contenterai de relater ce que Dieu devint alors pour moi.

lundi 20 février 2012

11 - Dieu éprouve sa créature et l'abandonne.

Après l'intervention divine à laquelle mes parents croient, je change d'hôpital. Disons-le tout net, c'est une horreur. Je ne détaillerai pas. On ne me croirait guère. Face à l'épidémie de polios, nous sommes parqués les uns sur les autres dans des caves insalubres, soignés (je dirais plutôt maltraités)  par un personnel largement incompétent à tous égards. Les soins dont je bénéficie, sont une suite d'erreurs médicales. Celles que l'on appelle aujourd'hui des aides-soignantes, à l'époque, on les nommait « ma soeur ». Il s'agit en effet de bonnes soeurs, pardon de religieuses : les Soeurs de la Charité. (*) Elles portent magnifiquement bien leur nom. En fait de charité, l'une d'elles me gifla violemment parce que je crie ma douleur et que je dérange… Je n'ai pas oublié ce geste d'une religieuse de la très Sainte Église Catholique. Il est encore gravé sur ma joue. Pour l'éternité.  Mais s'il n'y avait que cela se serait simple épisode.  Je n'ose raconter le pire. Je ne l'ai jamais raconté. Je ne leur raconterai pas.
Mon père me sortira de force de cet hôpital. Le soi-disant médecin-chef de service le traitera de père indigne. Un comble !
Dans les mois qui suivirent, par décision des autorités, ce service fut fermé…

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(*) À moins qu'il ne s'agisse des 'augustiniennes' qui sévissaient aussi par là. Quant à l'hôpital, des documents attestent qu'il fonctionnait selon les règles hygiénistes du XIXe siècle, que son démantèlement a commencé dès 1958. Il est aussi établi et reconnu par l'Université Catholique de médecine, que plus tard : la situation est devenue intenable et les conditions de fonctionnement, c’est-à-dire en personnel, équipement, hôtellerie, sont inacceptables.
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mardi 14 février 2012

10 - La chute

Le 11 novembre 1959 marque un tournant définitif dans ma vie.

Je me couche « valide ». Je ne me relèverai pas. En quelques heures le poliovirus a dévasté mon corps, laissant des séquelles lourdes pour la vie entière. J'ai évoqué toute cette période dans la deuxième partie de mon livre « Le passage se crée ». Je n'y reviendrai pas.

lundi 13 février 2012

9 − 1958 : centenaire des apparitions de la Vierge à Bernadette Soubirous

La France est la « fille aînée de l’Eglise » et dans les années 50 chaque français est chrétien catholique, va à la messe du dimanche et les plus fervents en Pèlerinage à Lourdes. Un musulman va à La Mecque, un bon catho va à Lourdes ! Certes il y a bien quelques « libres penseurs » et les enseignants se disent athées, mais la France est catholique ! … et mariale !
Cette année là Marcelle Auclair publie une vie de Bernadette (*). Livre à couverture blanche que je lis et relis dans cette chambre  vide du 2° étage de la maison. Je suis comme subjugué par cette petite fille qui voit et entend la Vierge. Le récit des apparitions me fait rêver, les bagarres avec les adultes et les curés qui doutent me révoltent, mais finalement elle triomphe cette petite audacieuse qui a une foi et y croit dur comme fer. 

(*) Je reviendrai plus tard sur cette femme et ce qu'elle est pour moi.

dimanche 12 février 2012

8 - Transgression vacancière

Au cours des vacances familiales d'été, au bord de la mer ou à la montagne, les jours où le temps ne semble guère favorable, on fait des « excursions », lesquelles consistent le plus souvent à rouler en voiture et visiter des églises… C'est en tout cas le souvenir que j'en ai.

samedi 11 février 2012

7 - La première fuite


En ce temps-là, celui de la très Sainte Église Catholique triomphante et tutélaire il y avait une messe chaque dimanche à partir de cinq heures du matin jusqu'à l'heure de l'apéro. Nous y allions rarement tous en famille. Chacun choisissait son heure. Je devais accompagner l'un de mes parents où mon frère. Vers l'âge de 10 / 11 ans, je réussis à gagner en autonomie, considéré comme suffisamment grand, je pus aller à la messe seul. Plus précisément, je partais en avant, pour arriver à l'heure, ce qui était un gage de bonne catholicité vis-à-vis des parents, tandis que mon père avait tendance à toujours être en retard. À ce propos d'ailleurs, la question se posait de savoir à partir de quel quantité de retard la messe était encore « valable ». Je me souviens que ma mère, désireuse d'être en règle avec le ciel, la posa à un prêtre en visite chez nous, mais j'ai oublié sa réponse… 

vendredi 10 février 2012

6 - L'entrée en orgueil

Ce qui comptait, ce qui pouvait apporter de la considération aux yeux de la Sainte Église Catholique et de ses adeptes, les bons chrétiens pratiquants, c'est l'aptitude à démontrer aux yeux des autres que, bien qu'encore enfant, je savais parfaitement « lire et suivre la messe dans mon missel ». Alors, lorsque je me rendais à la messe, à l'âge de 9/10 ans, j'arborais ostensiblement le missel des fidèles, que je déposais ouvert à la bonne page sur le dossier pupitre de la chaise haute, afin que nul n'ignore que j'étais devenu semblable aux autres, parfaitement formaté, parfaitement ritualisé, parfaitement sage et sérieux, prenant les poses adéquates, exécutant les signes de croix sur le corps, battant ma coulpe au bon instant, prononçant à haute voix les mots latins à peu près correctement. En outre, je sais  les moments précis où il faut s’asseoir ou se lever, et hop ! je suis dans les premiers à bondir de la chaise ! A tout moment, chacun peut voir que je sais « suivre la messe »…
J'avais enfin toutes les apparences d'un bon fils de Dieu. D'un bon pratiquant.

5 - Un point obscur

Avant que je ne sois autorisé à faire ma « première communion », cet aspect de la messe me posera question. Je sais que l’on reçoit « le petit Jésus dans son cœur » et il y a cette histoire bizarre selon laquelle ce serait vraiment lui et pas une vulgaire rondelle de pain aplati appelé hostie. Cependant je n’ai pas le droit d’approcher de la Sainte table. Ouf ! Je peux encore échapper à cela, car il semblerait que ce soit douloureux ce qui se passe lorsqu’on va communier. Les gens reviennent à leur place la bouche pincée, tentant d’avaler ce truc qui doit coller au palais et que l’on n’a pas le droit de croquer, parait-il, (— « ça ferait du mal à Jésus »). Et puis, de retour à leur place, avec une mine sinistre ils se prennent la tête entre les mains plus ou moins longuement. Est-ce qu’ils pleurent, grimacent ? Ont-ils si mal que ça ?

mercredi 8 février 2012

4 - Premières confusions

Ce que j'ose appeler « expérience spirituelle d'enfance », c'est-à-dire la perception d'une relation intime du coeur avec Jésus/Dieu, en sa spécificité, fut rapidement dévoyée par l'entourage chrétien qui était le mien. Ce qui était considéré comme la norme et la vérité n'était pas l'expérience intime et intérieure, mais uniquement l'obéissance à un dieu exigeant, et la pratique des rites et des obligations définies et décrétées par la Sainte Église Catholique.

mardi 7 février 2012

3 - Premières expériences, premières perceptions.

Chaque semaine, se déroulait la messe obligatoire. J'avais le sentiment d'être un pion anonyme, mélangé aux enfants de mon âge, devant être attentif à « bien suivre la messe » : debout, assis, à genoux, débiter la prière au bon rythme.
Et puis : chanter ! C'est la seule chose que j'aimais…
C'est sans doute pour cela que le Divin se manifesta par le chant.

vendredi 3 février 2012

2 - Une enfance avec « Eux ».

Comme la grande majorité de ma génération, j'ai reçu une éducation chrétienne, celle qui se dispensait dans les années 50, au catéchisme, à la messe, et dans l'établissement scolaire catholique où l'on m'envoya, destiné à la réussite au bac, la préparation des élites de demain, et le déploiement du capitalisme. Il convenait de préserver la France de Satan (le Communisme), et d'essayer de ramener dans le droit chemin les brebis égarées (les socialistes). La Sainte Église Catholique aimait les riches (généreux donateurs), et pour ne pas trop se renier, organisait avec condescendance et charité chrétienne l'assistance à quelques pauvres (les Bonnes Oeuvres).

mercredi 1 février 2012

1 - Athée mystique


Je définirais mon athéisme comme  l'absence d'appartenance à une quelconque religion. Sans doute devrais-je plutôt parler d'irréligion, dans la mesure où je suis plutôt favorable à un humanisme sans religion. La limite tient au fait que l'athéisme est considéré comme la négation d'un Dieu personnel et vivant. Je serais plutôt en interrogation sur ce point… Sans pour autant me considérer agnostique au sens du ptet'ben qu'oui ! /  ptet'ben qu'non ! …