Seuls existent les commencements,
les aurores nouvelles,
qui nous tirent de nos nuits.
Être toujours voyageur de l'Aube.

samedi 26 janvier 2013

41 - À la dérive


Dériver, c'est se détourner de la voie choisie.
J'ai tendance à dériver dans ma recherche qui fait l'objet de ce blog.
L'une de mes dérives est la violence envers les hégémonies religieuses. Chrétiennes en particulier. Je fais une fixation là-dessus, dont je n'arrive pas à me débarrasser à la mesure que je voudrais. Comme s'il me fallait quelque part « l'entretenir »
pourquoi ? Ce n'est pas très clair…


Sans doute que la plus forte raison est : je voudrais leur faire rendre gorge ! Et là, je deviens totalement identique à « eux ».
— « eux », tous ces Kathos qui ont défilé pour cette histoire de mariage pour tous.
— « eux » qui croient détenir la Vérité des Vérités sur Dieu
— « eux » qui veulent imposer cette Vérité à la terre entière.
— « eux » qui ont la prétention de penser que c'est là « leur mission »
— « eux » qui m'ont vraiment fait chier pendant toute mon enfance !
— « eux » qui m'ont abîmé, qui m'ont détourné de l'intime, qui m'ont contraint à me renier, qui m'ont écrasé avec le pouvoir infernal qu'ils se sont arrogés.
— « eux » que je déteste comme je n'ai jamais détesté personne.
— « eux » ….. Bon, je m'arrête là. Ça suffit !…

Déviance personnelle, car ce n'est pas « la voie choisie » par moi.
La voie choisie est celle que j'ai exposée en commençant ce blog.

Alors certes, dans cette voie de l'expérientiel et du ressenti, il y a tout ce fatras de mon histoire déplorable, mais en faire le jeu, l'entretenir comme on entretient des braises pour un feu qu'il faudrait  au contraire éteindre, c'est mortifère pour moi.

Je n'ai pas le pouvoir de refaire mon histoire, mais j'ai la faculté de ne pas actionner, réagir, à partir de ce qui demeure une sorte de douleur de l'être, avec laquelle il va falloir que je vive, dont j'ignore si je m'en débarrasserai un jour, en me disant qu'il y aura toujours, dans le meilleur des cas, une cicatrice qui s'irrite facilement…

Tout cela m'a de nouveau sauté à la gueule en commentant sur un blog, ou plus exactement en allant relire après-coup mon commentaire. J'ai été atterré de ma réactivité négative immédiate, sans prendre le temps du recul, mais en fonçant tête baissée dans… Dans quoi ? : Dans laisser se dérouler cette sorte de violence qui tourne dans le vide, à l'intérieur de moi, comme, quelque part, une forme d'autopunition.

Avoir des propos nuisibles, quel que soit contre qui ils sont dirigés (et en l'espèce ce n'étaient évidemment pas contre l'auteur du blog), c'est me faire du mal à moi-même, sans compter celui que l'on peut faire à autrui…
Je suis totalement alors à l'inverse non seulement de ma démarche, mais de l'essentiel de moi.

Je ne ressens aucune culpabilité en écrivant ainsi. Ce n'est pas de cet ordre-là. C'est plutôt une interpellation envers moi-même : mais enfin ! Quand est-ce que tu arrêtes tes conneries !

L'impératif de revenir à la voie choisie. La mienne.
L'impératif de revenir à l'expérientiel.
L'impératif d'une ouverture réelle à autrui, en ce qu'il pense et croit, et non pas à cette fermeture du rejet au nom de mon histoire, qui ne peut être un « billet de justification ».

15 commentaires:

  1. Pour moi, dériver (je ne suis pas allée chercher dans le trésor de la langue française) ce serait peut être se laisser sortir en douceur d'un courant qui n'est pas bon. c'est parfois changer de courant.

    je pense qu'il y a de la rage en toi, car au nom d'un Dieu qui n'est pas le dieu en lequel j'essaye de croire, on t'a effectivement massacré, mal aimé, pas écouté.

    Ont ils vraiment réussi à te renier? Curieusement je ne le pense pas...

    Bonne soirée;

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    1. Ma première phrase reprend une des définitions de mon dictionnaire. J'ai apprécié l'allusion à une « voie choisie ».
      Cela rejoint un certain cap de recherche que je me donne.
      Bien sûr on peut se laisser aller à la dérive, se laissant entraîner par le courant ou le vent changeant…
      C'est un autre possible.
      Mais en l'espèce je cherche à redresser mon cap, pour ne pas me fracasser sur des rochers, les mêmes qui m'ont disloqué dans le passé.
      En même temps, j'entends bien, il faut parfois aller vers des courants qui nous emmènent en terres inconnues.

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  2. je ne sais pas si tes propos sont "nuisibles" pour reprendre ton terme (ça m'étonnerait que tu veuilles nuire sciemment à quelqu'un, fut-ce un Katho ;-))!)
    Mais tes propos contre les Kathos sont invariablement agressifs
    Ne pourrais-tu pas faire ton chemin de Voyageur en laissant derrière toi tous ces gens qui ne méritent même pas un seul de tes mots agressifs? C'est comme s'ils avaient gardé toute leur importance pour toi...
    Tes derniers billets nous ont invités à "dériver" dans des chemins éclairants et constructifs. Chaque fois que je te vois gueuler ta hargne... je suis triste, comme si tu piétinais au lieu d'avancer
    Bonne journée à toi, je t'embrasse

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    1. Si le chemin du Voyageur était en ligne droite avec, au terme de la route, un beau coucher de soleil "à tomber" comme dit un de me mes enfants, ce serait sans doute bien plus facile...
      Hélas le chemin de spiritalité est le plus ardu et le plus tortueux que je connaisse. Je ne suis pas de ceux qui disent avoir trouvé un matin de printemps en se levant. Je ne pense pas qu'il puisse en être ainsi. Je ne connais aucun "maitre spirituel" qui n'ait eu à affronter de terribles nuit, et de terribles combats.

      Le "tout tout de suite", si cher à mes contemporains, m'est étranger sur ce Chemin.

      Dans la Bible il est écrit "aplanissez le Chemin" pour celui qui vient.
      Ça ne se fait pas par un coup de pelleteuse magique... Ce sont des travaux longs et pénibles de tracer et aménager une route plate, surtout au milieu des montagnes....

      Le Voyageur ne peut "laissez derrière lui tous ces gens", parce qu'il ne peut que s'y affronter, étant donné qu'il y sont sur son chemin et dans son voyage.
      A lui et lui seul d'affronter ses combats, ici, ou ailleurs. que ça plaise ou déplaise à ceux qui lisent.

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    2. Alain

      c'est comme si vous m'autorisiez à "vomir" ces hussards noirs qui correspondent, je l'ai déjà dit tant de fois, aux Kathos de votre histoire. Je sais quque ce rôle ne vous reviet pas, c'est juse le rêle des mots posés ici.

      @ Coumarine, oui je piétine lorsque j'ai cette attitude mais me l'autoriser c'est aussi rendre un peu de dignité à cette petite fille de neuf ans qui ne voyait aucune autre issue que la mort. Oui je leur donne de l'importance, seulement mon devoir d'état ne me permets pas de les rayer de mon présent.

      A vous deux, je souhaite le plus beau des dimanche.

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    3. J'aurais dû me relire :

      Je sais que ce rôle ne vous revient pas, c'est juste le rôle des mots posés sur votre blog

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    4. le Voyageur29 janvier, 2013

      Chère Nicole,
      Je crois qu'il faut s'autoriser à vomir. Ça soulage. Ça fait de la place.
      Vomir ce qu'on a « sur le coeur », et qui empêche le coeur de vivre…

      Mais je vois bien une limite [et ici je parle UNIQUEMENT pour moi], celle du risque de remanger son vomi pour vomir encore…

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  3. On peut dériver en mer,mais aussi en l'air (delta plane) choisir le bon ou le meilleur courant (je n'y connais rien, mais en été il y a des dizaines de delta planes qui passent devant ma fenêtre) et cela permet aussi de trouver de la hauteur. Et la hauteur c'est aussi voir autrement (ce qui n'exclue pas le travail à faire pour trouver "son" courant".

    J'ai pensé à toi très fortement dimanche, car j'ai dû presque lutter pour ne pas quitter la messe proposée ici, sans doute par un prêtre "ministre du culte" et non pas transmetteur d'amour.

    Comme tu le dis, la vie spirituelle n'est pas un long fleuve tranquille.

    Bisous

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    1. le Voyageur29 janvier, 2013

      Sans doute un de ces prêtres que Eugen Drewermann ( prêtre et psychanalyste) appelait « Les fonctionnaires de Dieu » dans son ouvrage qui lui valut d'être relevé de ses fonctions par le Vatican. Pas de bol, le bouquin s'est vendu à 1 000 000 d'exemplaires… (Dans les années 90).

      J'aime bien la métaphore du deltaplane. La recherche du voir autrement… Ou du croire autrement…

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  4. Je me retrouve dans tes propos au sujet des Cathos ( Pourquoi tu mets un K à catho?). Les intégristes sont les pires ! Et pourtant j'en connais et j'en aime des bons qui sont dans l'humain et non dans la soumission aux dogmes et à la hiérarchie . Mon préféré est un prêtre qui a quitté l'Eglise et s'est marié à 70 ans !Faut le faire: remettre ainsi sa vie, ses choix de vie en question à cet âge canonique! Il coule une retraite avec pour occupation le jardinage, la lecture des Evangiles surtout celui de Jean, l'écriture, la méditation et l'écoute des personnes qui continuent à le consulter . C'est un homme d'une grande humanité.L'ami de "mon préféré" s'appelle Maurice Bellet. Là aussi, on est en bonne compagnie.Lui aussi n'est pas très apprécié à Rome !
    Je retrouve dans ma bibliothèque: La Parole et l'Angoisse d'Eugen Drewermann. je vais me replonger dedans.

    Je crois que le christianisme est en voie de disparition. La figure du Christ par contre non.

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    1. Je me souviens avoir lu un ouvrage de Maurice Bellet.... il y a bien longtemps… Je ne sais plus très bien de quoi il s'agissait. Faudrait que j'aille revoir au fond de ma bibliothèque… J'ignorais qu'il était encore en vie.
      S'il a quitté l'Eglise… C'est sûrement quelqu'un de bien !
      :-)
      Le christianisme est sans doute en voie d'extinction…
      L'islam est en pleine expansion…
      Nous tombons de Charybde et Scylla !

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  5. Ne prend le risque de dériver que celui qui cherche sa voie... et pourquoi pas sa voix!
    Dire, mettre en mots ses expériences, ses ressentis...sortir des sentiers battus du "non-dit", s'exprimer librement en faisant fi du jugement d'autrui, ne pas chercher quelque alibi qui permettrait de se donner bonne conscience, c'est tout cela qui fait le chemin et chacun a le sien propre en rapport avec l'intime de soi-même.
    Se poser la vraie question du Dieu qui m'habite invite à un parcours spirituel où chaque jour peut paraître un combat tant la réalité extérieure me confronte avec la réalité de l'être - toujours en devenir - que je suis.
    Prendre du recul, peut-être aussi piétiner parfois, oser entendre, écouter davantage son coeur qui bat au rythme de ses pas pour un matin trouver un autre élan, rebondir sur le tremplin de la vie, c'est aussi prendre de la hauteur et pouvoir regarder enfin autrement, soi et les autres.
    Dériver, faire des allers-retours pour trouver l'équilibre, tenir le cap et faire confiance à la boussole de notre vie qui ne désire rien d'autre pour nous que de nous réconcilier avec le meilleur déjà là et en passe de devenir!
    Moi aussi je me pose la question des religions et suis plus proche de ma vérité lorsque je choisis la part de spiritualité qui m'habite. La vraie religion est celle que nous prêchons par l'exemple, en recherchant notre propre réalité et surtout en essayant de construire dans un climat de paix, les relations que nous entretenons avec nous-mêmes et avec les autres .
    Dans la Bible il est écrit "aplanissez le Chemin" pour celui qui vient.
    Ce n'est certes pas le chemin le plus facile mais c'est certainement le plus beau parce que nos enfants et nos petits-enfants assureront la continuité de cette existence à laquelle nous appartenons . Tous les efforts que nous auront fournis sans nous décourager pour emprunter ce chemin de vie sont semences qui porteront fruits aussi pour tous ceux qui viennent. Et le partage en fait partie!
    Bonne journée et sache que tu n'es pas le seul à conduire ton véhicule sur ces routes de l'espérance!
    Brigitte

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    1. Merci pour ce long commentaire en forme de témoignage.
      Je n'ai rien à ajouter. Cela me rejoint beaucoup.
      Je soulignerai seulement que j'ai bien lu la dernière phrase !
      Et qu'elle fait du bien.

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  6. "Ce sont les couches périphériques de l'être qui sont susceptibles d'être modelées, où l'homme peut imprimer sa marque, mais le fondement même, le principe originel ne peut être altéré par quelque moyen que ce soit." (E.Witt)

    Ce que je me demande c'est à savoir si ces marques imprimées à la périphérie doivent être solutionnées pour atteindre le principe originel ou si c'est de mettre toutes ses énergies à atteindre le principe originel qui solutionne la périphérie ? kéa

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    1. Tout d'abord, je partage tout à fait la citation.
      Pour atteindre le principe originel, que j'appellerai volontiers le coeur de l'être profond, cela tient à la fois de deux choses que tu cites.
      D'une part, sur le chemin de ces profondeurs-là, on traversera des couches périphériques, telles des blessures enfouies, mais mieux vaudrait alors les contourner pour aller au coeur. Car c'est dans le coeur que la source d'énergies nouvelles, voire réparatrices, se trouve. C'est donc là qu'on puisera les énergies pour solutionner la périphérie.
      C'est un peu sommaire ce que dit, évidemment.
      Mais c'est en tout cas, assez globalement, le chemin que j'ai parcouru et continue de suivre.

      Merci pour cette citation et cette question qui me permet de prolonger mon propos.

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