Seuls existent les commencements,
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Être toujours voyageur de l'Aube.

dimanche 21 septembre 2014

76 - Jugement divin ? - Résurrection ? - et autres concepts...


"Nier la résurrection, c'est chercher à déresponsabiliser l'humanité.
S'il n'y a rien après la mort, alors je peux faire n'importe quoi, quelle importance ?"
Ou si personne n'est revenu nous dire qu'il y a un jugement divin,
on peut imaginer ce qu'on veut, on peut dire n'importe quoi,"



Je lis cela sur un blog tenu par un prêtre catholique.
Ainsi les actes de la personne humaine devraient être conditionnés par la peur du Gendarme Divin ! Doctrine chrétienne qui semble avoir encore ses adeptes… Doctrine qui a éloigné de l'essentiel bien des personnes en quête de vivre… Ne sont resté que ceux qui ont l'esprit et le coeur militarisé - oui chef ! bien chef !

La Vie ne m'appartient pas, je l'ai reçue et elle s'éteindra. Une vie "après" en ce qui concerne MA personne, moi Le Voyageur, une vie "autre" ? J'en sais fichtre rien…. qui mourra verra !!
LA vie après MA mort… c'est évident…. Elle ne m'a pas attendu pour être, et ne disparaitra pas avec moi ! Elle continuera….

Est-ce que je fais n'importe quoi de ma vie, sous prétexte que je ne préoccupe pas de savoir s'il y a un jugement divin ou non après ma mort ? Franchement…. si c'était ça je me dirais : —  Mon petit père, tu es encore bien infantil et va donc te faire voir chez un psy… 

Il se fait que j'ai en moi une "conscience profonde" qui me guide dans l'existence, une bousole intérieure qui me mène sur le chemin, qui me fait consentir à moi-même dans des choix de Vie… Qui ne m'impose rien de rien, mais propose et sollicite sans cesse. Lorsque je fais confiance à ce guide intérieur, je constate un plus de bonheur et d'engagement du don de moi, j'y trouve donc largement mon comptant et me rappelle les paroles de Jésus "Heureux les…." (paroles de constat rejouissant). Lorsque je pactise et/ou refuse d'entendre, je creuse une forme de malheur et de désengagement qui m'attriste et parfois me désespère, et qui surtout me confine dans mon egocentrisme.  Et je retrouve  alors d'autres paroles de Jésus : "malheur à celui qui…" (paroles de constat attristé et non pas malédiction proférée…)

Rien à voir avec un Dieu-supposé-Tout-Là-Haut qui me regarde de toute sa Hauteur Divine, me juge ex-cathedra, me condamne aux travaux forcés de l'enfer, si je suis vilain-vilain, où me propose le Club'Med du Paradis !! si je suis gentil-gentil. (darla—dirladada).

le "Jugement Divin" n'est pas mon référentiel dans l'existence, et si par impossible jugement il devrait y avoir… et alors ? … Je n'ai aucun pouvoir sur le tribunal, je n'entends nullement défendre ma cause. L'observation du réel de ma vie suffira à ce Dieu-Tout-Puissant-et-Tout-Décidant, (s'il existe comme tel !….) pour… en décider !! Ce serait lui faire injure que de jouer au plaideur-menteur !!

"Nier la résurrection, c'est chercher à déresponsabiliser l'humanité".
Cette phrase me semble essentiellement conceptuelle.
Déresponsabiliser l'humanité ? qu'est-ce à dire ? A la limite je peux dire : ME déresponsabiliser de MA place dans l'avancée de l'Humanité à laquelle je crois comme un Possible pour Elle. (un monde qui s'humanise à mesure ou chaque membre s'humanise lui-même). Ça, oui, je peux ! Mais cette généralisation m'en rappelle d'autres toutes aussi ridicules dans leur dogmatisme réducteur…(les femmes sont inférieures - les curés sont supérieurs - les divorcés iront en enfer -  l'eglise est l'unique voie du salut … etc, etc….) 

Nier la résurrection ? C'est une question expérientielle… Quelle expérience ai-je (ou non) de la résurrection ?  Personnellement j'en ai une….Ma vie est marquée d'une re-naissance, d'un passage de "vie-morte" à l'intérieur de moi, à une "vie-en-accomplissement" sur le fondement d'un don de moi à la vie, à l'autre, aux autres… (avec toutes les failles, erreurs, manquements, etc… et j'ai mon paquet de boulets, croyez-le bien !).
Dans ce processus il y eut ma part et la part des autres (leur aide et leur solidarité, leur amour), et sans doute cette part mystérieuse du plus-que-soi-en-soi, dont j'ai souvent parlé.
Mais ce "plus-que-soi" est fondamentalement une histoire d'amour en moi et "plus"….
Voila ce que je peux dire.
Jésus est allé bien plus loin dans la perception et la réalité d'une re-vie dont il a une expérience unique et singulière; novatrice certainement. 
Accessible à l'homme ? Oui, selon ses propos. Il n'y a qu'à "le suivre", c'est son appel principal.

Mais la phrase du prêtre, dans sa sémantique, est quand même virulente… Elle suppose la prééminence des actes meurtriers dans l'homme, (désirer l'échec de l'humanité…)… comme si c'était la nature profonde de l'homme-pécheur-évidemment… de l'Homme mauvais et qui-doit-être-sauvé…
Qu'il n'y ait pas que du "bon" dans l'homme, chacun en fait le constat dans sa propre vie et en regardant le monde tel qu'il est…. Mais qu'il n'y ait que du mauvais, que "péché et "pécheur" fondamentalement !…. Là le ciboire m'en tombe des mains….
Je n'y retrouve, ni Jésus, ni le "Père" dont il parle….
C'est presque un dieu sadique qui est proposé, et en tout cas un Dieu maniant le fouet de l'enfer, manipulateur, élitiste et sélectif dans l'amour - je t'aime si tu m'obéis !! Où est la gratuité du don ??

Est-ce bien le "Dieu-Père" de Jésus ?
Franchement, moi qui suis père et grand-père en tentant d'être un peu aimant avec ma descendance…. je ne m'y retrouve absolument pas….

Il m'avait plutôt semblé que le Salut était accompli historiquement… Que le Sauveur était venu… et avait… Sauvé ! Alors certes chacun est libre d'adhérer ou non…. Mais il n'y a rien d'autre à être que… d'être… humain-s'humanisant.
C'est à  dire aimant à la mesure d'amour dégagée en soi….

Le plus désolant est peut-être l'extraordinaire formatage doctrinal des candidats à la prêtrise. Un moule unique, uniforme, élitiste, bardé de connaissances livresques, mais à bien faible expérience de vie "réelle". des bancs de l'école, aux bans des séminaires, et au banc de communion….
Triste ! Surtout que j'ai rencontré récemment (suite à une "première communion" d'un petit neveu [ben oui… dans ces cas là je remets les pieds dans un batiment religieux…]) un jeune prêtre (enfin disons env. 35 ans…), totalement formaté "à l'ancienne"… son discours aux enfants (qui entre nous leur est passé à plus de 6000 mètres au dessus de la tête, vu ses allusions à des textes bibliques obscurs que pas grand monde comprenait, et son discours sur Hollande qui n'avait rien à faire là….)
 Moi qui croyais naïvement à quelques évolutions possibles…. Finalement on la trouve chez qq vieux curés finissant, qui ont enfin compris qu'il y avait une histoire d'amour divin incarné à la base…. !

Voila, en bon pharisien-moderne j'en resterai là….

10 commentaires:

  1. ton billet est vraiment très très intéressant, vivifiant
    Ma génération a été élevée dans ce contexte sanctions-récompenses, baignée dans ce climat pénible de Dieu me voit où que je sois et il est prêt à me punir ;-(
    quel renversement de situation quand tu évoques la re-vie à laquelle Jésus nous appelle. C'est en effet une histoire d'amour, non de peur, d'appréhension
    Eduquer les enfants à cette responsabilisation. A entrer dans une expérience, qu'il peut "écouter" dans le profond de son être, pour entrer chaque jour davantage dans son chemine d'humanité!
    Et savoir que aujourd'hui on peut encore entamer ou poursuivre ce chemin de renaissance...
    Oui, il y a hélas encore beaucoup de formatage doctrinal chez ceux qui se disent suivre Jésus.
    Un peu décourageant...

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    1. Pour ce qui est de l'éducation, il me semble qu'il s'agit là de l'éveil de la conscience profonde. ( Ce qui est bon pour soi et met en paix / ce qui n'est pas bon et met en malaise) Cela peut se faire assez tôt, et parallèlement à la nécessaire conscience morale (le bien / le mal) qui structure et balise.
      on a longtemps privilégié la conscience morale, quand on a pas considéré que c'était la première… Facile ! Ça fait des gens « obéissants » et serviles… Jusqu'à ce qu'ils se révoltent !
      La conscience profonde et la démarche d'intériorité génèrent des personnes libres…
      Ce n'est vraiment pas bon pour les religions qui se fondent toujours sur l'obéissance à la divinité supérieure ! Que deviennent les curés s'ils perdent le pouvoir sur les ouailles !… C'est la cata !

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  2. Ton point de vue me passionne parce que je le partage avec passion entièrement avec toi et parfois devant d'autres qui n'ont pas encore osé envisager de penser autrement ( ou par eux mêmes) qu'avant et préfèrent rester en état de soumission passive. Parfois je me sens percue comme une païenne:Cela me convient! Hier je l'ai encore vécu avec un homme ( de mon âge et de mon niveau d'instruction et éducation)... alors que je lui demandais ce qu'il pensait de l'évangile du jour il m'a répondu qu'il s'en référait toujours à l'opinion du curé de sa paroisse, qu'il était d'ailleurs bien embêté de ne pouvoir se rendre aujourd'hui à l'église ( il était hospitalisé) et qu'il espérait bcp que sa femme y aille pour écouter le curé en question qui lui, sait (!) et lui dirait comment et quoi penser de l'évangile du jour.... ( c'était la parabole des ouvriers de la dernière heure) Les bras m'en sont tombés...
    Aujourd'hui j'ai acheté deux livres que je me réjouis de potasser: Le premier traite de Freud d'Elisabeth Roudinesco et s'intitule "Sigmund Freud en son temps et dans le nôtre". Et le second traite du Nouveau Testament ... (de Jésus donc) le titre est "Le royaume" d' Emmanuel Carrère.
    Freud et Dieu ou Jésus et Freud...comme çà tu sais qui sont mes principaux centres d'intérêt !
    Je te tiendrai au courrant au fil de mes lectures ...

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    1. C'est quand même un grand avantage que les curés pensent à notre place… si le paroissien se met à avoir une pensée personnelle : c'est la chienlit ! Pire : c'est un péché !
      Les personnes dont tu parles sont des chrétiens exemplaires : ils iront droit au ciel ! Ils pourront présenter leur carnet de bonnes notes pour s'être soumis à la très sainte religion !

      J'ai commencé à lire le livre d'Emmanule Carrère. J'en ai lu 5 % (oui, ma liseuse électronique raisonne en pourcentage de lecture mais pas en nombre de pages…). pour l'instant je suis plutôt assez déçu… Un peu trop narcissique… On verra la suite…

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    2. Moi j'en ai lu 100 pages !Oui c'est vrai...moi aussi je suis un peu déçue J'ai envie de lui dire:trop de blabla passons à du plus profond...

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  3. Un texte bien pensé et qui a le mérite de mettre l'accent sur ce Dieu qui n'est pas un Dieu de jugement et de punition mais un Dieu de relation et de miséricorde qui nous ouvre la voie de la liberté . Encore une fois, le catéchisme de mon enfance m'a beaucoup fait réfléchir ( et me le fait encore) sur ce terme de "religion". A ce terme je préfère de loin parler de spiritualité , de conscience profonde et de démarche d'intériorité propices à un chemin de liberté et d'humanité.
    Brigitte
    Pour moi, la résurrection, c'est aussi cette conversion du coeur à laquelle Jésus nous invite tous.
    La résurrection à laquelle j'adhère, ce n'est pas seulement cette résurrection à la fin des temps , celle-ci est déjà dans la promesse que Dieu nous fait. Il nous appelle à renaître à nous mêmes, à convertir nos coeurs et surtout à les ouvrir pour avoir un autre regard sur la vie, ma vie et la vie de tous les autres autour de moi.
    La résurrection nous est ainsi offerte chaque matin nouveau que la vie fait en nous quand nous sommes capables de nous remettre en question et de nous ouvrir à la parole de Dieu en nous.Pas toujours si facile que ça mais c'est une invite! "Venez et voyez" !
    Rien qu'en consultant ce blog, ça fait beaucoup de bien. Merci Alain pour ce partage du chemin.

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    1. Que ce blog fasse du bien, je me réjouis de le lire, car souvent je m'interroge sur ce que j'écris ici. Ne suis-je pas en train de travestir le Message ?
      Oui, c'est bien à une nouvelle naissance intérieure que Jésus appelle. Libre à chacun de la désirer, ou non. Mais si on entre dans ce Désir, alors il est sans cesse présent et accompagne dans l'intime, dans le coeur. C'est pour cela qu'il est et demeure vivant. Pas seulement un phénomène mémoriel, mais cette présence singulière tenant au mystère du divin.

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  4. Mais il a raison ce curé d'écrire " S'il n'y a rien après la mort, alors je peux faire n'importe quoi, quelle importance?"... Voltaire ne le disait-il pas déjà quand il déclarait (je cite de mémoire) : "Je veux que mon personnel soit croyante, je suis bien plus tranquille pour mon argenterie" !!!
    Peut-être que votre curé a beaucoup de domestiques... à moins qu'il n'ait beaucoup d'argenterie! Lol

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    1. Vous me faites sourire !!
      Dans cet ordre de pensée, je me dis que le divin est aussi présent dans les radars automatiques, déclenchant l'éclair et la lumière de l'esprit, propre à remettre le pécheur, si ce n'est dans le droit chemin, au moins à la bonne vitesse sur celui-ci...

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    2. Bravo pour la réponse du berger à la bergère!

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