Seuls existent les commencements,
les aurores nouvelles,
qui nous tirent de nos nuits.
Être toujours voyageur de l'Aube.

lundi 10 octobre 2022

124 - Le bon grain et l'ivraie

Dans l'Évangile on trouve cette parabole du Royaume, que Jésus raconta à la foule, ce serait comme l'homme qui a semé du bon blé sur une bonne terre et des gens vinrent la nuit semer un mauvais grain (l'ivraie). Ça  pousse, on vit le désastre. Les serviteurs proposent d'aller arracher l'ivraie afin qu'on puisse faire par la suite une bonne moisson. Mais le Maître l'interdit : si vous faites ça, vous allez aussi arracher du bon blé… c'est seulement après la moisson qu'on fera le tri.


A priori, les disciples de Jésus  n'ont pas tout pigé. Si bien que rentrés à la maison, ils lui demandent un cours particulier. (Si ça vous intéresse l'ensemble du cours on le trouve par exemple chez Matthieu 13, 24-30). Pour ce billet je retiens que le champ c'est le monde, la moisson signifie la fin du monde. Et là « on » séparera le bien du mal : où ça ? Dans chacun de nous ? Dans l'humanité ? Et c'est quand la fin du monde ? Le « on » ce sera le Fils de l'homme et ses anges, et Jésus conclut : « Celui qui a des oreilles qu'il entende ! » Autrement dit comprenne qui peut !


Pour ma part, je n'ai certainement pas tout entendu ni tout compris. C'est pas plus mal d'ailleurs. Si toutes les paroles de l'Évangile étaient « claires comme de l'eau de roche » on lirait ça rapido et on passerait à autre chose.  À nous de clarifier,  ça peut  prendre des années si on est intéressé, c'est passionnant dans la durée.

Si vous ne l'êtes pas. Vous pouvez arrêter de me lire et passer à autre chose : mais quoi ? Je ne sais…


Cette parabole m'est revenue en tête à propos de ma relation complexe à la religion catholique.

Dans celle-ci je constate qu'il y a les deux : le bon grain et l'ivraie. Je me situe comme disciple du maître : Jésus. Je me situe donc en serviteur.

Mais dans la pratique je me suis barré. Je ne suis plus dans le champ de ce monde-là. Enfin c'est ce que je crois, c'est ce que je dis. Mais est-ce si sûr ? Parce que j'y retourne vers ce champ je le regarde pousser et disons le clairement en  me focalisant le plus possible sur l'ivraie, au point d'être prêt d'affirmer que le blé a complètement disparu, bouffé par l'ivraie. Ce qui n'est pas exact. Il y a toujours les deux composantes de la parabole dans l'organisation de la religion catholique.


J'en ai l'expérience au long de ma vie, tant personnellement que chez bien d'autres catholiques ou l'ayant été. Je me suis mis nettement en marge vers les années 1990. Aujourd'hui je m'estime « en dehors », mais cependant je garde un œil sur ce qui s'y passe, soit directement par des personnes, soit indirectement par diverses sources d'information (sur Internet, et aussi par des films ou reportages…).


Pour simplifier on pourrait dire que j'ai jeté le bébé avec l'eau du bain, c'est-à-dire que je ne me suis pas attardé à séparer les bonnes choses que j'ai pu recevoir (le bon grain) des graves dysfonctionnements d'une institution et ses conséquences néfastes pour ne pas dire mortifères  dont je fus victime ainsi que bien d'autres.


Il me faut revenir au bon grain qui fut semé en moi, et qui a produit de bonnes choses sur mon Royaume intérieur. Il est temps de le faire car la moisson approche pour moi.  Ne pas le reconnaître serait pur orgueil, d'autant que par ailleurs je tiens le discours qu'on n'est pas grand-chose sans les autres. Si ce n'est rien. Que j'ai même écrit un bouquin fondé sur la nécessaire gratitude.

Changer de focale nécessite un grand effort de revirement. Une rigueur avec le réel pour ce qu'il est, et non pas pour ce que je me l'invente partiellement.


 Je suis à l'aube de la moisson. J'ai même le sentiment qu'elle est commencée. Elle durera le temps qu'il faudra. il est temps de brûler l'ivraie qui est déjà apparue.


lundi 30 mai 2022

123 — Une évolution lente mais palpable

Il y a très longtemps que je lis le blog de René Poujol, ancien journaliste au groupe de presses catholiques Bayard, directeurs de rédaction de la revue Pèlerin, actuellement retraité mais toujours passionné de l'avenir de l'église catholique. Ce n'est pas une lecture régulière. Les articles sont souvent intéressants de même que les prises de position de l'auteur, grand observateur de l'église catholique. L'homme René, globalement, je l'apprécie pour sa liberté, la pertinence de son analyse, et sa foi évidente.

En revanche et très souvent, les commentaires me font réagir vivement et/ou très négativement. Parfois j'ai témoigné de mes emportements. Désormais le plus souvent je me tais. Enfin pas vraiment.… Je laisse tout cela sortir, mais pour moi-même, comme une sorte de purgation nécessaire, mon écran se remplit d'écriture de mes sentiments mêlés, et puis j'efface. Écran vide ! J'estime que c'est mieux. Et je pense que d'une certaine manière ça me purifie quelque peu. Ce qui ne sort pas marine et finit par pourrir en soi.


Peu à peu j'apprends à retrouver cette zone de moi ou j'avance vers une pacification dans ma relation « aux religions » (pour faire simple avec ce seul mot). Alors le constat d'une évolution, certes  lente, m'invite à en faire état à mes propres yeux, par nécessité intérieure et continuité de ma progression .


J'ai récemment commenté un texte de René Poujol, relatif au risque d'implosion du catholicisme français.  Dans ce commentaire je tente de revenir au centre de moi pour exprimer l'essentiel, sans me travestir, sans rajouter, délayer ou m'en prendre à je ne sais qui. J'aboutis à un texte qui me semble plutôt juste et je publie. Le voici :


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Du billet de René et des commentaires que j’ai pu lire j’essaye de retenir des éléments importants pour celui qui a choisi Jésus comme maître.

J’ai apprécié relire que Jésus n’a jamais voulu fonder une religion. Ce qui se découle directement de certains propos de l’Évangile. L’église n’est donc pas pleinement légitime à revendiquer parler en son nom. Elle peut le faire évidemment mais sa parole n’est qu’une parmi tant d’autres et quoi qu’il en soit elle ne cesse d’être protéiformes. La foi se nourrir de multiples sources. J’apprécie les « hommes de foi » disciples de Jésus qui s’expriment là comme ailleurs. Il faut rendre hommage aux hommes libres et non cléricaux qui ne sont pas emberlificotés dans les querellent intestines, dont ce blog témoigne depuis des années…

Que cette religion ou une autre puisse un jour se réformer. On a le droit de rêver… mais quand on s’est autoproclamée unique « gardienne de la foi » envers et contre tous, il n’y a guère d’autre solution que de partir ailleurs quand on voit ce que cela donne.

Cependant il est nécessaire et légitime de perpétuer les Évangiles, autrement qu’en finançant des imprimeries de bibles. Il est nécessaire au disciple que les hommes et les femmes se laissent enseigner par l’homme Jésus dont le Message, l’exemplarité et les propos sont fondamentaux pour le développement de l’humanité. On ne fait rien progresser en ce sens dans une religion autarcique supposée détentrice des Vérités des Vérités.

Ce qui est premier est l’accueil de la nouveauté créatrice à chaque instant dans la continuité de Jésus. L’Esprit libre. C’est incompatible avec le maintien d’une tradition réifiée qui n’a plus rien à dire à l’homme du XXIe siècle. C’est pour ça qu’il n’écoute pas. L’homme contemporain est déjà attiré ailleurs en lui-même.

Jésus propose une transformation intérieure sous forme d’une révolution personnelle qui fait faire l’expérience transcendante du « Royaume ». C’est une aventure personnelle, du à un, comme Jésus recruta ses disciples et apôtres… Aventure cependant à dimension universelle, parce que « plus que nous est en nous ».

Des hommes et des femmes ont compris cela et donc ont quitté une religion figée, la laissant à ses derniers soubresauts, lesquels occupent tout le temps disponible au lieu de les servir le Royaume.

C’est triste au final. Mais la réalité s’impose car les faits sont têtus.

Dommage. Ou plutôt chance peut-être d’aller rejoindre cet ailleurs où Jésus nous attend. Le temple n’est ni à Jérusalem hier ni à Rome aujourd’hui …

De ces temples-là, il n’en restera pas pière sur pierre a prédit Jésus.


Voici la réponse : 

Merci, bien sûr, pour l’hommage que vous rendez à ce blog et à ses conributeurs. Mais merci plus encore pour la sincérité de votre témoignage. Je viens de terminer l’écriture d’une conéfrence que je dois donner pour Pentecôte dans le cadre de Rencontres à l’abbaye de Sylvanès (Aveyron) sur le thème : Le christianisme a-t-il un avenir ? J’espère pouvoir en donner l’essentiel dans un prochain billet car je crois que les réponses qui s’esquissent ici ou là et qui correspondent en fait à ce « christianisme hospitalier » dont parle Danièle Hervieu Léger (d’autres parlent de l’émergence d’une christianité après la chrétienté et le christianisme) sont porteuses d’espérance bien au-delà des seuls croyants.

Un grand merci !

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 Ce merci je ne m'y attendais pas. En écrivant « j'apprécie les hommes de foi disciples de Jésus qui s'expriment… ». Je pensais à lui mais à bien d'autres aussi. (dont certains témoignent sur ce blog-ci). Nous avons des divergences fortes  sur certains points, cependant  nous sommes unis par le fond sur UN essentiel , parce que, lui, d'autres et moi, sommes des disciples de Jésus.


J'ai titré « une évolution lente mais palpable » pour témoigner d'une réjouissance, celle de me voir un peu plus en marche vers la pacification personnelle  de ma relation aux « gens d'église » qu'ils soient cléricaux ou laïcs. Ce n'est pas un aboutissement, mais j'y vois une sorte d'étape, de pierre blanche, que je ne vais pas oublier au risque de repartir sur un certain chemin de perdition. De cela je ne veux plus. Tout n'est pas résolu pour moi en ce domaine. Est-ce que ce le sera un jour ? Est-ce que mes plaies par des gens d'église cicatriseront durablement, sans souffrances encore ?

 Qu'importe, il faut aller sur « le chemin des montées ». Il est le seul qui vaille.

Et… vaille que vaille…


lundi 28 février 2022

122 — Mais qui donc sommes-nous ?


En décembre dernier j'ai abordé la question de Lui, Jésus : qui donc est-il ? Je tentais de répondre : il ne peut qu'être. Et dans cette perspective d'existence,  qu'en est-il de nous ?


En ces temps troublés par une pandémie mondiale et une guerre en Europe, nous, occidentaux, nous ne pouvons que nous poser des questions centrales sur l'identité profonde d'une humanité face à des périls qui ne sont pas de la rêverie ou de la simple spéculation.