Seuls existent les commencements,
les aurores nouvelles,
qui nous tirent de nos nuits.
Être toujours voyageur de l'Aube.

mercredi 9 août 2023

126 — la Permanence d'être (tentative)


(Ce texte n'est qu'une ébauche)


Cela fera bientôt six mois que je n'ai pas écrit ici. Ce « lieu important » ne me quitte pas cependant.

Le Voyageur traverse des zones de turbulences. C'est loin d'être la première fois évidemment. Mais les années passent, et mon rafiot n'a plus la splendeur des grands voiliers, si tant est qu'il l'eut un jour.

En même temps quand la barque se fait plus vulnérable on y prête une plus particulière attention. C'est une manière indispensable d'en prendre soin.


Il y a peu je repensais au titre de ce blog, me rappelant les débuts en 2012 où je cherchais un titre qui dirait la quête et le voyage et puis « le Voyageur de l'Aube » s'était tout à coup imposé comme une évidence, une flagrance que « c'était ça ».

C'est toujours vrai et encore plus. C'est ce que je suis depuis si longtemps. Un voyageur, un peu chercheur, un peu explorateur, sans cesse en quête de la Lumière, en particulier celle de l'Aube, c'est-à-dire l'origine qui nous fait sortir de la nuit.

J'ai longtemps vécu dans des ténèbres, sans même parfois réaliser que j'y étais,. Alors on est capable de faire d'une vague lumière lointaine un soleil éclatant. Mieux vaut cela que le noir complet du désespoir épais d'une mort annoncée.

Voilà pour cet aspect métaphorique d'une forme de voyage au long cours, souvent solitaire sur la barque, mais toujours en lien, en présence, en relation avec d'autres voyageurs, comme il en est dans une course au large, mais celle-là est  sans véritable compétition.


Une autre image m'habite, elle permet d'évoquer le voyage intérieur dans son aspect introspectif et qui nécessite de se poser, s'arrêter, ne pas fuir.

Image du voyageur méditatif sur la colline qui domine quelque peu l'immensité qui s'offre à lui. Il la regarde, la contemple en quelque sorte et puis se laisse descendre jusqu'à ce que cette immensité soit perçue au fond de son être comme un territoire à la fois inconnu et familier. Et là il retrouve la même quête de l'Aube, avec ce sentiment qu'elle est sans cesse à apparaître, à revenir, mais non de manières répétitives comme le serait l'enfermement en soi ou sur soi, ce qu'on appelle généralement « tourner en rond ». Attitude mortifère dont j'espère être définitivement débarrassé.

 Une aube qui serait éternellement l'Aube ardente, et je fais ici allusion au Buisson ardent de la Bible. Ce serait ma manière de ressentir la perpétuelle nouveauté de la vie vibrante et de son éternelle présence de l'aube à l'aube. Ce serait un peu ça la vie éternelle qui habite le plus profond de soi et j'ose croire des autres qui vont « jusque-là ». Celle qui me fait radoter avec cette expression « les relations sont éternelles ».


On parle souvent de l'impermanence comme si rien ne durerait tout ne faisant que cesser et cesser encore. Comme une sorte de loi de fatalité. Il paraît « qu'en vieillissant on prend conscience de l'impermanence des choses », j'ai lu ça quelque part. Sûrement je ne dois pas être encore assez vieux ! 

Il paraît, d'après Bouddha, que la cause de nos souffrances serait notre attachement à ce qui ne dure pas.… Peut-être… quoi qu'il en soit il est vrai que mon bonheur provient de mon attachement à ce qui dure, car mon expérience de septuagénaire, m'a fait expérimenter « le durable bénéfique » au-delà de tout. Ce durable des profondeurs dont les aspects ne font qu'évoluer et se transformer au long de la vie, nécessitant évidemment de nous y adapter, et quand on a appris cette adaptation devient une source de joie et de créativité inépuisable. Et surtout on découvre qu'au fond de soi on est habité par une foule incroyable d'êtres humains d'hier et d'aujourd'hui. Comme s'ils constituaient nos assises communautaires, un dépôt de l'aventure commencée il y a des millions d'années. Nous voilà à des années-lumière de l'individualisme à la mode. Mode qui produit les dégâts que nous voyons tous les jours.


J'ai surtout l'impression d'être dans une transformation permanente, avec au fond de moi une forme de roc stable de bienfaisance offerte et venant d'au-delà de moi. Non pas insubmersible, mais qui demeure comme une fidélité des fidélités. Quelque chose qui m'appartient pas mais qu'on a déposé et à moi, qui n'est pas statique, fixiste, mais habité d'une vie qui désire se déployer sous des formes neuves. D'en faire ce que je sens être le mieux pour ma vie et par ricochets successifs forcément celle des autres en particulier celles et ceux qui m'habitent et par prolongements me relient à l'humanité entière.


J'ai toujours ce sentiment qu'on a certainement de la peine à comprendre mes propos et plutôt à les considérer comme un baratin creux. Mais qu'importe. Je ne viens pas écrire ici pour convaincre quiconque et même pas forcément pour me faire comprendre, même si bien entendu je le souhaite.


Heureusement il me semble connaître des gens qui confluent avec ce que je tente d'exposer.


(À suivre… peut-être… s'il y a des réactions…)