Après l'intervention divine à laquelle mes parents croient, je change d'hôpital. Disons-le tout net, c'est une horreur. Je ne détaillerai pas. On ne me croirait guère. Face à l'épidémie de polios, nous sommes parqués les uns sur les autres dans des caves insalubres, soignés (je dirais plutôt maltraités) par un personnel largement incompétent à tous égards. Les soins dont je bénéficie, sont une suite d'erreurs médicales. Celles que l'on appelle aujourd'hui des aides-soignantes, à l'époque, on les nommait « ma soeur ». Il s'agit en effet de bonnes soeurs, pardon de religieuses : les Soeurs de la Charité. (*) Elles portent magnifiquement bien leur nom. En fait de charité, l'une d'elles me gifla violemment parce que je crie ma douleur et que je dérange… Je n'ai pas oublié ce geste d'une religieuse de la très Sainte Église Catholique. Il est encore gravé sur ma joue. Pour l'éternité. Mais s'il n'y avait que cela se serait simple épisode. Je n'ose raconter le pire. Je ne l'ai jamais raconté. Je ne leur raconterai pas.
Mon père me sortira de force de cet hôpital. Le soi-disant médecin-chef de service le traitera de père indigne. Un comble !
Dans les mois qui suivirent, par décision des autorités, ce service fut fermé…
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(*) À moins qu'il ne s'agisse des 'augustiniennes' qui sévissaient aussi par là. Quant à l'hôpital, des documents attestent qu'il fonctionnait selon les règles hygiénistes du XIXe siècle, que son démantèlement a commencé dès 1958. Il est aussi établi et reconnu par l'Université Catholique de médecine, que plus tard : la situation est devenue intenable et les conditions de fonctionnement, c’est-à-dire en personnel, équipement, hôtellerie, sont inacceptables.
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