Seuls existent les commencements,
les aurores nouvelles,
qui nous tirent de nos nuits.
Être toujours voyageur de l'Aube.

mercredi 15 février 2023

125 — la Parole du Silence.

J'ai hésité sur l'endroit où publier ce texte. Ne sachant pas me déterminer, j'ai pris l'option de le publier sur mes deux blogs.

*


Évidemment ce titre peut sembler paradoxal, et de plus l'auteur met des majuscules à deux mots. Voyez la prétention ! 

L'expression m'est venue au cours de la nuit, tandis que je guettais l'aube dans mes obscurités. Évidemment je cherchais à faire taire le moulin à bavardages intérieurs ,qui dans ma tête, profite de ces moments-là pour déchaîner les tempêtes d'inquiétudes de toutes sortes, les chimères imbéciles qui prennent un malin plaisir à descendre jusqu'au ventre.

Le retour à la respiration consciente est un antidote qui fonctionne pas trop mal. Alors, « la tempête apaisée » (c'est évangélique) procure son bienfait, parce qu'elle est toujours suivie d'un silence paisible, avec le murmure du clapot rassurant contre la barque de ma vie qui, progressant sous le vent redevenu favorable, regagne son port d'attache.

Alors vient s'installer le Silence, comme une nourriture, une bienfaisance nocturne qui détend le corps, le console et l'apaise.


« Je t'attirerai au désert et je parlerai à ton cœur » (c'est biblique).

. Qu'est-ce donc qui attire ?

. Quel désert ?

. Qu'est-ce donc qui parle ? Ou qui ?


Le Désert n'est pas un lieu aride empli de pièges destinés à nous faire mourir de soif. Les nomades qui vivent dans les déserts savent bien ce qu'il en est. C'est un lieu d'attention, de recueillement, de respect de la nature qui entoure, de sobriété et de lenteur efficace, de perception de la « vie secrète » et à tout le moins cachée aux yeux de ceux qui passent sans voir. On ne fait pas du tourisme désert, on y a demeure intérieure permanente.


— Ce qui attire… attire… Pourquoi une personne amoureuse est attirée, et même parfois irrésistiblement ? Peut-être parce que l'on sait que l'autre est l'oasis ? Sa luxuriance inattendue.


Alors s'en vient la Parole du silence, imperceptiblement, comme une douce chaleur enveloppante, une félicité espérée. La caresse délicieuse d'une parole sans mot, un propos qui se ressent au plus intime des profondeurs de l'être. Une expérience rare ? Je ne sais. Simplement pour ce qui me concerne je la connais.


Ce serait perdre son temps que de spéculer pour tenter de répondre à la question « mais c'est qui donc qui émet du silence signifiant ? ». Là encore il faut demander au moulin à baratin de fermer sa bouche. Un peu comme devant le paysage splendide on dit « chut ! » aux bavards qui empêchent d'écouter le murmure mélodieux de la vie profonde qui pénètre jusqu'au cœur.

On risque de rater un essentiel qui ne repassera pas par-là de la même manière. 


Et cependant, je m'éloigne si souvent. Comme si ce qui comble était encore insatisfaisant. Comme si le « plus-que-soi-en-soi » pourrait finir par se transformer en tyrannie de l'exploit.