Ma gratitude a toujours le désir de s'investir « au-delà ».
Je voudrais remercier… Dieu (?), Tout en ne sachant pas vraiment ce que cela signifie, comme si Dieu demeurerait le grand « ? ».
Ce qui me semble curieux, c'est ma facilité à « personnifier » la Vie, ou la Lumière, où le Chemin, au point d'en ressentir des manifestations intérieures et comme une présence. Je personnifie une valeur, un concept, et par ailleurs il m'est difficile de considérer Dieu comme « Quelqu'un », en tant que Autre. Peut-être me faudrait-il lui donner un nom à celui qui n'en a pas, puisqu'il les a tous…
Il me faut sans doute laisser tomber toute représentation et les projections que je me fais, que je me fabrique, que je m'imagine ou que je crois être. C'est peut-être là le sens profond de cette parole de la Bible :
— Tu ne feras pas d'image de Dieu.
J'entends : tu ne te feras pas de représentation, c'est-à-dire ne pas inventer Dieu, ou l'inventer comme il me convient ou ne me convient pas (car les deux écueils existent).
Je me fais tellement d'images de Dieu.
À trop vouloir dire qui est l'autre, on ne le rencontre plus…
Donc, je te remercie toi la Vie, que je reçois et qui est préservé en moi.
Tu es celle qui existe en dehors de moi tout autant qu'en moi. Tu es celle qui me traverse comme venant du fond de moi et allant vers l'extérieur, tel un jaillissement et tel un courant. Tu me préexistes, tu m'accompagnes et tu me survivras.
À ce stade de mes propos, il me faut revenir à cet échange avec elle, d'il y a un certain nombre d'années, On parlait de qui est Dieu. Je lui demandai mais qui est-il pour toi ? Elle avait dit : — Je lui ai posé la question, il m'a répondu : « je suis LE-Vivant. » Et elle avait écrit cette expression sur un papier et sous cette forme-là.
Je fus impressionné de cette rencontre qui me reste marquante.
Mais cependant, cette parole était réponse à une autre. elle était extérieure à moi. Si je la trouvais séduisante, je n'étais pas personnellement suffisamment séduit.
Aujourd'hui, dans ma gratitude envers la Vie, celle qui est dans ma chair, si je puis dire, je fais le constat que la vie à une autonomie en moi par rapport à ma propre volonté décisionnelle. Ainsi en est-il de ma « réparation » dans le cadre de cette petite intervention chirurgicale. Cette vie dans mon corps qui se régénère d'elle-même, sans que je puisse en décider à coups de volonté. Ça peut sembler idiot, mais je ne peux pas hurler : — Cicatrice ! Je t'interdis de te refermer ! ». Que je le veuille ou non,… « Ça » cicatrice… Bien sûr, il y a le concours technique du chirurgien et aussi ma part pour coopérer aux soins, aux prescriptions et à mon désir de vie. Il n'en demeure pas moins que mon Désir d'accueillir la vie qui m'est donnée, ne m'en fait pas pour autant le propriétaire.
Alors, cette expérience m'amène un changement de perspective.
(à suivre…)
"À trop vouloir dire qui est l'autre, on ne le rencontre plus…"
RépondreSupprimerJe ne sais pas pourquoi je retiens particulièrement cette phrase. Sans doute parce qu'elle laisse la place à un certain mystère.Peut-être qu'il ne faut pas chercher à tout savoir et à tout connaître, que ce soit dans une recherche mystique ou une relation personnelle, de celui ou celle que l'on a en face de soi. Peut-être qu'il est bon de préserver ce fameux mystère qui donne envie d'aller vers l'autre. Peut-être que certaines personnes se trompent en prétendant que l'on ne doit pas avoir de secrets "l'un pour l'autre".
En tous cas j'aime beaucoup cette phrase même si je ne parviens pas tout à fait à l'exprimer, sans doute as-tu ainsi ménagé une certain mystère, qui donne envie de revenir te lire. ;)
Ceux qui prétendent qu'il ne faut pas avoir de secret l'un pour l'autre, ce qui généralement constitue une exigence, pour ne pas dire une injonction, sont le plus souvent des dominateurs, des jaloux et des intrusifs. De plus, ils se trompent lourdement.
SupprimerLe dévoilement de soi face de l'autre doit toujours être un mouvement libre et partant de soi-même, qui plus est, à la mesure de ce que l'autre est capable de supporter de nos dires.
Pour sourire, cela me rappelle une petite histoire :
— le patient au médecin : Docteur, dites-moi toute la vérité !
— Le médecin au patient : je vais vous la dire. Vous êtes cons et vous me faites ch... !
pour moi, c'est sûr que la gratitude fait de plus en plus partie de ma vie. Chaque soir je prends la peine de "conscientiser avec gratitude" les moments de Vie de ma journée
RépondreSupprimerRemercier qui? comme toi, j'ai envie et besoin d'investir ma gratitude "au delà"... vers une personne? je ne sais pas, mais oui! au delà de mon petit périmètre intérieur
Quoique, c'est quand je descends dans cette intériorité que je m'élargis, difficile à expliquer
Je comprends tellement bien que rien ni personne ne nous appartient vraiment... je peux simplement (mais c'est beaucoup) choisir d'appartenir à l'autre que j'aime, non pas pour devenir son pantin, mais pour vivre ensemble une relation la plus profonde et vraie possible
Merci pour ce beau billet
Il me semble que le sentiment d'appartenance suppose toujours un au-delà de soi-même.
SupprimerJ'aime beaucoup ton texte Alain.En déménageant l'an dernier j'ai supprimé les crucifix qu'il y avait dans mon ancienne maison. cad je les ai mis dans un tiroir. Représenter ma foi par le crucifié me gênait beaucoup. J'aimerais plutôt pouvoir représenter sa gloire mais il n'y a pas d'image pour cela.Par contre en ce temps d'Avent qui va commencer je sortirai du placard la crèche que j'ai reçu à ma première communion(!) dont il ne reste que l'âne, le boeuf, deux moutons et un berger et un petit Jésus!!!
RépondreSupprimerRessortir la crèche de son enfance : voilà peut-être une bonne occasion de se demander ce que cela « représente »…
SupprimerQuant au crucifix, certaines pensées spirituelles et/ou théologiques, me semble-t-il, considèrent aussi qu'il est manifestation de la gloire du Christ, mais justement pas comme nous nous la « représentons »…
Pour ma part je ne me prononce pas à ce sujet.
Sauf que, plus généralement, cela me pose toujours la question de l'image que nous nous faisons de qui est qui…
Charlotte, pour représenter la gloire du Ressuscité, la croix vide, simple, est le signe qui me semble le plus parlant. Les protestants n'ont pas de crucifix pour cette raison que le Christ n'est pas le crucifié, il est le ressuscité ! La croix toute simple nous le rappelle.
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