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Être toujours voyageur de l'Aube.

lundi 20 février 2017

97 - Laisse tomber les morts !

Ils étaient un certain nombre, ceux qui avait été séduits par ce type, dont on peut aisément imaginer qu'il avait un charisme fort comme on dirait aujourd'hui. Il surprenait, attirait, n'avait pas le discours stéréotypé de tous les autres, scribes, pharisiens, docteurs de la loi, et autres savants de l'intelligentsia religieuse.

Ils étaient un certain nombre à manifester le désir de le suivre. Pour faire quoi ? Pour vivre quoi ? Au fond il ne savait pas très bien. C'était une aventure nouvelle. Ce type, venu d'on ne c'est où, un village paumé, fils d'ouvrier, pas vraiment bardés de diplômes religieux, voici qu'il avait des paroles qui donnaient le goût intérieur d'une transformation… laquelle ? On ne savait pas encore… mais au fond, ça semblait valoir la peine de le suivre… au moins pour voir…



Un maître de la loi (c'était pas rien: un spécialiste de de la loi de chez spécialiste) déclare :
—  « Maître je te suivrai  partout où tu iras ». 
Diable ! quelle envolée… ! 
Jésus, dans une formule imagée, semble lui répondre : tu ne sais pas de quoi tu parles, ni ce qui t'attend, si tu me suis ! Dans le texte juste après, il y a :

Un de ses disciples, lui dit : « Maître, permets-moi d'aller d'abord enterrer mon père. » Jésus lui répondit : « Suis-moi et laisse les morts enterrer leurs morts. »

Gloups ! Cela semble rude. C'est quand même l'enterrement de son père, au gars.
Il y a quand même un minimum de respect à avoir envers les morts. Ce type Jésus est vraiment bizarre !

Pour ma part, je pense que tous ces petits faits relatés, qui ont été ramassés, compilés, ne sont pas des petites histoires anecdotiques, mais des épisodes pour nous faire réfléchir, pour me faire réfléchir aujourd'hui au « comment je les entends ».

Plus d'une fois j'ai constaté dans mon existence, combien j'ai eu à côtoyer des personnes qui transportaient en elles une mort contagieuse et tentaient de  la transmettre autour à d’autres. Je ne parle pas ici des contaminations bactériennes, virales ou microbiennes comme la grippe ou autre saloperie… évidemment.
Encore que… ça peut y ressembler quelque part.
Je parlerai plutôt ici d'une sorte de « mort intérieure », parfois volontairement cultivée, les dégoûtés de vivre, pessimismes permanents, la critique systématique de tout ce qui apparaîtrait comme « pouvant aller vers un mieux », le doute sur tout, à commencer par le doute sur eux-mêmes et sa propre valeur,  « l’à-peu-près-isme », le découragement, la force d'inertie, la déstabilisation d'autrui, le narcissisme, la perversion, l’égocentrisme, le chacun pour soi, etc. etc. la liste pourrait très longues…

il me semble que chacun a sa part de mort intérieure. Moi j'ai la mienne. Je le sais. Elle tente parfois de me déstabiliser, elle y arrive temporairement. Le signal est la tristesse intérieure, le repliement, la procrastination, la critique de tout et son contraire, où la violence gratuite.

C’est ainsi que je comprends la parole de Jésus :
« Suis-moi »… c'est-à-dire fait le choix de la vie véritable, qui te fera découvrir le Royaume et le bonheur intérieur.
« Laisse les morts enterrer les morts… » , c'est-à-dire laisse tomber ceux qui n'ont qu'un seul désir : te précipiter avec eux dans le malheur, qui, paraît-il, est la seule issue dans ce monde dégueulasse et de pourriture… Rejoins donc les déclinistes de tous bords qui te promettent le chaos dès demain matin… Commence à désespérer la terre entière, et tu auras le malheur éternel !

Je sais pas vous, mais moi je préfère avoir comme maître Jésus, qui m'ouvre les portes du Royaume, m'invite à y entrer pour y donner le meilleur de moi-même à autrui, à la mesure que je pourrais, malgré mes erreurs, mes défaillances, les gestes sans amour, 
mais aussi,
m'offre la possibilité d'un certain don de soi, de générosité, d’amour des autres, de donner sans compter, de tenter de vivre de mes dynamismes fondamentaux et positifs qui ne demandent qu'à jaillir du fond de moi-même, pour peu que que j'y crois, pour peu que je cesse de dévaloriser tout et son contraire…

Les invitations de Jésus ont souvent quelque chose de radical. Dans le même temps, elles sont empreintes de la douceur et de la patience de celui qui cultive un amour vrai de son disciple.

Bien sûr il faut accepter de croire que l'on est aimé d’un certain divin.

19 commentaires:

  1. « Il faut accepter de croire que l'on est aimé d'un certain divin »...C'est ta dernière phrase qui m'interpelle. Elle a comme un goût de fermeture, ce "hors de moi, point de salut"...qui m'ennuie un peu. (à moins, évidemment, que je ne comprenne pas le sens profond de la phrase, en collant trop à son apparence)
    Pour autant, je suis en tous points d'accord avec le reste de ton billet.
    La liste (impressionnante) de tous ces empêcheurs de vivre que nous croisons quotidiennement a de quoi me faire réfléchir, et me conforter dans l'idée qu'ils sont décidément nuisibles.
    Mon axe de vie, c'est la joie. Si tu veux qu'on l'appelle Jesus, par commodité, pourquoi pas. Mais en tous cas, c'est une force, pour moi qui viens d'enterrer mon père, que de constater que son départ n'a pas entamé cette joie.
    J'aime aussi ta liste des "symptômes de la mort intérieure ». Je la fais mienne, elle me permet d'éclairer ce qui se passe en moi quelquefois et contre quoi je me bats parfois : il est plus facile de lutter contre des choses que l'on distingue nettement que contre des choses tapies dans l'ombre.
    En ce sens, tu ne peux imaginer combien le message de l'homme charismatique tombe à pic à cet instant de ma vie.
    ¸¸.•*¨*• ☆

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    1. Ton axe de vie me plaît bien ! : La joie… nulle obligation de référer à Jésus pour cela…
      même si, (tant pis pour toi !…), La joie est considérée comme une valeur évangélique…
      Pardon pour cette pointe d’humour.
      Plus sérieusement : tu dis ensuite une grande vérité à propos de ton père : la vie est plus forte que la mort… Ta joie est plus forte que la mort.
      Mais pourquoi donc ?
      Ma propre réponse est dans la dernière phrase que tu cites et qui semble te poser question.
      Je ne sais par quel méandre culturel elle te fait évoquer « hors de moi, point de salut ». Peut-être le souvenir d'une vieille lune catholique : « hors de l'église, point de salut », qui est en réalité, et je suis bien d'accord, une connerie enfermante.
      Le propos comparable de Jésus est : « sans moi, vous ne pouvez rien faire ».
      Quel prétentieux et orgueilleux ce Jésus !
      Surtout si on comprend la phrase pour ce qu'elle ne veut pas dire…
      Si on ne comprend pas qu'elle vient d'un homme qui s'est mis au service de l'humanité des hommes, et a pris comme nom « fils de l'homme », alors on ne peut que se fourvoyer.

      Et donc, dit autrement cela est : avec lui comme maître, on peut énormément.
      D'une certaine manière c'est ce qu'il dit dans cette phrase au final.
      Faut-il le croire ?
      Il ne demande pas de le croire. La seule chose possible et sans doute de l’envisager en « tentant l’expérience »
      C’est ce que j'ai fait je crois. cela m'a plutôt réussi à vivre « mieux » donc pourquoi pas continuer puisque « ça marche »…

      Mais avec d'autres aussi… le tout est de choisir. C'est pour moi une conviction indéracinable que celle d'être disciple d'un maître. (qui lui-même est déjà disciple…). Je parle donc pour aujourd'hui.

      C’est donc pour moi une extraordinaire ouverture sur la vie et l'existence que de percevoir en soi la parcelle de divin qui me transcende au cœur d'une relation d'échange profond avec ce que j'ai déjà souvent appelé « le plus que moi en moi », et qui se manifeste de mille et une façon au quotidien.

      Mais on peut remplacer « divin » par un autre terme, du moment qu'il s'agit a minima d'une valeur qui transcende. : Vérité, Amour, Justice, Joie, Don, etc.
      cependant cette valeur n'est pas encore « quelqu'un ».
      C'est toute la différence avec le divin…

      Pour terminer : je me réjouis que ma petite liste des symptômes de la mort intérieure puisse t’être profitable.
      Tu as tout à fait raison, ce n'est pas si commode que cela de sortir de l’ombre des aspects néfastes de certaines relations qui ont des apparences ambiguës. Il est des porteurs de mort qui se déguisent en défenseurs de la vie… c'est parfois subtil… mais tu as suffisamment «  d’antennes » pour déjouer les pièges…
      Un grand merci pour ton commentaire.

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    2. Je lis depuis ce soir "le pouvoir du moment présent" d'Eckhart Tollé, et dès les premières lignes je sens la connexion entre le message de ce livre et celui de ton billet. Je comprends ta dernière phrase (celle qui parle d'un certain divin) d'une façon tout à fait différente d'hier.
      Je te remercie pour ton immense réponse qui m'a emplie de joie. Je ressens profondément de quelle façon cette joie agit en moi comme une sorte de grande cascade d'eau fraîche qui balaie en permanence les scories du mental.
      Quant aux antennes, c'est vrai qu'elles ne me trompent guère. Mais il y a encore des personnes de mon entourage qui me font douter de leurs intentions...Je vais essayer de faire le tri.

      Affectueusement
      ¸¸.•*¨*• ☆

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    3. Eckart Tolle c'est un peu un Jésus de notre temps! c'est pour cela qu'en un jour il a pu te transformer et t'amener à la compréhension de ce qui hier t'était encore incompréhensible. C'est cela un grand maitre, un guru authentique... qq'un qui peut te mener de la noirceur à la lumière. Ton témoignage est de grande importance Célestine. Je ne suis pas nécessairement disciple d'Eckart Tolle mais je l'aime énormément. kéa

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    4. Merci Kea.
      ¸¸.•*¨*• ☆

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    5. Célestine, tu as d'excellentes lectures.
      Tolle a le mérite de "nous garder du mauvais fonctionnement mental". j'insiste sur le terme de "fonctionnement" car on ne peut rejeter le mental en tant que tel. Ce sont les dysfonctionnements de celui-ci qui nous mènent sur de fausse pistes...En quelque sorte nous nous servons souvent très mal de ce mental....
      On pourrait comparer avec "la nourriture".... on peut être dans la malbouffe ou manger sainement...
      mais se nourrir est nécessaire.....
      Avoir un mental plus "sain" = le mettre au service de l'intériorité au présent. Et donc changer de paradigme personnel. Ce que Jésus appelle "entrer dans le Royaume".

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    6. Entièrement d'accord, il ne s'agit évidemment pas de rejeter le mental qui est, comme il le dit, un outil merveilleux, à condition de ne pas le mettre au service de notre tyran intérieur...
      Changer de paradigme... c'est comme en politique, ou en écologie, il faut du temps, mais pas à pas, goutte d'eau après goutte d'eau, on sent les changements...Je sens mes changements...
      ¸¸.•*¨*• ☆

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  2. Contente de te trouver ou de te retrouver.

    Je crois aussi qu'il est indispensable de fuir ceux qui en vous incitant à une certaine haine (parce qu'ils vous font des crasses), sont finalement des morts vivants. Je veux dire que ceux là vous emmènent dans leur mort et qu'il faut prendre la fuite, ce qui n'est pas toujours simple.

    C'est là où le divin qui est en soi, permet de regarder autrement. Car on peut prendre la fuite pour ne pas aller que un terrain de mort, mais ouvrir quand même son coeur.

    Je supporte de moins en moins le images du coeur de Jésus transpercé par notre méchanceté mais j'aime l'image d'un coeur blessé d'amour. Ça c'est autre chose et ça donne de la vie et pas de la mort.

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    1. Il y a une parole de Jésus que j'aime assez à ce sujet : "Si l’on ne vous accueille pas et si l’on n’écoute pas vos paroles, sortez de cette maison ou de cette ville, et secouez la poussière de vos pieds."
      Autrement dit : allez-vous en si on n'en a rien à foutre du message que je vous invite à propager...
      Si ça intéresse pas : laisse béton !
      Comme s'il y avait urgence à ne pas perdre son temps....

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  3. au fond quand on y pense, certaines paroles de Jésus ne sont pas tendres, ni gentilles: comme celle que tu cites, ou celle qui concerne les morts qui doivent enterrer les morts!
    C'est bien loin des images pieuses...

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    1. ET ?....
      Que veux-tu dire exactement par ce commentaire ?

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    2. je veux dire par là que ce Jésus exigeant m'effraie par moments: on rigole pas avec lui! le "suivre" c'est pas de la tarte!

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    3. Faut jamais suivre quelqu'un qui nous effraie !…
      :-)
      Je crois s'il en était ainsi pour moi, je me serais enfui depuis lurette…

      Avec lui il n'est d'exigence que celles que l'on choisit soi-même.
      Alors elles ne sont plus exigence, mais canalisation d'énergie féconde. Et c'est cela qui apporte joie et plénitude.
      Si Jésus est ch... franchement… laisse béton !

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  4. Jésus était un très grand maitre et les paroles des grands maitres ont de tout temps traversé les siècles, ne se démodent jamais... parce qu'elles sont issues du Silence qui habite chacun de nous. Pour moi suivre Jésus ou un autre maitre authentique c'est suivre son propre coeur, son propre Silence à soi. Merci Alain pour ton expression toujours enrichissante. kéa

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    1. J'aime beaucoup ta première phrase… : le Silence qui nous habite.
      c'est là en effet que peut naître une parole personnelle qui nous est inspirée d'au-delà de nous-mêmes.
      La Source qui inspire génère toujours une bienfaisance.
      Le disciple est fondamentalement libre. Tout l'inverse de l'esclave asservi qui agit par « obéissance servile ». Et qui est rempli de peurs de toutes sortes.… comme si un châtiment lui pendait au nez en permanence… C'est bien triste pour lui !…

      Merci Kéa, tes commentaires sont toujours inspirés…

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  5. « Laisse tomber les morts ! » C'est vrai qu'il faut apprendre à interpréter les paroles de Jésus, et tu le fais très bien Alain. Nous devrions éviter les personnes qui disent nous aimer, mais qui nous apportent en fait souffrance et tristesse, un amour pur et sincère ne doit en aucun cas nous faire souffrir.
    « Le pouvoir du moment présent » d'Eckhart Tollé, je l'ai lu en août 2011, ce livre fut très important pour moi, il m'a ouvert à quelque chose de nouveau, quelque chose dont j'avais besoin à l'époque, et il continue à faire son chemin.
    Alain, je viendrai te lire ici puisque tu as déserté ton autre blog. J'espère juste que tu vas bien. Bonne soirée.

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    1. Chère Françoise, content de te voir par ici.
      Le livre que tu cites est en effet très intéressant. Je comprends qu'il ait pu avoir de l'importance pour toi, comme pour d'autres. (Célestine l'évoque ci-dessus).

      Il existe des personnes qui disent nous aimer, mais derrière cela, en réalité, ils aiment surtout profiter de l'amour que l'on a envers eux, et à tout le moins de l'intérêt qu'on leur porte ou des services qu'on leur rend. Cela ne va guère plus loin. C'est dommage évidemment, mais ainsi sommes-nous parfois…

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  6. Charlotte08 mars, 2017

    Je n'avais pas lu ce texte: je l'apprécie beaucoup et je suis entièrement d'accord avec toi pour tout ce que tu écris . Je te lis je t'écoute je te suis de très près: on pourrait dire que je suis ton disciple !
    Il faut suivre celui et ceux qui nous donnent de la vie et fuir ceux qui nous donnent de la mort...

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    1. J'essaye surtout de témoigner, et de rendre compte de mes méditations personnelles concernant ma recherche spirituelle. Jésus est un maître, je tente d'être quelque peu un de ses disciples. Si mes propos sont l'occasion de le faire connaître, lui, tant mieux… mais c'est probablement à chacun de trouver sa voie personnelle.
      Cela dit, je suis entièrement d'accord avec ta dernière phrase.

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