Dans les stages que j'ai animés, il y avait cette question :
— quel est votre plus grand désir dans l'existence ?
(J'explicitais le sens du mot : l'aspiration la plus profonde)
Bien entendu les réponses étaient diversifiées suivant la personnalité de chacun/e, qui cueillait la sienne au niveau de profondeur ou de surface où il ressentait son propre désir.
Ayant eu de nombreux participants pendant bien des années, et sans vouloir globaliser trop, il est possible de synthétiser les réponses. Revenait fréquemment : — le désir d'être heureux. — le désir de réussir sa vie en entreprenant quelque chose qui en vaille la peine, fasse sens, permettent de s'accomplir, soit utile.
Bien sûr, certaines personnes n'arrivaient pas à cerner leur désir. Les raisons en étaient multiples, et ce n'est pas le lieu pour les évoquer.
Il est fréquemment question de bonheur dans les Évangiles.
On connaît bien comment Jésus en parle d'une manière assez étonnante, aux apparences contradictoires.
— Heureux les pauvres en esprit (ceux qui se sont désencombrés la tête pour trouver la simplicité de l'être profond)
— heureux les affligés (ceux qui ont abandonné leur besoin de toute-puissance, et la croyance que l'on peut se suffire à soi-même. Ils entrent dans la chance de l'altérité salvatrice, en se reconnaissant affligés de manques et/ou de souffrances )
— heureux ceux qui sont doux (qui ont expulsé de leur psychisme la violence réactionnelle qui contribue à leur malheur et au malheur d'autrui)
— heureux ceux qui ont faim et soif de justice (ceux dont leurs tripes profondes les poussent à l'engagement en ce sens)
— heureux les miséricordieux (qui ne détournent pas le regard de la misère des autres, délaissés, migrants, SDF, parents ou grands-parents dans un mouroir… posent des actes concrets, et dès lors peuvent se regarder en face)
— heureux ceux qui ont le cœur pur (ceux qui ont retrouvé l'enfant pur au fond d'eux-mêmes et le laisse vivre la surface de leur existence)
— heureux les pacifiques (qui ont guéris de leurs souffrances relationnelles, sont devenus aptes au pardon des offenses subies. Leurs actions génèrent plus de Paix)
et je pourrais continuer ainsi.
Il est fréquemment question de désir dans les Évangiles.
Non pas le « mauvais désir » évidemment, c'est-à-dire tout ce qui relève de la convoitise, du désir de posséder l'autre comme objet, etc.
Il s'agit surtout du « désir de vivre autrement » que dans l'état de vie où l'on est présentement.
Cela concerne beaucoup d'épisodes relatés, appelés « les miracles ».
Je ne vais pas insister sur la traditionnelle confusion que l'on fait entre miracles et actes magiques… je ne prends pas mes lecteurs pour des ignares là-dessus. Le miracle n'est pas une intervention divine descendue du ciel, ni un acte de magicien, mais une interaction humaine de deux personnes qui ont une foi viscérale dans le changement profond. L'un (Jésus) aide à le recevoir, l'autre (« le miraculé ») en bénéficie parce qu'il y croit.. C'est à la fois aussi simple que ça et aussi mystérieux que ça.
L'homéopathie réussit, parce que le thérapeutique y croit fermement, et que le patient y croit tout aussi fermement. Alors ça marche. Question de foi !
(J'ai évoqué dans le billet précédent combien la foi déplaçait les montagnes)
Jésus a guéri des lépreux, des boiteux, des paralytiques, etc. mais il n'a pas guéri TOUT LE MONDE...
et cependant la guérison est offerte à tout homme, déclara-t-il en substance.
En s'interrogeant sur le pourquoi, on comprendra bien des choses…
Pour ma part, et d'une certaine manière par expérience de thérapeute, je dirais que la "guérison" n'est offerte qu'à celui qui croit à l'interaction humaine que je soulignais ci-dessus. Je n'ai jamais pu aider aucune des personnes qui n'avaient pas confiance dans ce que je proposais.
Je n'ai jamais pu constater de résultat palpables chez celui qui ne croyait pas qu'il pouvait s'en sortir fondamentalement, à l'instar des propos de Jésus :
— « lève-toi, prends ton grabat, et marche ! »
(Je ne mets pas en doute la bonne volonté de certains, mais il y a tant de bénéfices secondaires et de déni sous-jacent, que le véritable désir de changement reste enfoui sous les décombres de l'histoire personnelle).
Autrement dit, chez Jésus, il n'est jamais question QUE de l'accomplissement du désir de l'homme.
Il ne faut pas oublier que le seul nom qu'il s'est attribué lui-même est :
« fils de l'homme ».
Ce n'est pas lui qui s'est appelé LE fils de Dieu… (unique)
lui il parlait de son Père.
L'accomplissement du désir se réalise :
Par la foi en soi-même, et par la foi en cet homme, Jésus.
C'est aussi simple et aussi compliqué que ça.
C'est en tout cas mon option, choisi délibérément et librement, ce qui ne veut pas dire que c'est facile d'en vivre 24/24h.
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Le voyageur de l'aube va progressivement à la découverte de son propre paysage intérieur qu'il choisit de donner à voir. Il s'agit de l'expérientiel et ses billets n'ont rien de didactique.
Les billets sont d'abord écrits pour moi-même , selon l'émergence de ce qui jaillit du fond de moi, « en instantané », face au lectorat qui passe par ici. J'y trouve là une certaine rigueur personnelle.
Quel bonheur de te lire, de te relire.J'apprécie beaucoup ton interprétation des Béatitudes. A méditer.J'ai abandonné la pratique religieuse catholique. Les messes auxquelles j'assistais sont à mourir d'ennui . Mais je n'ai pas pour autant perdu ma foi en Jésus. Chaque soir avant de m'endormir j'ai rendez vous avec lui et je fais le point avec lui en me remettant en question.
RépondreSupprimerCe soir,je lui parlerai de toi!
Je ne supporte plus la présence d'un crucifix dans une maison. Exposer ainsi la souffrance atroce qu'il a subi à ce moment là est obscène. Qu'est ce qu'il a du hurler de mal...C'est intolérable? En plus plus personne n'y pense en voyant ce supplice c'est devenu banal...
Il y a quelque chose qui ne va pas là. Je préfère regarder la Piéta de Michel Ange où là il repose en paix dans les bras de sa mère.C'est d'une beauté transcendantale.
SupprimerJe suis touché par la dernière phrase de ton premier paragraphe.
Pour ce qui est des symboles chrétiens, je préférais le crisme
des premiers temps (avec notamment l'alpha et l'oméga), au crucifix actuel.
Il me semble que le côté « supplice » crée une confusion entre « donner sa vie » d'une part, « mourir pour… » d'autre part.
Ce n'est quand même pas la même chose
Ce que j'aime dans le miracle du paralytique c'est le "Lève toi ," prends ton grabat" et marche " c'est à dire tu es capable de porter ton grabat cad ton problème . Jésus ne supprime pas le grabat il lui dit qu'il lui faut le porter qu'il peut en faire quelque chose qu'il peut marcher en portant son grabat;
RépondreSupprimerJe radote un peu mais c'est pas grave je me comprends!
Tu radotes bien en tout cas… ;-)
Supprimercet épisode est en effet plein d'enseignement diversifié.
L'homme a une chance de s'en sortir, de guérir, uniquement s'il le veut bien et s'il se prend en charge, personne ne peut le faire à sa place. S'il rencontre quelqu'un qui l'aide et qui lui dit qu'il en est capable, qui lui donne confiance, il peut y arriver, j'en suis convaincue.
RépondreSupprimerJe devrais venir te lire ici plus souvent, Alain. :-)
Je suis tout à fait d'accord, Françoise, avec tes propos.
Supprimer… Y compris la dernière phrase ! ;-)
J'ai bu ce que tu as écrit jusqu'à la dernière goutte... du miel, du nectar...
RépondreSupprimerComme je partage cette foi, cette croyance. Cela fait du bien de te lire.
Merci.
Je ne peux que me réjouir que ce texte soit bénéfique pour toi.
SupprimerCela me fait du bien aussi de constater que tu en partages le contenu, et qu'il puisse te rejoindre.
Je reste toujours émerveillée par le côté spirituel que tu en fais de ces textes et qui, je n'ai de cesse de le répéter, font écho dans ma démarche spirituel, et qui n'a rien en lien avec Jésus, les évangiles ou autres.
RépondreSupprimerLa question de la foi n'est donc pas liée à une forme de religion, mais à sa propre croyance intense que la vie à ce quelque chose de magique, que tu nommes ici de également de simple et de mystérieux. Et là-dessus, comme je te rejoins !
Finalement, il va sans dire que ce qui m'attache à toi/ton blog, n'est en réalité pas Jésus et ses paroles, mais ce que tu fais de ton interprétation et de ton analyse face à ta propre démarche spirituelle.
Néanmoins, il y a ce quelque chose de divin, cette force d'attraction, inexplicable, qui fait qu'il est possible de tout transformer, même les blessures, les douleurs, les souffrances, dès lors que que la personne elle-même crée cette transformation par sa pensée et ses croyances.
Alors, avec mes mots, je me lève, je prends mon grabat, et je marche... et je me laisse accompagnée par tes mots :-)
Amitiés :-)
July
Merci pour ce commentaire qui me touche profondément.
SupprimerEn effet la question de foi n'est pas liée à une forme de religion.
Ce qui compte en premier c'est la recherche avec soi-même, au fond de soi, pour y découvrir cette dimension que j'ai l'habitude d'appeler, tu le sais je pense, « plus que soi en soi ».
Tu écris, à propos de transformer : «… la personne elle-même crée cette transformation par sa pensée et ses croyances ».
Je me permets d'ajouter une dimension relationnelle et quelque peu communautaire, est nécessaire pour que « ça fonctionne ».
Ou alors, il faudrait supposer que dans "sa pensée et ses croyances" il y a cette dimension qui est incluse.
Toute « guérison » passe par une médiation relationnelle. Sans doute il arrive que cette relation se fasse de soi à soi. Mais ce n'est pas ce qui fonctionne en premier.
C'est pour cela que nous sommes nécessairement et obligatoirement inscrits dans un système relationnel; personnel et social.
Faisons appel à cet environnement relationnel dans son aspect, entraide, amical, fraternel, à base d'affection et d'amour, etc.
C'est cette dimension qui permet l'avancée de l'humanité.
Et pas les autres, évidemment…
C'est là pour moi le sens d'une expression biblique : « il n'est pas bon que l'homme soit seul ».
Et pour y remédier, le récit biblique trouve une alternance par l'apparition de « la femme » c'est-à-dire celle qui porte les débuts de l'humanité et son avenir, sa perpétuation, parce qu'elle met au monde l'humain.
Et dire que dans bien des religions ont fait concrètement de la femme, une sorte d'employée de maison, chargée exclusivement des tâches subalternes…
Lamentable !
Bonsoir Alain, en effet, en écrivant mon commentaire, je n'avais pas inclus la dimension de la médiation relationnelle dans la guérison. Mais, je te rejoins là-dessus.
RépondreSupprimerQuelque peu communautaire dis-tu... je te rejoins encore là-dessus.
Bien que parfois, elle est, pour ma part du moins, parfois trop "envahissant", car la communauté a aussi ses normes et sa manière de penser... qui peuvent donner l'impression d'être imposées, comme si il ne peut en être autrement.
La difficulté, surtout lorsqu'on rentre dans cette démarche, au tout début du moins, est de réussir à se singulariser, à se distinguer....
Comme pour tout, c'est un jeu d'équilibre entre soi et autrui, entre soi et soi également...
Mais en effet, la dimension relationnelle est bien présente.
Pour venir à ta dernière phrase, oui lamentable !!!!
10/02/2019, 07h10. Bon, Alain X. X ? N° 105, écrit le 23/11/2018. Titre:"le désir de l'homme!" Mon Dieu! Je lis quelques lignes et me rends compte tout de suite qu'on ne peut lire ici, il faut aller à l'article numéro 1. J'y suis allé. 2012: Il était question de Dieu. Je vais donc commencer par là...et prendre le temps qu'il faut là ou je le trouve...De Dieu à l'homme...
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