Dans l'Évangile, un certain Thomas veut voir pour croire. Lorsque des gens de la bande des 12 disent qu'ils ont vu Jésus vivant après sa mort, il s'exclame :
« Jésus ressuscité ? La bonne blague ! J'y crois pas ! Tant que je n'aurais pas vu, de mes yeux vu, et touché son corps blessé. J'y croirais pas » enfin c'est en substance ce qu'il dit.
C'était un pote à Jésus le Thomas. Très proche, avec qui semble-t-il, il discutaille ferme.
— Et où tu vas, et qu'est-ce que tu vas faire. si tu ne montres pas la route, on sera paumé. Y a pas de GPS ! Et puis c'est un ardent : « allons y nous aussi pour mourir avec toi ! ». Il n'y allèrent pas.
Alors Jésus, qui est censé être mort, se pointe : « vas y, touche ! »
Coincé, Thomas le sceptique, s'écrit « Mon seigneur et mon Dieu ». Je l'imagine tombant à genoux, complètement bluffé. Ça a dû être une révolution intérieure intense.
Parce que tout se passe dans le corps, là où est l'âme. Qu'importent les yeux et le toucher. Et puis d'ailleurs qu'est-ce qu'une preuve ? Ça aurait pu être un type déguisé ! De la magie, de l'illusion, du virtuel dirait-on aujourd'hui.
Le sceptique a plus d'une fausse croyance dans son sac.
La réponse de Jésus : «Parce que tu m’as vu, tu as cru. Heureux ceux qui n’ont pas vu, et qui ont cru ! »
Il est toujours positif Jésus. Mais quand même la fin est une vraie leçon. Celui qui croit sans voir sera plus heureux que celui qui dit : faut que je vois pour le croire.
Une double erreur au regard du bonheur.
— Ne pas croire à la vibration intérieure, toujours subtile, peu palpable, rarement évidente dans l'instant. Première erreur.
— Être toujours dans le doute un peu sur tout et son contraire Quelle posture impeccable. « À moi on ne la fait pas » . Vouloir toujours des preuves irréfutables, des démonstrations, des trucs par A+ B. ! Deuxième erreur.
Quel manque de confiance, en soi-même d'une part, mais aussi en l'autre qui partage sa conviction personnelle, sa foi, son expérience intérieure. Comme si tout ça ne valait rien. « T'es sûr ? Tu crois pas que t'es dans l'erreur encore une fois ? »
J'aurais dû m'appeler Thomas.
Je doute tellement de cet amour reçu pour transmettre.
Pourtant j'en connais les vibrations subtiles dans le corps.
Cette nuit je ressentais le doute. Une attaque massive. Il profite des états de faiblesse, le bougre. Et en ce moment mon corps est faible et des soucis de plusieurs ordres sont préoccupants. Alors ce fond d'angoisse menace d'envahir. Comme la montée des eaux, l'inondation gagne peu à peu, centimètre par centimètre. Et ce sentiment que l'on ne pourra rien pour l'empêcher.
Je ne sais pas trop pourquoi, enfin si, certainement un réflexe de l'être profond, au cœur de la nuit, deux choses ont surgi du fond des eaux troubles :
— la phrase de Thomas « Mon seigneur et mon Dieu ».
— Et puis cette sorte de psalmodie : « Dieu vient à mon aide. Seigneur à notre secours », invocation qui revient souvent dans les offices de moines. Peut-être cela m'est-il revenu parce que mon père aimait beaucoup le chant grégorien. C'est ici (après 50 sec)
Je me suis tourné dans le lit. Ma compagne de vie a pris ma main, sans véritablement se réveiller. Et j'ai ressenti cette vibration intérieure, si fine qu'elle se remarque à peine, comme une réponse à mon appel.
Ce n'était pas ma compagne que j'appelais. C'était en quelque sorte le divin en elle. Ce divin que je connais, que nous partageons, et toutes ces expériences vécues ensemble quant à ses manifestations palpables et impalpables.
« Ce plus que soi en soi » que j'évoque souvent.
Cela fonctionne comme une transfusion. Quelque chose passe, s'inocule comme une bienfaisance. Il n'y a aucune volonté qu'il en soit ainsi. Mais « ça se fait ».
Peut-être que si des scientifiques nous bourrent de capteurs, il y aurait plein de machins qui font des bips et des jolies courbes sur écran. Ils concluraient alors qu'ils ont vu des choses pour croire… sauf qu'ils n'auraient rien compris, enferrés dans une recherche scientifique, pour le plaisir de la recherche. On aurait servi de cobayes. Pas d'humains.
Un amour plus grand que nous-mêmes. Silencieux. Mais présent comme le silence peut se faire épais et réchauffant l'âme. Le silence qui n'est jamais la solitude. Ces silences tellement habités qu'on les entend être.
Le silence divin qui ne se manifeste au désert, selon les expériences rapportées dans la Bible ou d'autres livres comparables.
« Je t'emmènerai au désert et parlerai à ton cœur » est-il écrit.
Pour moi ce ne fut pas le désert, mais quelque part du côté du Larzac, il y a bien des années en arrière.
Cette nuit, il n'y avait plus besoin d'aller là-bas. C'était au présent.
Maintenant.
Encore un texte qui parle au "je suis" que je suis. Plusieurs perles font surface, pour moi, ici et là dans ton texte et comme toujours les citations sont comme des coups de gong qui pénètre loin à l'intérieur et restent. kéa
RépondreSupprimerSi me petits textent ont un retentissement positif pour toi, je ne peux que m'en réjouir grandement.
SupprimerJe ne fais qu'essayer d'exprimer le mieux possible mes ressentis.
Merci beaucoup pour ton commentaire
Cette phrase "Je doute tellement de cet amour reçu pour transmettre." m'a fait penser à celle-ci : "Pourquoi m'appelles-tu bon? Nul n'est bon, sinon un seul, Dieu." Il faut que je disparaisse pour que le "bon" s'exprime au travers moi,... lorsqu'il le décide, je n'ai rien à y voir en fin de compte. kéa
RépondreSupprimerJe comprends bien ce que tu dis. Enfin il me semble.
SupprimerÀ propos de « que je disparaisse ». L'expression pourrait être mal interprétée. Elle a souvent été interprétée comme : je ne vaux rien, autant disparaître…
Je pense, au contraire, qu'il faut devenir de plus en plus pleinement soi-même, pour découvrir que d'une certaine manière tout vient à travers moi (ce que tu dis d'ailleurs) passe à travers moi et que j'ai qu'une seule chose à faire véritablement : ÊTRE.
Et ça, d'une certaine manière, c'est un sacré boulot !…
Peut-être qu'à l'occasion je reviendrai sur cet aspect qui me semble important. Faut que j'écrive là-dessus et voir si ça vaut la peine d'être publié.
Oui, j'aimerais beaucoup lire ce que tu aurais à exprimer sur ce sujet.
SupprimerJe savais que mon commentaire était obscur et pouvait porter à confusion. Nous sommes l’instrument au travers lequel une musique divine peut se jouer. Sauf qu’un instrument mal accordé crie sa présence et un instrument bien accordé disparaît pour laisser place à la musique seulement. C’est pour cela que je disais que notre rôle est celui de disparaître. Paradoxalement, cet instrument exprimera la musique de façon totalement unique,... alors oui c'est assez subtil tout ça. kéa
Bonjour Alain, encore une merveille de lecture. Je suis sur mon téléphone, je ne peux pas beaucoup écrire mais j'ai envie de donner mon ressenti de l'instant, spontané. Ce dont tu parles avec ta compagne, je l'ai connu également et effectivement il peut rendre sceptiques certains scientifiques. Quant à cette parole de Jésus "parce que tu as vu... Heureux ceux qui n'ont pas vu et qui ont cru" elle est en permanence sur une face de mon frigo. Chaque jour je la lis et je ressens une grande bouffée de confiance.
RépondreSupprimerMerci pour tes écrits. J'aime beaucoup.
Bonne journée.
SupprimerParfait ! Donner son ressenti de l'instant, c'est le mieux…
j'apprécie que tu évoques ton expérience semblable. Beaucoup de gens qui sont en proximité de cœur à coeur y accèdent. Elle est comme un « naturel à découvrir ».
J'aime beaucoup les petites phrases signifiantes sur les frigos !
Merci beaucoup pour ce commentaire et belle journée.
Merci pour cette réflexion magnifique !
RépondreSupprimerMon nom de famille, celui que j'ai reçu à la naissance c'est Thomas !
Souvent besoin de voir effectivement quand la confiance s'en va faire un tour ailleurs.
Je ne connais pas les bonnes vibrations avec l'etre aimé... mon desert personnel est plus vaste que tous les déserts réunis de la Terre.
La fin de ton texte me fait de la peine. Je sais les difficultés qui sont les tiennes actuellement.
SupprimerLe « besoin de voir » n'est pas illégitime. Pas du tout. La confiance ne s'installe pas par automatisme. Je ne suis pas partisan de « la confiance aveugle » au contraire je m'en méfie. Mais la confiance lumineuse t'attend quelque part.
Je viendrai te faire une petite visite dans tes déserts.
C'est un très beau texte que tu nous livres-là. Partager sans devoir parler, se sentir aimé, soutenu, sans rien demander. Heureux sont celles et ceux qui ressentent ainsi les choses. Pas besoin de gros bouquets de fleurs et de boîtes de chocolat pour la Saint-Valentin, cet amour que tu décris est bien au-delà.
RépondreSupprimerBon, entendons-nous bien, je ne suis pas contre un bouquet de fleurs ou des chocolats de temps en temps. ;-) Bises alpines et merci.
La fin me fait sourire ! La boîte de chocolats, ça me va aussi !
SupprimerLes petits gestes d'amour sont des témoignages. Mais bien sûr l'essentiel est principalement ailleurs.
Bises du plat pays. Porte-toi bien.
ton texte m'a beaucoup touchée. Il est superbe.Moi c'est toujours à Jésus que je m'adresse et je l'appelle " Seigneur Jésus". Je lui parle parfois même tout haut en me promenant seule dans ma campagne. Je lui dis n'importe quoi comme si je parlais à mon psy!
RépondreSupprimerJe ne connais pas le doute. J'aime croire oui c'est curieux j'aime croire qu'il m'écoute m^me s'il a peut-être sans doute d'autres chats à fouetter ! Je dis vraiment n'importe quoi. Je crois aussi sans doute que je suis si bien accompagnée dans ma vie par l'homme que j'aime.
Merci Alain pour ce superbe partage.
Correction:Je crois aussi, sans doute, que c'est parce que que je suis bien accompagnée dans ma vie , par l'homme que j'aime.
SupprimerL'important est que chacun trouve ses modalités personnelles dans ce dialogue avec l'intime et le divin.
SupprimerUn ami me parlait d'un religieux qui était une connaissance commune (j'en parle au passé parce qu'il sont décédés tous les deux) : — « ce que j'aime chez Untel, c'est qu'il parle en direct avec Dieu et qu'il nous en rend aussitôt témoin »
J'aime à la fois ta phrase rectifiée et sa première mouture. Le monde divin n'est pas indifférent aux gens qui s'aiment. Bien au contraire, c'est un facilitateur.
Il me revient une phrase que tu as prononcée chez moi, et qui m'a profondément bousculée...
RépondreSupprimer« Tiens par exemple : un truc simple : l'amour ! Moi ça m'a pris environ 40 ans pour piger de quoi il s'agissait vraiment ...»
Car peu à peu, et en partie grâce à toi, à tes écrits, à tes réflexions, je touche du doigt ce que tu veux dire. « Cela fonctionne comme une transfusion. Quelque chose passe, s'inocule comme une bienfaisance. » Oui, c'est cela. Ça ne s'explique pas, ça coule. Je comprends mon goût pour les rivières, les fontaines, les sources. Ça coule et ça ne s'explique pas. C'est la vie, et ça ne s'explique pas.
C'est subtil, parce que ça parle à autre chose que notre cortex cartésien.
En tout cas, ça me parle. Et cette réconciliation avec moi-même, avec le divin, avec le mystique, que je vis chaque jour, à travers tes écrits sur Jésus, à travers mon amour pour cet homme que j'ai rencontré, qui dépasse tout ce que j'imaginais. Tout cela fait avancer et ouvre le désert sur des immensités intérieures éblouissantes.
Merci pour tes mots.
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Tu veux que je te dise ma chère Célestine : en lisant ton commentaire, mes yeux se sont mouillés…
SupprimerDepuis que je te connais, je t'ai vue cheminer, avancer, et je connais bien des embûches et des épreuves qui t'ont entravée.
Mais j'ai vu aussi la puissance de vie qui t'anime, ton amour des êtres, la bienfaisance qui émane de toi. Et bien d'autres choses encore.
Alors, si j'ai pu être l'un de ceux qui t'a aidée, la réciproque est vraie. J'ai reçu de toi et tu m'as apporté des lumières dans certains domaines.
Ce qui m'émeut, c'est ce compagnonnage des vivants…
ce qu'il témoigne de l'espérance, permet de croire, affirmer et répéter, que l'humanité est constamment en aptitude de réussite meilleure. Il suffit de poser sa pierre.
Alors merci pour qui tu es.
Wouaou à mon tour de verser ma larmichette.
SupprimerMerci Alain. La gratitude est un baume dont on peut abuser sans modération....
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Je viens bien tard pour commenter à mon tour. En fait j'ai lu ton texte dès que tu l'as mis en ligne mais je ne pouvais rien en dire. Non parce qu'il m'a laissée indifférente mais parce que ce que tu écris me pousse à un silence... un silence qui pousse le corps à s'incliner devant le mystère de Dieu en l'autre... En ce lieu où tu nous mènes, d'une certaine manière, toute parole est intrusive...
RépondreSupprimerLe fait que j'ai mis longtemps avant de répondre m'a permis de lire aussi les commentaires. Je suis là encore sans parole devant cette Source de Vie qui jaillit en chacun et qui passe entre vous, entre nous je l'espère.
Deux citations me sont venues à l'esprit en recevant l'ensemble. Allez, quitte à faire la cuistre, je te les livre.
La première est un poème de Jean de la Croix :
" Je la connais la source / Elle coule, elle court / Mais c'est de nuit !
Je sais qu'il n'y a pas chose plus belle / Que c'est un abîme sans fond / Nul ne peut la passer à gué..."
La deuxième est de Michel de Certeau et ne concerne que ceux qui, dans cette "démarche mystique" se reconnaissent comme tu l'écris "des potes à Jésus" (mais il me semble t'avoir déjà cité ce passage):
« Quant à l’expérience chrétienne au cœur de la modernité, elle prend la mesure de sa fragilité ; elle emprunte les chemins non tracés de l’expérience mystique qui a déjà une histoire ancrée dans une expérience temporelle et aujourd’hui voici qu’elle se fait collective, comme si le corps tout entier des Églises, et non plus quelques-uns individuellement blessés par l’expérience mystique, devait vivre ce que le christianisme a toujours annoncé : Jésus-Christ est mort… Il s’agit d’accepter d’être faible. » Et encore : « Comme après la destruction du Temple, les croyants sont livrés à la route avec des textes pour bagages. »
Le mot "Église" dans ce texte n'évoque bien sûr pas l'institution.
SupprimerMerci Christine. Je t'espérais. Je comprends bien ce que tu dis d'une invitation au silence. Mais exprimer ce mouvement intérieur est important.
Car c'est bien de Mystère dont il s'agit.
J'aime que tu dises « devant le mystère de Dieu en l'autre ». Parce que tu formules ce que je n'ose dire clairement encore. Sans doute me faut-il l'entendre.
Je dis plus facilement « Le Mystère » plutôt que Dieu. Et même si Dieu me vient par le cœur comme je l'exprime dans ce billet.
Un peu comme le Mystère des Mystères.
Tu vois : ton silence à une densité de paroles.
Merci pour l'extrait du poème de Jean de la Croix. J'ai une intégrale de son œuvre, idem que celle de Thérèse d'Avila. Le mécréant que je suis (ou que je fus ?) a lu les mystiques…
j'ai longtemps buté sur « mais c'est de nuit ! » Toujours répété. Et puis la nuit obscure. Tout cela avait pour moi des relents négatifs, comme des entraves. Au final un impossible. La « montée du Carmel » n'arrange rien ! Il n'y a qu'embûches et chausse-trappes… !
Si Dieu existe, et c'est pas sûr, et si en plus il est inaccessible… il n'y a plus qu'à aller jouer la perte de son existence au Casino !
De plus c'est écrit à la fin des années 1500, on peut pas dire que c'est dans un langage très contemporain et accessible aujourd'hui.
Peu à peu j'ai peut-être compris que c'était simplement la réalité. Il s'agissait bien d'une montée, elle pourrait se faire, malgré la nuit, avec la nuit, au cœur de celle-ci, avec des compagnons de route, ou en solitaire. Que c'était au cœur de la nuit obscure que l'on pouvait trouver la lueur annonciatrice de la pleine lumière.
Enfin bref, je ne sais ce que cela vaut théologiquement... Mais quelque part cela a de la ressemblance avec mon propre cheminement, ma propre quête.
Et, petite confidence : c'est cela qui a fait le choix du titre de ce blog « le voyageur de l'aube ».
Avec cette banalité si souvent entendue : l'important ce n'est pas le point d'arrivée, mais le chemin. Tout se passe sur le chemin.
Et malgré « la nuit obscure » pour ma part je trouve sur le chemin des lumières merveilleuses, des éclats d'amour largement supérieur au plus beau feu d'artifice. Il y a un « autre monde » qui est intérieur. Et cet « autre » est totalement l'actualité de l'ici et maintenant. Le monde divin c'est pas tout là-bas ou tout ailleurs.
Pour parodier le slogan politique ! « Le monde divin c'est maintenant ! »
« La nuit » c'est peut-être lors de la descente jusqu'au fond de soi où il faut traverser les épais nuages, les turbulences, quand on ne voit plus clair, tout ce qui est lié à nos histoires, nos passées, nos blessures d'amour, toutes ces entraves qui ont empêché l'amour profond de surgir dans son origine et sa beauté.
La nuit ce sont aussi les épreuves du présent, surtout lorsqu'elles proviennent de « frères/sœurs en aventure. » !
De tout cela dont il faudra « se laver » en faisant venir la fameuse Source et s'y baigner. Car elle nous précède toujours.
Bon, si c'est pour permettre ce genre d'échange, tu as le droit de continuer à être cuistre ! Mais au final, NON, arrête de te faire des procès staliniens à toi-même ! (*Sourire*)
bon dimanche à toi, chère Christine.
Cher Alain, pardonne d'avance le risque que je commente "à côté" du sujet. Je t'ai déjà expliqué que je ne suis guère experte en foi et en religion (même si enfant, jusqu'à huit ans, j'aimais tant converser avec Jésus avant de me coucher, et ensuite je rêvais de lui, nous partions vivre ensemble des aventures merveilleusement belles, et puis, et puis le temps du catéchisme et des messes est arrivé...) Mais bon, voici en vrac :
RépondreSupprimerJ'aime ce que tu racontes sur le silence, sa densité, sa présence. Je constate qu'on sait de moins en moins rester en silence, comme s'il faisait peur ou s'il était inutile. On a de moins en moins l'occasion de s'y lover et c'est vraiment dommage, car, le silence, ce désert du son, on peut découvrir qu'il est habité, qu'il est rempli de choses extraordinaires : des murmures, des appels, des réponses, des intuitions, mille bruits et mille chants. Que notre époque ait perdu le goût du silence est sans doute un signe atroce et désolant.
J'aime ce que tu dis sur ce lien si fort et quasiment indescriptible entre toi et ta compagne. Le compagnonnage de vie est une chose mystérieuse et belle, qui vibre intensément, qui se vit dans la plus totale banalité, dans la plus plate routine et dans la plus absolue splendeur. C'est un diamant brut : on peut passer devant sans le remarquer, il faut se donner la peine de le tailler pour en découvrir la brillance.
J'aime ce que tu racontes sur le corps qui "sent" les choses. Notre corps est tellement intelligent! Tellement plus que notre tête si raisonnable. Toutes les choses essentielles se vivent à travers nos perceptions corporelles, quand on y pense : la peur, la confiance, le lien, l'arrivée d'un danger, l'instinct de survie. Il nous permet d'aller de ce qu'on voit et qui n'existe pas (vraiment) à ce qui existe et qu'on ne voit pas. Il porte en lui tant de vibrations. J'arrive maintenant à ce que je voulais te dire : Pardonne-moi, mais je ne partage pas ta vision : en ce moment, ton corps n'est pas faible. Il est affaibli.Il traverse une dure épreuve et doit se mobiliser pour faire face. Ce n'est pas la même chose. Ton corps lutte, se bat et il a besoin que tu fasses alliance avec lui. Du reste, parler d'alliance avec son corps, c'est un peu stupide. Notre corps et nous ne faisons qu'un, donc se concevoir en tant qu'esprit séparé du corps n'a pas de sens. Ce que je comprends c'est que tu es en train de te battre et que ton corps a besoin que tu croies en lui, en Jesus, en la vie, il a besoin que tu croies et que vous avanciez ensemble.
Tout d'abord merci pour ce beau commentaire. Il me semble que pour reprendre avec tes mots les points que j'aborde, il faut en avoir l'expérience. Le silence, la relation au corps et son intelligence, le couple, etc.
Supprimerje n'ai rien à ajouter si ce n'est prendre plaisir à relire.
Pour ce que tu dis à la fin, de ce que tu ne partagerais pas.
Mon corps est affaibli, il continue à s'affaiblir. Des intervenants médicaux qui s'intéressent encore aux polios disent : vous subissez un vieillissement « normal » comme chaque personne. Sauf que vous avez un corps de plus de 10 ans que votre âge légal. …
Alors je peux dire que j'acquiesce à l'expression : « alliance avec mon corps » ce n'est pas stupide, ça me convient. Sans doute que j'ai tiré de la force de cette alliance. Notre corps et nous ne faisons qu'un, mais c'est comme on dit « un couple ». Il ne fait qu'un mais est composé de deux entités.
Concrètement, c'est surtout certaines nuits (pas toutes fort heureusement) que je ressens cette faiblesse du corps comme un lâchage, un « j'en peux plus, désolé, je jette l'éponge ».
Et puis, au petit matin, je reprends ma vie en main si je puis dire. Les efforts constants et nécessaires, la volonté de garder ce qui reste de potentiel, l'aide dynamique de ma kiné que j'apprécie beaucoup depuis toutes ces années et je ne sais combien de séances avec elle…
Cela dit, je me demande bien de quoi je devrais te pardonner ! Au contraire ton interpellation me fait du bien. C'est plutôt comme un encouragement à continuer ce « combat du vivre ».
Il y a quelques années j'ai publié sur mon autre blog un certain nombre de textes sur la relation à mon corps handicapé. Je ne sais plus très bien quand. Et comme j'ai viré une partie de mes archives j'ignore si on peut les retrouver encore.
Merci chère Dad pour ton commentaire précieux.
Bonjour ,
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup cette phrase dans votre billet :
" Et puis d'ailleurs qu'est-ce qu'une preuve ? "
Comme si elle résonnait dans ce balancement permanent entre la Foi et l'Amour ... jusqu'à saisir, charnellement que c'est la même chose, que l'une danse avec l'autre et que nos certitudes ou nos doutes la circoncisent dans notre quotidien et nos corps...
Une preuve est une démonstration d'existence pour convaincre de celle-ci.
SupprimerCe n'est pas pour autant qu'on y croit.
« L'intime conviction » ne se prouve ni ne se démontre.