Seuls existent les commencements,
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Être toujours voyageur de l'Aube.

lundi 30 mai 2022

123 — Une évolution lente mais palpable

Il y a très longtemps que je lis le blog de René Poujol, ancien journaliste au groupe de presses catholiques Bayard, directeurs de rédaction de la revue Pèlerin, actuellement retraité mais toujours passionné de l'avenir de l'église catholique. Ce n'est pas une lecture régulière. Les articles sont souvent intéressants de même que les prises de position de l'auteur, grand observateur de l'église catholique. L'homme René, globalement, je l'apprécie pour sa liberté, la pertinence de son analyse, et sa foi évidente.

En revanche et très souvent, les commentaires me font réagir vivement et/ou très négativement. Parfois j'ai témoigné de mes emportements. Désormais le plus souvent je me tais. Enfin pas vraiment.… Je laisse tout cela sortir, mais pour moi-même, comme une sorte de purgation nécessaire, mon écran se remplit d'écriture de mes sentiments mêlés, et puis j'efface. Écran vide ! J'estime que c'est mieux. Et je pense que d'une certaine manière ça me purifie quelque peu. Ce qui ne sort pas marine et finit par pourrir en soi.


Peu à peu j'apprends à retrouver cette zone de moi ou j'avance vers une pacification dans ma relation « aux religions » (pour faire simple avec ce seul mot). Alors le constat d'une évolution, certes  lente, m'invite à en faire état à mes propres yeux, par nécessité intérieure et continuité de ma progression .


J'ai récemment commenté un texte de René Poujol, relatif au risque d'implosion du catholicisme français.  Dans ce commentaire je tente de revenir au centre de moi pour exprimer l'essentiel, sans me travestir, sans rajouter, délayer ou m'en prendre à je ne sais qui. J'aboutis à un texte qui me semble plutôt juste et je publie. Le voici :


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Du billet de René et des commentaires que j’ai pu lire j’essaye de retenir des éléments importants pour celui qui a choisi Jésus comme maître.

J’ai apprécié relire que Jésus n’a jamais voulu fonder une religion. Ce qui se découle directement de certains propos de l’Évangile. L’église n’est donc pas pleinement légitime à revendiquer parler en son nom. Elle peut le faire évidemment mais sa parole n’est qu’une parmi tant d’autres et quoi qu’il en soit elle ne cesse d’être protéiformes. La foi se nourrir de multiples sources. J’apprécie les « hommes de foi » disciples de Jésus qui s’expriment là comme ailleurs. Il faut rendre hommage aux hommes libres et non cléricaux qui ne sont pas emberlificotés dans les querellent intestines, dont ce blog témoigne depuis des années…

Que cette religion ou une autre puisse un jour se réformer. On a le droit de rêver… mais quand on s’est autoproclamée unique « gardienne de la foi » envers et contre tous, il n’y a guère d’autre solution que de partir ailleurs quand on voit ce que cela donne.

Cependant il est nécessaire et légitime de perpétuer les Évangiles, autrement qu’en finançant des imprimeries de bibles. Il est nécessaire au disciple que les hommes et les femmes se laissent enseigner par l’homme Jésus dont le Message, l’exemplarité et les propos sont fondamentaux pour le développement de l’humanité. On ne fait rien progresser en ce sens dans une religion autarcique supposée détentrice des Vérités des Vérités.

Ce qui est premier est l’accueil de la nouveauté créatrice à chaque instant dans la continuité de Jésus. L’Esprit libre. C’est incompatible avec le maintien d’une tradition réifiée qui n’a plus rien à dire à l’homme du XXIe siècle. C’est pour ça qu’il n’écoute pas. L’homme contemporain est déjà attiré ailleurs en lui-même.

Jésus propose une transformation intérieure sous forme d’une révolution personnelle qui fait faire l’expérience transcendante du « Royaume ». C’est une aventure personnelle, du à un, comme Jésus recruta ses disciples et apôtres… Aventure cependant à dimension universelle, parce que « plus que nous est en nous ».

Des hommes et des femmes ont compris cela et donc ont quitté une religion figée, la laissant à ses derniers soubresauts, lesquels occupent tout le temps disponible au lieu de les servir le Royaume.

C’est triste au final. Mais la réalité s’impose car les faits sont têtus.

Dommage. Ou plutôt chance peut-être d’aller rejoindre cet ailleurs où Jésus nous attend. Le temple n’est ni à Jérusalem hier ni à Rome aujourd’hui …

De ces temples-là, il n’en restera pas pière sur pierre a prédit Jésus.


Voici la réponse : 

Merci, bien sûr, pour l’hommage que vous rendez à ce blog et à ses conributeurs. Mais merci plus encore pour la sincérité de votre témoignage. Je viens de terminer l’écriture d’une conéfrence que je dois donner pour Pentecôte dans le cadre de Rencontres à l’abbaye de Sylvanès (Aveyron) sur le thème : Le christianisme a-t-il un avenir ? J’espère pouvoir en donner l’essentiel dans un prochain billet car je crois que les réponses qui s’esquissent ici ou là et qui correspondent en fait à ce « christianisme hospitalier » dont parle Danièle Hervieu Léger (d’autres parlent de l’émergence d’une christianité après la chrétienté et le christianisme) sont porteuses d’espérance bien au-delà des seuls croyants.

Un grand merci !

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 Ce merci je ne m'y attendais pas. En écrivant « j'apprécie les hommes de foi disciples de Jésus qui s'expriment… ». Je pensais à lui mais à bien d'autres aussi. (dont certains témoignent sur ce blog-ci). Nous avons des divergences fortes  sur certains points, cependant  nous sommes unis par le fond sur UN essentiel , parce que, lui, d'autres et moi, sommes des disciples de Jésus.


J'ai titré « une évolution lente mais palpable » pour témoigner d'une réjouissance, celle de me voir un peu plus en marche vers la pacification personnelle  de ma relation aux « gens d'église » qu'ils soient cléricaux ou laïcs. Ce n'est pas un aboutissement, mais j'y vois une sorte d'étape, de pierre blanche, que je ne vais pas oublier au risque de repartir sur un certain chemin de perdition. De cela je ne veux plus. Tout n'est pas résolu pour moi en ce domaine. Est-ce que ce le sera un jour ? Est-ce que mes plaies par des gens d'église cicatriseront durablement, sans souffrances encore ?

 Qu'importe, il faut aller sur « le chemin des montées ». Il est le seul qui vaille.

Et… vaille que vaille…


6 commentaires:

  1. Je suis allée rapidement sur le blog de René Poujol. Je vais y retourner certainement pour approfondir car j'y suis attirée. Ensuite je pourrai commenter ton post. kéa

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    1. Je suis retournée qq fois sur le blog de René Pujol. À chaque fois je me suis découragée de continuer à lire, sans doute parce que la passion qui l'habite lui vis à vis l'Église catholique ne m'habite vraiment pas du tout. Pour moi les religions, les différentes approches "spirituelles" (j'utilise ce mot faute de mieux) sont des contenants et ma passion à moi va au contenu. C'est le diamant dans la boite qui m'intéresse... et la boite n'a de valeur que par son contenu..
      Tu parles de "pacification dans ta relation aux gens d'église". J'ai de la difficulté à comprendre l'importance que tu y attaches. Je ne comprends pas les attentes vis à vis ces personnes? Possiblement que ce sont ces memes griefs que ceux envers nos parents ! kéa

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    2. « C'est le diamant dans la boîte qui m'intéresse… et la boîte n'a de valeur que par son contenu » . J'apprécie beaucoup cette formulation très parlante.
      La boîte église que j'ai connue, son contenu n'était que des produits frelatés de contrebande. Nul diamant… juste des babioles en plastique sans intérêt et qui plus est dangereuse. C'est du moins ce qu'on m'a enseigné du contenu. Les rites, des obligations, des punitions physiques et morales, privations, châtiments, éloignement de Jésus, enfin bref tout ce qui étaient insupportables pour Jésus lui-même. Alors oui, j'en veux encore à cette boîte église dans tous ces aspects-là. Je n'insiste pas, j'en témoigne largement sur ce blog.
      Le diamant je l'ai trouvé dans « une autre boîte » pour rester dans la métaphore. Ou plus exactement dans des boîtes « hors les murs religieux ». Et d'une certaine manière dans « ma propre boîte d'intériorité ». (Je rappelle que pour l'église catholique il ne faut pas penser par soi-même, mais obéir à la pensée de cet organisme déviant. Et pour mon malheur je me suis laissé manipuler…)

      Quand à comprendre l'importance que j'y attache… « encore »… ! C'est bien là aussi mon problème et j'ai du mal à me comprendre moi-même. Je continue à lire un blog qui ne m'apporte pas grand-chose. Qu'est-ce que j'espère donc ? C'est à cette question que j'aimerais trouver une réponse : pourquoi continuer à placer une expérience vaine dans ce qui ne viendra jamais de ce côté-là ?
      J'en parle à mon psychanalyste, et je reviens te voir…😉 😉
      Mais pour rester sérieux, j'ajouterai que ton commentaire est lumineux et je t'en remercie.

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  2. "...pour mon malheur je me suis laissé manipuler…". Le nœud du problème possiblement.
    Un extrait d'une lecture récente apporte un éclairage intéressant je trouve, bien que cela s'adresse à des personnes qui ont vécu des violences extrêmes :
    "Le chemin qui conduit de la colère au pardon peut être pénible et escarpé, surtout lorsque de grands torts nous ont été faits à nous où à ceux que nous aimons. Une avancée est possible si nous considérons le pardon non comme une humble acceptation, mais comme un moyen courageux de se libérer de la douleur."
    (...)
    "Le pardon ne libère pas le coupable de sa responsabilité, il nous libère de la relation au coupable et de la position de victime."
    (...)
    " Ces dernières années, j'ai donné des conférences à Soweto, une ville où la population a souffert de façon inimaginable. De nombreux orateurs invités y parlent du pardon. Cependant mon approche diffère : je suis le seul à dire que le pardon vous concerne vous et non eux, les auteurs de ces actes. Certains peuvent commettre des actes si odieux que vous ne pouvez probablement pas leur pardonner. Pourtant, vous pouvez faire une chose : trancher le lien qui vous garde prisonnier de la douleur. De cette façon, ce qui s'est passé hier ne dirigera plus votre vie aujourd'hui."
    kéa

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    1. Merci beaucoup, kéa, d'avoir pris la peine de livrer les extraits ci-dessus.
      J'ai plusieurs expériences de ce qui est exprimé sur le pardon qui libère de personne à personne. Il ne se décide pas en s'affirmant un beau matin, il est le fruit d'un travail. Il se cueille comme un fruit mûr. Le mûrissement a demandé du temps.
      Mais quand une institution tout entière, pléthorique et hégémonique mondialement, imposant son autorité suprême,dans un domaine estimé spirituel, vous a délibérément coupé de l'essentiel de vous-même, du plus intime de l'intime, de l'identité originelle et relationnelle… le chemin me semble particulièrement long… trop long certainement…
      Cependant les petits pas comme cet échange concourent au chemin qui reste à faire.

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    2. Oui le préjudice englobe large et continue son saccage en plus. kéa

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