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Être toujours voyageur de l'Aube.

mercredi 11 février 2015

78 - Jésus et la femme de Samarie (Jean 4, 5-42)



Sur cette rencontre, j'ai souvent médité. C'est un épisode qui a toujours eu une intensité particulière pour moi. Je vous raconte l'histoire brièvement si vous ne la connaissez pas.


Jesus arrive à Sychar, une ville de Samarie. Il est crevé. Il s’arrête près d'un puits. La Samarie, c'est un pays de rupins, entre la Galilée et la Judée. Question religion, on y fait concurrence au Temple de Jérusalem. On développe là-bas un culte disons assez trouble ! Idoles, prostitution sacrée, etc. Question fric ça fait concurrence avec Jérusalem. Faut pas oublier que le Culte faisait la fortune des grands prêtres et autres curés de l'époque…  en plus, les israélites ont déporté là-bas les populations donc ils ne voulaient plus.
Enfin bref, les samaritains ont la haine des juifs, et les juif la leur rendent bien !
Faut avoir ce contexte en tête pour piger l'histoire…

Il va être question d’un puits. 
Faut pas oublier qu'on est dans un pays de nomades. Il n'y a pas l'eau courante à tous les étages… on est toujours à la recherche d'un puits, d’eau pour les troupeaux. Je vous laisse imaginer tout ce que cela peut engendrer comme source de conflits entre utilisateurs, mais aussi comme lieu de rencontre et de partage, généralement entre femmes, car ce sont elles qui vont chercher l’eau. On peut se battre pour un puits. On peut faire alliance pour se partager celui-ci. etc.
Et il va se passer tout cela, toutes ces phases, autour de ce puits, dans cette rencontre entre un juif (Jésus) et cette femme de Samarie (qui ne supporte pas les juifs) et qui vient chercher de l'eau.

*

JESUS, fatigué par la route, s'était assis là, au bord du puits. Il était environ midi. Arrive une femme de Samarie qui venait puiser de l'eau.

Jésus fatigué… pas que par la route sans doute. Parce que ses disciples, qui sont partis chercher de quoi bouffer (pragmatique le disciple…), n’ont pas vraiment l'air fatigués par la route. Il doit en avoir sa claque Jésus. Tous ces gens qui viennent lui réclamer leur petit avantage particulier, un petit miracle, une petite guérison, un signe dans le ciel, je me demande s'il aimerait pas parfois se passer de son fan-club. Et puis les pouvoirs en place qui cherchent à le disqualifier, le prendre en défaut, le provoquer, et j'en passe et des meilleures… finalement, être Jésus c'est assez galère !
Et lui, il prend tout sur lui, il répond aux sollicitations, il signe les autographes… tout ça pour peau de balle… il est pas là d'avoir un compte en Suisse…

Souvent je me suis arrêté à cela : Jésus fatigué. Mon maître est fatigué…. Combien sommes-nous à toujours demander plus. À tout le monde et à tout propos. Cela m'agace toujours tous ces gens qui accusent Dieu de ne pas faire le job. C'est comme les politiques : mais qu'est-ce qu'ils font ! Des gens ne croient pas en Dieu mais ils attendent toujours un sauveur… un truc magique qui viendrait de l'extérieur. Moi aussi je suis comme ça parfois. Exigeant. 
Aimer un maitre pour ce qu'il nous apporte, certes c'est légitime. Aimer un maître parce qu'on est serviteur de ce qu'il prône et représente, c'est autre chose. Un maitre qui demande d'agir comme lui-même s'est comporté. J'aimerais tellement un jour y arriver.

*

La femme de Samarie arrive sur le coup de midi. Franchement, c'est pas une heure pour venir puiser de l’eau ! Le soleil est au zénith. Il fait très chaud. D'ailleurs il n'y a personne d'autre autour du puits à cette heure -là. Sauf Jésus. On peut penser qu'elle n'a pas envie de rencontrer grand monde. Elle ne doit pas être très nette cette bonne femme dans sa vie. La suite de l'histoire le fera comprendre.

Je peux me projeter. Moi non plus tout n'est pas forcément clair dans ma vie. Je ne suis pas sûr que je n'aurais pas fait demi-tour. Un sale étranger. Un juif ! Qu'est-ce qu'il fait là assis sur MON puits !! 
Et puis, et sans forcément me projeter, on devine bien que cette femme n'est pas heureuse… on la devine rejetée par sa propre communauté. Y a-t-il quelque chose de plus terrible que ça ? Rejeté par les siens…
Jésus est fin psychologue. Je ne l’imagine guère autrement. Rejeté par les siens : il en sait quelque chose. On ne fait que ça à son égard, le rejeter, (après on le trucidera…) sauf une poignée de disciples…. Il a du l'observer cette femme qui arrive de loin. sa cruche où je ne sais quel récipient, lourd à porter, même vide, sous le soleil écrasant. Et en plus un de ces juifs est là. Un étranger, pire un ennemi. Qu’est ce qu’il vient nous emm…. ce type détestable !

Et voilà que ce type bizarre va lui parler. Déjà parler à une femme étrangère… franchement ça se fait pas! Un homme à la rigueur… mais pas une femme…
D'ailleurs c'est quoi une femme là-bas. Ça fait la bouffe, ça va chercher de l’eau, ça fait des gosses, c'est satisfait les besoins sexuels des hommes, et même certaines font la pute ! Quelle horreur !

(à suivre….)


10 commentaires:

  1. j'aime cette façon de parler de Jésus, elle me touche...
    Jésus fatigué, Jésus découragé... avec les gens autour de lui qui demandent des "miracles" ou autres faveurs!
    Il n'est pas si différent de nous, de moi. Je suis fatiguée ou par moments franchement découragée...
    En te lisant, j'ai juste envie d'aller m'asseoir au calme près de lui, en silence, surtout en silence et voir ce qui se passera...quelque chose d'intérieur, j'en suis sûre

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    1. Tant mieux si cela te touche. Mon intention n'est pas d'écrire des sermons, mais ma perception personnelle longuement méditée. Cette manière de le voir .. est la mienne...
      S'il n'est pas "proche" ... on ne peut que s'en éloigner... et l'évangile apparait soit comme une belle histoire qui finit mal - soir un truc cul-cul-la-praline pour anciennes grenouilles de bénitier ou bigotes façon Brel !

      "aller s'asseoir près de lui".... Sur la margelle du puits, et c'est là qui va s'exprimer et "faire la révolution" dans le coeur de cette femme.
      Cette révolution se fera-t-elle en toi ? en moi ? (en nous ?)

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  2. Jésus est un homme ; On l'oublie souvent. A nous rabattre les oreilles avec sa divinité cela ne nous le rend pas très proche ; Mais là, ici, il a toutes les signes extérieurs de l'humanité: il est fatigué et il a soif : quoi de plus humain. C'est comme cela que je peux l'aimer l'apprécier en faire un modèle à suivre.Je lis ( relis) pour l'instant " Le moine et la psychanalyste de Marie Balmary.Passionnant. Te lire est aussi passionnant et enrichissant. Je reviendrai te relire demain

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    1. Je ne sais pas si je suis passionnant…
      C'est Jésus qui est passionnant… enfin, moi, il me passionne…
      Mais tu as raison, on nous a bassiné les oreilles avec un Christ devenu décharné, vaporeux, et tout là-haut « assis à la droite du père », sur un magnifique nuage, probablement jaune d'or, oui il fabrique… je ne sais trop quoi…
      C'est pourquoi je me suis enfui de cette chrétienté trahissant son maître …

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  3. Le maître n'est-il pas celui qui touche en profondeur notre coeur... et la révolution, la transformation prend place.
    Jésus était un grand maître et chanceux ceux qui ont véçu à son époque et qui l'on reconnu.
    Pour moi, il est impossible qu'il n'y ait pas un maître présentement et à chaque époque.

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    1. Oui, ce que tu dis du maître, c'est tout à fait ça… quelqu'un qui vient de toucher au plus profond et fait comme éclater une véritable révolution intérieure.
      J'ai une image enfantine, ancienne, un peu puérile, dans un dessin animé, quand la baguette magique touche quelque chose et c'est un jaillissement d'étoiles quoi une véritable transformation.
      La limite est évidemment l'aspect « magique » et instantané… car ensuite... il y a bien tout un "travail intérieur" à effectuer... Mais c'est pour souligner l'aspect déclenchant....

      Je ne sais ce qu'il en est aujourd'hui. Je crois qu'il y a des sortes de « relais de maîtres », comme des transmetteurs...
      Et tout maître, me semble-t-il, est inspiré d'un autre maître…

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  4. J'ai oublié de signer...Maty

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  5. Je prends ton train en marche et j'aime bien. Si cela peut t'intéresser (il me semblait bien que j'avais du essayez de parler à sa place): http://giboulee.blogspot.fr/2008/02/du-monologue-au-dialogue-jn-4-1-40-la.html et un très veux texte de 2005 mais je n'arrive pas à faire le copier coller. Bises

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    1. Lu ton texte de 2008, vraiment, j'ai beaucoup aimé.....
      Actualiser ainsi me semble très intéressant…
      bises et bon dimanche

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  6. J'ai beaucoup aimé ce commentaire. J'ai mis le lien de cette page sur mon site http://www.puiseralasource.org/index.php?page=lectures
    Merci

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