Deux illustrations pour commencer :
— Dans l'aide apportée aux personnes, j'ai parfois constaté ceci : certaines font un tel chemin de retrouvailles avec leur personnalité profonde, c'est-à-dire leur véritable identité, qui leur arrive de décider de changer de prénom, soit d'en adopter un autre préexistant, soit de l'inventer parce qu'il correspond à ce qu'elles se sentent être au plus profond.
— Plus généralement, dans la vie, dans le monde du commerce ou des affaires, il arrive qu'un nom, une marque se retrouve dans l'obligation de changer de nom, parce que leur appellation première n'est plus possible, ne correspond plus en rien aux produits fabriqués ou vendus. Pire encore, le nom d'origine est devenu une sorte d'horreur. Je pense à ces entreprises qui s'appelaient, ou qui avaient comme sigle, au début des années 80 : « SIDA ». Elles ont toutes changé de nom…
Je vis quelque chose de comparable à propos de « Dieu ». Je suis totalement encombré par de multiples représentations, notamment celles inculquées dans l'enfance, et qui m'apparaissent aujourd'hui comme des sortes de monstruosités, des déviances colossales au regard de ce qui, à mes yeux évidemment, constitue l'existence et la relation à un « Tout Autre », en ce qu'il aurait une dimension de transcendance en moi et hors de moi.
Il m'apparaît alors indispensable de faire une opération changement de nom !
Je pourrais me référer au tétragramme hébraïque et judaïque : YHWH (יהוה)
mais c'est encore référer à une religion, à quelque chose qui, de fait, « ne me parle pas ».
En même temps il y a le risque de choisir « à ma convenance », quelque chose de l'ordre du plaisant satisfaisant, le risque du « Dieu personnel », qu'il est facile de confondre avec le « Dieu intime », c'est-à-dire de gommer l'altérité fondamentale.
Alors, j'ai cherché un nom…je me suis dit, lequel peut traduire cette expérience d'intériorité, lorsque je rejoins en moi ce que j'appelle : « plus que moi en moi ». C'est-à-dire quelque chose qui est à la fois moi et qui en même temps me dépasse, me déborde. Ce quelque chose a pour nom : « amour »
Ce quelque chose pourrait-il être quelqu'un ? Je veux dire en tant qu'initiateur de ce « plus » ?
Il aurait alors pour nom : « Amour »
C'est un premier pas. Une première approche.
Ou plutôt un choix provisoire, qui a quelque chose à voir avec ce que je relate dans mon billet numéro 16
Mais ce qui me semble peut-être le plus important, c'est sans doute cette démarche de recherche du nom.
Peut-être faudrait-il que je me décentre d'un « vouloir chercher ».
Peut-être faudrait-il que je demande :
— Dis-moi, comment t'appelles-tu ?
Je viens de lire et aussitôt j'ai pensé à l'exode, le buisson ardent.. je cite " S'ils me disent : Quel est son nom ? — que leur dirai-je ? » 14Dieu dit à Moïse : « JE SUIS QUI JE SERAI. » J'aime beaucoup la traduction au futur, car oui dieu devient ce que nous en ferons. La bible rabbinique traduit pas l'immuable, et la Jérusalem par" je suis qui Je suis"...
RépondreSupprimerPour ma part, je n'aime pas dire Yahwé, mais prononcer les lettres oui, cela me plait assez. Y H W H . Chouraqui écrit adonaï en petit sur le tétragramme.
Seigneur, je n'aime pas, parce qu'on ne sait jamais à qui on parle.
Amour, oui, mais là encore que mettre derrière pour ne pas minimiser, dévaloriser.
Mais je crois aussi que un nom nouveau peut se créer.
bon dimanche et merci;
"« JE SUIS QUI JE SERAI. » J'aime beaucoup la traduction au futur, car oui dieu devient ce que nous en ferons"
SupprimerC'est assez saisissant ce que tu dis là ! Surtout la fin de la phrase...
Ça me porte à la méditation...
Je te livre ce qui me vient à l'esprit: chercher un nom pour "celui dont on ne doit prononcer le nom".
RépondreSupprimer(http://omnilogie.fr/O/Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom)
L'être
Oui...
SupprimerMerci pour cet éclairage.
Ainsi en est-t-il du Dieu d'Israel
Une "dimension" de Dieu ? incommunicable/incommuniqué, nécessitant des intermédiaires patentés (Grand-Prêtre, Prophètes...)
Je dois avouer que j'ai plutôt un penchant certain pour "Le Dieu de Jésus-Christ", qui parlait de "son Père".... et surtout parlait avec lui.... et qui disait : quand vous priez, dites Père......
Je trouve cela plus proche de ce que je crois comme possible.
Je préfère une transcendance par immanence..... ((Présence de Dieu dans l'intériorité de la conscience humaine).
Renommer autrement qqun me semble différent que de SE donner à soi-même un autre nom, comme les personnes dans la relation d'aide le faisaient
RépondreSupprimerFaire cette démarche pour soi, parce que son prénom ne semble pas/plus "adapté" ou pour tout autre raison...(je préfère, et de loin!!! qu'on m'appelle Coum ou Coumarine que Nicole!
Mais renommer autrement quelqu'un...c'est une autre démarche: c'est le renommer en fonction de ce que SOI on lui reconnait comme spécificité
Pour moi-même, je crois que je préfère redonner au nom de Dieu toute sa dimension d'Amour, de Fidélité, toutes ses qualités de Père aimant...
Bon dimanche à toi
Ne donne-t-on pas souvent un "petit nom" à celui/celle qu'on aime ?
Supprimerl'expression "dimension d'Amour" me donne une sensation froide ! :-)
Un Dieu distant en quelque sorte...
dont au final on ne s'approche pas vraiment...
Je ne dis pas que c'est ce que tu vis, et qui te regarde seule face à lui, si tu y crois, mais ce que ça me donne comme réaction...
Il me semble que je suis assez attiré par des propos tels que ceux de Charles de Foucault (ce grand noceur, dans sa jeunesse, amateur de nanas, de bonne chair, et de bonne chère !...)
Je remets mon âme entre Tes mains.
Je Te la donne, mon Dieu,
Avec tout l’amour de mon coeur,
Parce que je T’aime, et que ce m’est un besoin d’amour,
de me donner, de me remettre en Tes Mains sans mesure,
avec une Infinie confiance,
car Tu es
MON PERE”
Juste une remarque par rapport à ce que tu dis à Coumarine.: elle dit dimension, pas distance...
SupprimerSur ce que tu dis du changement de nom, j'avoue que le nom librement choisi (en l' occurrence le pseudo, permet d'ouvrir des portes qui seraient rester obscurément closes en nous. Comme si des verrous sautaient par le simple fait de s’appeler autrement, avec des consonances qui entrent en résonance avec notre moi profond, alors que le nom reçu, lui, nous détermine comme le terreau de base sur lequel on va cultiver notre personnalité... En fait, on change de nom souvent dans une journée! Mon mari, ma mère, mes enfants, mes élèves, mes amis, pas un qui ne me donne le même nom. Ça aide à se construire, je trouve.Et à enrichir une personnalité forcément multi-facette. je n'ai jamais compté combien de noms différents je peux avoir, il faudrait que je m'y amuse.
Sinon, il est très juste, évidemment, que nous ayions besoin de donner un nom à chaque chose. La leçon sur les substantifs , au CM2, relève presque de la philosophie...pas facile de cerner la notion!
Il est dommage, par ailleurs, que l'adjectif innommable ait pris un sens si péjoratif.
Car Ce à Quoi -ou à Qui- tu fais allusion (j'avais écrit illusion, tu vois le lapsus!) est in-nommable. Par définition. C'est d'ailleurs pourquoi il revêt des formes diverses et des noms tellement différents, car la "chose mystique" relève forcément (et quoi que puissent dire les partisans des dogmes) d'un cheminement personnel. Chacun reçoit en lui le message, le déclenchement du dialogue intérieur, mais ensuite, est-on vraiment obligé de nommer à qui on s'adresse? J'aime assez l'idée que non, finalement.En revanche, le pronom "tu" me parait incontournable, tant il ne peut être accueilli dans le coeur que comme un ami, un être bienveillant.Une part se soi-même, presque. Et je ne me vois pas me vouvoyer.
"Mon mari, ma mère, mes enfants, mes élèves, mes amis, pas un qui ne me donne le même nom."
SupprimerVoilà une expérience que je n'ai pas… Disons plutôt, pas avec l'ampleur que tu indiques.
Mais ces autres noms, ont souvent quelque chose d'un besoin d'appropriation dans le genre : « mon… »
Cela me semble source de personnalisation, dans le sens où ont les confrontent avec soi-même : « suis-je bien "son…" », Ou bien y a-t-il méprise.
Je me souviens de ce patron qui appelait sa secrétaire « ma biche… », Laquelle avait ce que l'on peut appeler un physique ingrat… Voilà qui en dit long sur les rapports humains…
Le besoin de nommer et si prégnant, si fondamental et si impératif pour l'être humain… Que cela doit bien être le reflet d'un indispensable… Peut-on être humain et s'humaniser sans nommer ?
Comme tu le dis cela relève presque de la philosophie… Je dirais même de l'ontologie.
Au fond, peut-on s'empêcher de définir…
Alors bien sûr il peut y avoir le piège de l'enfermement dans un nom réducteur. D'où sans doute là l'origine des religions qui interdisent de nommer de Dieu. ( Comme le mentionne un autre commentaire)
Mais le dialogue intérieur que tu évoques, si tu le connais, est-il avec un « sans nom » ?
J'aime beaucoup ta question adressée à Dieu?
RépondreSupprimerSi Dieu me répondait "Papa" je sauterais tout de suite dans ses bras et le tutoyerais !
Et s'il me répondait "Père " je l'embrasserais mais je préfèrerais le vouvoyer.
Entre les deux réponses mon coeur balance!!!
J'aime aussi "Seigneur Jésus" avec le vouvoyement.
Et s'il te dit : Abba ! Comme disait Jésus en s'adressant à Dieu.
Supprimerce qui, en araméen, la langue originelle de Jésus a la consonance, la résonnance, le ton intime,
du genre: Papinou, ou petit papa chéri !
Tu fais quoi ?
S'il me dit Abba: mamma mia! (comprenne qui pourra) ;-)
Supprimer> "Dis-moi, comment t'appelles-tu ?"
RépondreSupprimer"Je suis la projection de tes désirs, de tes angoisses et de ton imprégnation. Ici tu m'appelles Jésus ou Amour, ailleurs tu m'appelles Sérénité, hier tu m'appelais Fertilité ... Je suis l'Icône, le Réceptacle de tes manques et de tes aspirations."
Que voilà une réponse qui serait bien décevante, si tu n'es qu'une projection…
Supprimers'il te plaît, ne me ramène pas en arrière…
J'ai tellement longtemps pensé que tu ne pouvais jamais qu'être une projection, c'est-à-dire rien !
Et dans ce cas : c'est vraiment pas le pied !
dis-moi plutôt que tu es « Quelqu'un »… Un Alter NON Ego !
Pourquoi "en arrière" ?
SupprimerJe vous lis de loin en loin, chez vous ou ailleurs, et je dois dire que j'ai le plus grand respect pour votre démarche, votre histoire, votre lucidité, et globalement pour la pertinence de vos commentaires et prises de position.
Mais vos interrogations sur la "question de Dieu" me plongent dans la perplexité.
Je crois comprendre que vous vous êtes livré à une introspection approfondie, mais je vois toujours mal comment on peut passer du ressenti subjectif d'un besoin de "sens" externe à soi, ou du sentiment d'une "présence" tutélaire, à l'hypothèse que ce ressenti intérieur puisse refléter une entité autonome "réelle" avec sa volonté propre, ses desseins et ses moyens d'action. D'autant que les conséquences qu'aurait cette existence sont à ce jour toutes contredites par les faits.
De plus, je vois mal comment et pourquoi ce "Dieu" se trouverait être Jésus plutôt que Râ, Krishna, ou n'importe laquelle des divinités qui ont incarné à un moment ou à un autre ce besoin de sens.
Il me semble pour ma part que (i) le fait que nous soyons partie intégrante d'une histoire plus grande que nous (l'histoire de l'humanité et de la vie) et d'un "objet" plus grand que nous (la matière dont nous sommes faits faisait précédemment partie d'une étoile, puis de gaz interstellaire, puis d'un dinosaure, puis ...) et (ii) notre histoire comme espèce et la construction de notre psychisme au fil de dizaines de millions d'années de sélection évolutive, fournissent une vision de notre "nature" beaucoup plus profonde et au pouvoir explicatif infiniment plus solide et complet que les mythologies (qui en sont d'ailleurs le produit).
Et la compréhension et l'acceptation de notre nature est bien un chemin "en avant" et non "en arrière" ;-)
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SupprimerOserais-je dire que si « la question de Dieu » vous plonge dans la perplexité, je n'y vois qu'avantages ! C'est au moins un terrain sur lequel nous serons d'accord : Si la question ne nous rend pas perplexe… Serions-nous véritablement humains ?
Reste qu'il est difficile de répondre à votre commentaire, je veux dire avec seulement la brièveté que le support du blog permet .
Car vous soulever tellement de fondamentaux qui agitent l'humain depuis des siècles, qu'il n'est guère commode de globaliser une réponse.
Le chemin que j'emprunte est celui de l'intériorité. On l'a compris. Autrement dit c'est un chemin du ressenti subjectif, que je mets sur le même pied d'égalité que ce qui peut être considérée comme « objectif ». À condition bien entendu de détenir quelques clés de décryptage des messages du ressenti, ce à quoi j'ai passé une partie de ma vie professionnelle (la recherche de ces clés). J'attends toujours à ce sujet qu'on me démontre pourquoi ce qui était, parait-il, objectif hier devient faux aujourd'hui. Je pense, par exemple, aux domaines scientifiques, dans toutes les disciplines. Je n'adhère pas du tout à l'idée qu'il y aurait une prééminence de l'objectif sur le subjectif. Cela ne correspond pas au réel humain que j'observe. Il s'agit donc là aussi d'une forme de déification de la Science, génératrice de déshumanisation.
Je reste interrogatif sur l'affirmation de ce que vous appelez « présence tutélaire », selon laquelle « les conséquences qu'aurait cette existence sont à ce jour toutes contredites par les faits. ». (tout en observant que l'expression "présence tutélaire" ne fait pas partie de mon vocabulaire, et que si Dieu il y a, il est autre que détenteur de pouvoirs supérieurs ou magiques, ou consolateur permanent des misères humaines, puisqu'au final il n'excelle guère dans ces représentations là…)
Cela dit, ma recherche, en tant que voyageur dont le voyage n'aura pas de terme, est relativement simple : y a-t-il un « tout autre » qui soit autre chose qu'une idée, un concept, une religion, une mythologie, une cosmogonie, et tout ce que l'homme est capable d'inventer, dont vous citez quelques exemples.
Vous semblez avoir répondu. Si j'en crois la teneur globale de votre commentaire, la réponse est : NON !
Alors je pose moi-même la question : et pourquoi pas OUI ?
Si l'on recherche quelque « preuve » pour trancher entre le non et le oui, nous pouvons discuter encore pendant des siècles et des siècles… Et il existe à ce sujet des millions et des millions de pages d'écriture, qui n'ont guère amené la démonstration "objective" de quoique ce soit. Et puis, pour plagier un vieux slogan : « boire ou conduire, il faut choisir » je dirais, : « voir ou croire, il faut choisir ». Tant que l'on trifouillera dans le corps humain à la recherche des hormones de de la spiritualité, pour les voir sous le microscope ou je ne sais trop quelle I.R.M.… On fera fausse route… Et quand bien même on trouverait quelques éclairs colorés, quelques fourmillements électriques, en quoi aura-t-on fait avancer l'homme spirituel ? Quelques grosses têtes bien-pensantes devraient relire « la poule aux oeufs d'or » de La Fontaine.
Il faut croire que ce n'est pas le bon chemin !
Je ne prétends évidemment pas être sur LE bon chemin, mais uniquement d'être sur le mien.
Et le mien consiste à trouver ce qui fait sens pour ma vie, ma petite vie à moi, petite poussière d'étoiles.
Que voulez-vous, c'est un besoin, presque irrépressible…
Les réponses que font les autres, m'intéressent et m'enrichissent.
Mais les réponses qui émanent de la dimension de transcendance qui habite l'être humain, et qui donc m'habite, en tant qu'homme, c'est celles que je privilégie, plutôt que le discours théorique.
(... à suivre 2...)
suite.... 2 -
SupprimerAutrement dit, il me semble bien être en concordance avec ce que vous dites quant à « l'acceptation de notre nature », qui n'a pas qu'une dimension de ce que nous sommes capables de voir, analyser, et comprendre. Qui a une dimension spirituelle par nature, en raison de l'évolution et de la construction de notre psychisme, comme vous dites. Cette dimension spirituelle me semble être aux balbutiements de son exploration, dès lors qu'on la sépare des religions, des idéologies, des cosmogonies, et autres mythologies… Qui véhiculent des processus de pouvoir et de domination.
C'est pourquoi j'ai donné le titre « voyageur de l'aube » à ce blog, car l'aventure spirituelle et à peine naissante, à peine quelques milliers d'années.
Peut-être faut-il me lire plus que de loin en loin, pour s'apercevoir de la distance que j'ai (à tort ou à raison), avec les religions, les idéologies, les cosmogonies, et autres mythologies…
Sauf a minima, c'est à dire en ce qu'elles révèlent la nature profonde de l'humain, de manière très partielle et fragmentaire.
Car si l'on réfère sous la "question de Dieu" a des représentations du monde ambiant, des représentations traditionnelles, on risque de peu me comprendre…
Il est vrai que j'ai déjà tant de difficultés à me comprendre moi-même… !
Merci pour votre commentaire argumenté. Cela me plaît.
J'ai bien perçu la distance que vous avez vis à vis des religions, et d'ailleurs l'exergue de ce blog est assez clair à ce sujet ;-)
SupprimerIl est sûr que les sujets traités pourraient remplir des blogs entiers, j'aborderai donc juste deux points.
Premièrement sur la "présence tutélaire" et le "tout autre" qui soit autre chose qu'une idée, un concept, etc ..." : je ne sais pas ce qui à vos yeux pourrait être éligible au titre de "Dieu" (dans l'attente d'un meilleur mot ;-) ), et je doute que pour vous une "loi" ou une "structure" au sens physique ou mathématique du terme puisse faire l'affaire. Je suppose que vous y placez plutôt une entité douée d'un dessein propre, ce qui me paraît un anthropomorphisme caractérisé, et même démesuré si pour vous cette entité a "conscience" de l'existence de l'humanité, voire nourrit un dessein pour elle.
Mais peut-être me trompé-je sur votre intuition ce que peut être "Dieu".
[Quant à la "contradiction avec les faits", j'entendais par là par exemple le fait que les prières ne sont pas exaucées contrairement à ce que soutiennent nombre de religions, ou, pour prendre un autre exemple chrétien, que le concept de "péché originel" est contraire aux faits (anthropologiques) ainsi qu'à la logique (au sens où omniscience divine et libre-arbitre humain sont mutuellement incompatibles)].
Deuxièmement, et c'est là je pense le coeur de notre divergence de vues, j'estime pour ma part que le subjectif ne peut être une voie d'accès à une vérité "extérieure" à l'homme.
Nous ne percevons la réalité du monde qu’à travers le filtre de notre pensée et de nos émotions, et cet instrument est extrêmement apte, voire même farouchement résolu si son propre équilibre est en jeu, à nous induire en erreur. Depuis la divergence des récits des témoins d'un même événement, jusqu'aux phénomènes hallucinatoires, nous constatons tous les jours autour de nous et en nous à quel point nos pensées et nos sens sont influencés, et notre perception du monde biaisée, malléable, peu fiable. Pour vous qui avez passé une partie de votre vie professionnelle à décrypter les messages du ressenti, je dois enfoncer là des portes ouvertes.
La croyance religieuse ne basant sa Vérité que sur une conviction trouvée "à l'intérieur de soi", elle est directement soumise à ces effets de distorsion et d'auto-aveuglement, et selon moi elle n'en est même que le pur produit. A l'intérieur de nous-mêmes nous ne rencontrons que nous-mêmes, nos peurs et nos espoirs remodelés et projetés sur la "nature ultime du monde" tel que nous souhaitons qu’il soit.
A l'inverse, la démarche scientifique vise justement à s'abstraire du biais apporté par chacun d'entre nous pour identifier, à "l'intersection" en quelque sorte de toutes nos expériences individuelles, ce qui peut constituer la réalité tangible d'un monde extérieur. L’expérience matérielle, mesurée, reproductible, me semble la seule façon de prétendre atteindre autre chose que nos propres obsessions individuelles.
J'en rajouterai bien une couche sur l'origine évolutionniste de la "recherche de sens" si profondément ancrée dans notre psychisme, mais je suis déjà bien trop long :-)
[Quant au fait que "ce qui était objectif hier devient faux aujourd'hui", je ne partage pas ce point de vue. Les faits restent les mêmes, leur interprétation s'affine et progresse. Ainsi "la terre est ronde" reste vrai, même s'il s'est avéré qu'elle n'était pas une sphère parfaite, et la gravité existe toujours, même si Einstein a dépassé Newton.]
Merci pour ces réactions intéressantes et argumentées.
SupprimerQuelques éléments, suite à votre réponse, un peu en vrac ! Excusez m'en !
Mais pourquoi voulez-vous me faire dire ce que je n'écris pas ?…
Pourquoi « Dieu » serait-il ce que vous supposez que je pense dans votre premier paragraphe ?
« Nourrir un dessein pour l'humanité », cela peut relever du Désir profond de l'homme qui porte intérêt à son destin pour des raisons multiples et variées. On y retrouve souvent la préservation de la nature, le mouvement inverse du : « après moi le déluge », le désir de perpétuer l'espèce : "nous faisons cela pour nos enfants"… (d'où le mouvement écologique, par exemple…), Des croyances diverses et variées, fondées généralement sur l'existence d'une sorte de Trajectoire historique de l'aventure humaine dans le temps, la durée et l'espace. Fondé sur une parousie pour les chrétiens, sur d'autres paradigmes pour d'autres croyances ou religions. Mais à coup sûr quasi universellement partagé par la grande majorité des humains qui peuplent aujourd'hui le monde et qui ont peuplé la planète dans le passé. On ne peut jeter par-dessus bord, comme ça, la perception de ce « quelque chose qui nous dépasse » dont chacun peut faire l'expérience dans sa vie. Et je ne parle pas d'expérience spirituelle… Nombreux sont ceux qui déclarent, par exemple, que l'amour qu'ils vivent et ressentent « les dépasse », n'est pas réductible à leur propre personne. Alors, on peut brocarder et penser que tout cela est une projection du psychisme… Une sécrétion glandulaire, une chimie re-créable artificiellement (ah ! nos sacros-saintes pilules de l'apaisement !)
Ou comme chantait Béart : - maintenant que je sais que deux hormones me dirigent le coeur, quand j'aime, je suis content que ça ne vienne plus de mes sentiments !
Moi j'ai tendance à penser autrement !
Par exemple que ce qui « me dépasse » (non pas en termes de mes capacités à comprendre, mais en termes de ressenti profond), ne serait-il pas la trace d'un « Alter » ?, non pas "là-haut" dans je ne sais quel paradis, comme l'iconographie chrétienne de la Chapelle Sixtine, mais intimement et entièrement partie prenante de mon humanité, dont il ne pourrait s'échapper de lui-même. Il aurait alors bien moins de liberté que nous, qui pouvons l'écarter, l'ignorer, ou le faire symboliquement disparaître, puisqu'on ne le « voit pas ». Démarche qui à mes yeux relève d'un certain infantilisme, comme l'enfant pense que le jouet n'existe plus parce que papa l'a glissé sous la table…
Autre chose :
L'idée qu'il y aurait un manipulateur dans l'ombre (Dieu ?), L'idée que celui-ci aurait des pouvoirs exorbitants et magiques, qu'il n'utilise pas (ce salaud ! Face aux misères du monde)… Puisqu'il ne répond pas à nos "prières", l'idée d'un "Dieu Tout-Puissant" (celui des chrétiens par exemple et des monothéismes en général), ne me séduit guère… Si tant est qu'il s'agisse ici de séduction… !
Vous avez raison en affirmant que omniscience divine et libre arbitre sont incompatibles.
Les religions, pour perdurer, et donc asseoir leur pouvoir ont un besoin irrépressible de proposer un Dieu tout-puissant, détenteur de pouvoirs de nuisance suprême, si on ne lui obéit pas… ! en même temps il peut être une entité bénéfique et aimante, mais il l'est bien rarement, ce qui marque l'étendue de sa perversité !
(...)
- 2 -
SupprimerOn sait bien qu'un regroupement d'adeptes croit facilement à ce qu'on veut lui inculquer, et que l'humain, bourré de peur dans le fond de son psychisme, et prêt à tout, est notamment à se laisser endoctriner !
(" Quand on est plus de quatre on est une bande de cons", chantait Brassens)
C'est d'ailleurs tout aussi constant dans l'univers politico-médiatique, ainsi par exemple aujourd'hui ce dictat communément admis : faisons tous "des sacrifices" [ ah ! Le judéo-christianisme a encore de beaux restes !!… ] pour sortir de la crise… Sauf que crise il n'y a pas… Mais simplement évolutions et changements, qui font que parfois on est du mauvais côté du manche…
Le propre de l'humain… Est de s'humaniser… Au sens commun du mot, comme on dit un monde plus humain, moins barbare, plus aimant, moins « sauvage » etc.
je pense qu'il y a dans le coeur de l'homme des forces d'humanisation qu'il ignore, vu qu'il ne s'en préoccupe guère, préférant chercher ailleurs qu'en lui-même, et que ces forces « lui sont données » par autre que lui-même. Je pense cela, parce que j'en ai fait l'expérience personnelle, et que je crois ne pas être seul sur cette planète à l'avoir faite.
Sur « le subjectif » les portes que vous indiquez sont en effet ouvertes !
Sur cette affirmation : « A l'intérieur de nous-mêmes nous ne rencontrons que nous-mêmes », je ne formulerai qu'un accord partiel.
Et c'est bien là l'objet central de ma recherche, que je ne demande à personne de partager…
Je me contente d'avoir la prétention d'essayer d'exposer ma perception et mon expérience d'homme, pour autant qu'elle intéresse celui qui viendra la lire ici.
Mon expérience des profondeurs de l'être, va bien au-delà de ce que vous appelez l'espoir remodelé projeté, qui en effet ne sont que la surface des choses. "L'au-delà" que j'entrevois, n'est pas je ne sais où, ailleurs, dans quelle galaxie lointaine… Il est "au-delà" de la surface visible au premier abord de ce « moi-même »
Et puis, quand bien même : pourquoi, dans votre phrase ce « que » restrictif ? L'accès aux profondeurs de mon être ne m'a pas fait déboucher sur l'égocentrisme, au contraire, il m'en a libèré, il m'a fait m'engager, humainement ,socialement, syndicalement, et même politiquement durant quelques années. Le vrai chemin d'intériorité m'a dégagé des obsessions personnelles. Il m'ouvre largement sur l'altérité. Mais je concède qu'il faut du temps et les années pour franchir ce cap là… Et je ne prétends pas l'avoir totalement franchi, malgré mon âge avancé…
Enfin, je dirais qu'il me semble stérile de vouloir opposer expérience subjective et expérience scientifique, les deux s'entrecroisant obligatoirement en permanence.
On sait très bien que la science contemporaine, (qui entre dans un peu plus d'humilité), renonce au concept "d'objectivité absolue". Il n'y a pas de séparation réelle entre l'observation et l'observateur, il n'y a pas d'objet sans sujet, pas d'observé sans observateur. Avec toutes la subjectivité de ce dernier.
Alors bien sûr, se prendre soi-même pour objet d'observation pour tenter de se connaître et de connaître « ce qui se passe » en soi, n'est pas sans risques d'erreurs et d'égarement en chemin.
Et alors ? Est-ce une raison pour jeter le bébé avec l'eau du bain ?
Le chercheur "scientifique" s'égare tout autant, et plus souvent qu'à son tour… Le chercheur « intuitif » s'égare lui aussi. Raison de plus pour accentuer l'exigence de recherche, sans toutefois nier la connaissance par « Insight », qui a le plus souvent présidée aux origines d'une recherche approfondie.
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SupprimerReste que, à titre personnel, comme objet d'observation (si je puis dire ainsi), je n'ai trouvé personne capable de dire valablement à ma place qui je suis. Sans doute parce que je suis plus sujet qu'objet…
Qui je suis, et/ou, qui je me sens être, comporte une dimension et des éléments qui me dépassent moi-même et m'ouvrent, de par l'intérieur, sur des « univers » non observables avec un microscope électronique, une I.R.M., une lunette astronomique ou le satellite Hubble !
Cela n'en demeure pas moins un réel intérieur observable, ayant existence et consistance.
Je terminerai par une question :
mais de quoi cherchez-vous donc à me convaincre ?
Avant de chercher à vous convaincre (ou à être convaincu), je cherche déjà à comprendre ce que vous dites ! ;-)
SupprimerEt à ce titre merci pour ces commentaires, qui éclairent notablement ce que vous mettez derrière le mot "Dieu", et qui m'a l'air en effet bien éloigné de la conception chrétienne de la chose ... ce qui n'avait rien d'évident pour moi au vu de vos références récurrentes à Jésus ou à Bernadette Soubirous.
Un Dieu qui ne soit pas un Démiurge éternel et Créateur universel, mais plutôt un "Principe vital", enfermé en nous en quelque sorte (voire un "produit" de l'évolution de la vie sur terre ?) ... vous me semblez bien loin en effet de la pensée chrétienne :-) et je me demande si vous avez choisi la bonne religion de départ si c'est là la direction dans laquelle vous portent vos réflexions. Ne faudrait-il pas explorer les cycles de réincarnation des religions orientales plutôt que les Evangiles ?
Pour ma part je pense que nous sommes encore très largement ignorants du mode de fonctionnement de notre psychisme, et notamment de la façon dont se construit notre "conscience". Celle-ci semble bien n'être qu'une fenêtre de perception, de traduction et de constat a posteriori de phénomènes qui se déroulent dans notre inconscient, y compris lorsque nous pensons exercer notre "libre-arbitre". Ainsi nos prises de décision "conscientes" seraient prises ailleurs et avant qu'elles n'apparaissent dans notre "Moi" (expériences de Benjamin Libet).
Mais dans les interactions entre cette construction intellectuelle que nous appelons "Moi" et tous les autres composants de notre activité cérébrale, comment faire la part des choses ? Comment le "Moi" perçoit-il ces mécanismes sous-jacents et comment perçoit-il sa propre construction ?
Vouloir a priori y trouver un "Autre" me paraît retomber dans les biais dont sont victimes les créationnistes : interpréter un phénomène inexpliqué comme l'expression de l'intervention d'une entité indépendante, plutôt que comme l'expression "émergente" de mécanismes très simples mais que nous ne percevons pas, soit parce qu'ils s'expriment sur des échelles de temps hors de notre portée (dans le cas de l'évolution) soit parce qu'il s'expriment dans des interactions entre nos différents composants psychiques qui se situent en dessous de notre seuil de conscience.
"Quel est ton nom?"
RépondreSupprimeril est celui qu'on a bien voulu me donner. je le reçois et j'apprends à l'aimer parce que "je" suis déjà celle qui est mais qui ne le sais pas vraiment puisque je suis toujours en recherche de celle qui est à devenir.C'est aussi à cause de cela que je peux toujours grandir à moi-même et évoluer , faire évoluer mes sentiments et ma relation à l'autre et aux autres.
"Qui est Dieu"? Mes expériences me font penser qu'il est Vie, qu'Il est Chemin .Il est comme ce père aimant(verbe aimer) / (aimant - magnet)qui ouvre grand les bras à son enfant qui fait ses premiers pas, et qui recule au fur et à mesure que l'enfant (celui qui apprend) avance pour l'inviter à aller encore plus loin, faire l'expérience de son autonomie et enfin partir à la découverte du monde...
Entre le Père et le Fils, la relation d'amour est si forte que l'être devient UNIQUE, il est divinement humain et en même temps humainement divin. Dieu s'est fait Homme en Jésus-Christ. Le Christ est vivant en chacun de nous , nous sommes l'expérience de Dieu sur cette terre et nous apprenons à faire grandir l'amour . Ce serait beau de devenir Amour !!!Energie vitale... Mais peut-être l'est-on déjà sans vraiment en être conscient?
J'apprécie beaucoup ces échanges sur un sujet pas toujours facile à traiter.
Brigitte
Un intense merci de me dire Qui il est pour toi.
SupprimerEt aussi de prolonger par des propos forts et engageants.
En effet, ce n'est pas facile ce genre de sujet.
Raison de plus pour renouveler mon merci.