Seuls existent les commencements,
les aurores nouvelles,
qui nous tirent de nos nuits.
Être toujours voyageur de l'Aube.

mardi 8 mars 2016

91 - L’homme fidèle.

Petit préalable :
il ne sera pas question ici de la fidélité amoureuse au sens habituel du mot : fidélité en couple, etc. Je précise, car c'est peut-être souvent à cela que le mot fidélité réfère en premier.

Lorsque je regarde des personnes qui ont marqué positivement mon existence, c'est probablement celles en qui j'ai trouvé une constante de fidélité. Il y avait « quelque chose » auquel elles se montraient fidèle. Quelque chose qui avait trait avec les profondeurs de la personne.
On n'est pas beaucoup fidèle quand on vit à la surface de soi. Je sens bien que je suis alors ballotté par mes humeurs, mes impressions,  les manifestations d'une sensibilité changeante et versatile. Je vois beaucoup de gens autour de moi qui varient d'un jour à l'autre, d'une saison à une autre, d'une mode à une autre. Il faut abandonner ce qui était « tendance » hier, pour rentrer dans ce qui est « porteur d'avenir » pour  au moins 48 heures…
La fuite en avant du monde contemporain est l'ennemi de la fidélité. Or, je fais partie de ce monde-là. Que je le veuille ou non. Il me traverse et m’influe. Je suis d'autant plus sous son influence lorsque je déclare ne pas l'être.

Deux personnes en particulier m'habitent lorsque je parle de fidélité. Deux hommes. Ce qui n'exclut pas les femmes (Mesdames : bonjour !).
.— Le premier est mon principal maître à vivre. Celui qui m'a apprit l'intériorité et le chemin pour y parvenir. Je l’ai souvent évoqué sur mon autre blog. Ici aussi, parfois.
Un jour il aborda ce qu'il appelait le fil rouge de sa vie. Il y avait deux composantes : — la fidélité à lui-même. — La fidélité à ses intuitions.
Je ne développerai pas ici ce qu'il exposa assez longuement.
Aujourd'hui, le modeste disciple que je fus, oserait dire un peu la même chose.

.— Le deuxième homme, j'en ai parlé dans ce billet. Il se fait que tout récemment un membre de ma famille qui a passé plusieurs années de sa retraite à ranger et classifier toutes les archives de mes parents, m'a remis un épais dossier des correspondances échangées entre cet homme et eux.  J'ai tout lu. Et je suis frappé par l'extraordinaire fidélité de cet homme dans l'accompagnement durant beaucoup  d'années, de moi-même et de mes proches. De moi-même je savais. De mes proches j’en ignorais les quatre cinquièmes. Alors certes, on peut dire qu'il agissait pour être en conformité avec une sorte de « mission divine » qu'il affirmait. Il n'empêche, je sais à la fois la discipline qu'il a suivie, (voir à ce sujet  mon récent billet sur la discipline), et la Joie réelle qu’il en ressentait.  Joie visible dont je fus témoin et bénéficiaire.  Joie qu’il avait de « servir son Dieu ». Je pense aux fruits très positifs qui ont résulté de tout cela.

Deux histoires de fidélité. Nous voilà bien loin des petites trahisons du quotidien, des démissions, les excuses de toute nature pour ne rien faire, des compromissions qui tiennent lieu d'éthique nouvelle, des petits arrangements entre amis où chacun y perd son âme.
Bien entendu, je connais aussi tout cela. J'ai les mains sales comme les autres.

Désolé de remettre mon pote sur le tapis.
Je vois en Jésus l'homme quasi parfait des fidélités. Fidélité à lui-même jusqu'au don de sa vie. Fidélité à la mission dont il se sent dépositaire et responsable de sa mise en œuvre.
Et cette fidélité est gage de fécondité.

Et moi ?
À quoi suis-je fidèle ?
Je pense qu'il est une bonne manière de répondre :  regarder l'état intérieur dans lequel on se trouve lorsque l'on est dans l'infidélité. La satisfaction de l'instant accompagne souvent l'acte de l'infidèle. On agit toujours pour une satisfaction. Mais très vite le malaise surgit. Je n'évoquerai pas ici les mauvaises manières de le gérer (justification, culpabilisation, déni, fausses excuses, accusation de l'autre qui aurait « entraîné » sur la mauvaise pente…, et tous ces évitements dont nous sommes capables pour justifier l'injustifiable…).
Lorsque le malaise surgit je suis acculé à une mise en vérité. Je n'ai pas été fidèle au meilleur de moi-même. J'ai opté pour une voie de traverse déviante de ma route, alors que je sais pertinemment où et vers quoi je dois naviguer.
En quelque sorte, c'est par le creux que j'aperçois ce que je ne construis pas.

Je me demande parfois si on ne confond pas « mise en vérité », avec passer devant le tribunal ! Alors on met au point un système de plaidoirie de sa cause. Histoire d'éviter une condamnation.
Enfin, j'ai un peu vécu sur ce schéma dans le passé.

La véritable « mise en vérité » c'est l'inverse. Il n'y a pas de condamnation. Il y a une remise en liberté… 
« la vérité vous rendra libre ». 
c'est encore mon pote qui dit ça.
Et c'est quoi la vérité ? Demanda l’autre naïvement…

la réponse est toute simple au final.
« Si vous demeurez fidèles à ma parole …. Vous connaîtrez la vérité »
Voilà, on y est, une fois de plus. Une affaire de fidélité.

Pourquoi est-ce que je tente de vivre une fidélité à la parole de cet homme ?
Là aussi, au final, c’est simple…
j'y trouve largement mon compte ! je suis largement récompensé !
j’y trouve mon bonheur ! Mon épanouissement dans le don de moi-même, et sans doute les satisfactions les plus profondes que je peux connaître lorsque j’aime « vraiment ».
Il faudrait être con pour se montrer durablement infidèle…

En cependant con et infidèle je le suis à mes heures.
Mais enfin, j'ai encore le droit de progresser, puisque malgré mes manquements, je me sens toujours aimé…

S’il devait en être autrement, si l'amour devait être enlevé, alors mieux vaudrait mettre fin à mes jours…

6 commentaires:

  1. Charlotte09 mars, 2016

    C'est toujours à soi même qu'on est infidèle... et de s'étonner comment on a pu s'égarer dans des chemins de traverses pour des raisons pas très glorieuses.En prendre conscience est déjà un bon point!Après faut non seulement corriger le tire mais ensuite reconnaître devant la personne éventuellement que là, on a commis une erreur en action, en omission ou en paroles.
    J'aime quand tu parles de ton pote!J'ai l'impression que tu es avec lui comme s'il faisait partie de toi comme si c'était ton inséparable compagnon de route.
    C'est curieux pour moi qui n'y pense que rarement alors que il est peut-être aussi en moi mais il se fait sans doute discret: Il me laisse libre... Je ne sais pas.
    Mais j'aime lire tout ce que tu écris de ta relation avec lui et je me dis :"Quelle chance il a Alain "!

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    1. Je suis bien d'accord sur la démarche que tu indiques dans ton premier paragraphe.

      Quant à mon pote, c'est vrai que cela fait pas mal d'années que je le fréquente. C'est essentiellement parce que j'aime beaucoup ce compagnon de route. Et puis j'ai découvert qu'il était tellement différent de tout ce qu'on avait raconté sur lui !
      Ce qui est certain, c'est qu'il laisse chacun totalement libre. Enfin moi je me sens totalement libre avec lui. Il est à la fois maître et compagnon d'aventure. Et bien entendu, comme toute personne qui nous aime beaucoup, il arrive qu'elle me remonte les bretelles !
      C'est pas mauvais… surtout quand on réalise qu'on a déconné…

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  2. Etrange... ce mot fidèlité, je l'ai banni de ma pensée et de mes paroles depuis toujours, je crois. Pour moi, il est antinomique avec l'être humain car chaque jour on avance sur son chemin de forêt avec ses multiples rencontres de branchages qu'on peut éviter ou non , qu'on peut prendre par brassées ou du bout des doigts et chaque fois est la résultante de ce qu'on a engrangé en soi-même pour se construire. Certes on parle de fidélité à une idéologie , à un idéal de vie, à soi même....à un partenaire ...etc.. Oui pour moi il est étrange d'utiliser ce mot car il me parait trop réducteur de la Vie.

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    1. Évidemment, si le vocable fidélité tu le ressens réducteur de la vie… je comprends que tu le bannisses ! je ferais probablement la même chose s'il en était ainsi pour moi.

      Pour moi ce serait plutôt un peu l'inverse. Chaque fois que j'ai été fidèle à la vie en moi, telle qu'elle m'était donnée, à la fidélité aux aspects essentiels de ma personne, j'ai toujours ressenti, et je crois vécu, un grand élargissement de ma vie, de la Vie....
      le chemin de fidélité m'a toujours ouvert des horizons insoupçonnés…

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    2. Je vais devoir reconsidérer ce mot pour y rechercher ce que tu es capable d'y trouver.

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    3. Peut-être aussi trouver les mots qui te conviennent à toi, au regard de ce que je décris à propos de ce que j'appelle « fidélité »…

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