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Être toujours voyageur de l'Aube.

mercredi 25 septembre 2019

107 - Jésus et Amélie


Ce n'est pas si fréquent qu'une auteure (qui plus est à succès) écrive un livre où il est question de sa relation et de sa perception personnelle de Jésus, sans que cela soit emberlificoté dans un jargonnage religieux, théologique, ou autre du genre.
Tel est l'ouvrage que publie Amélie Nothomb « Soif » après avoir opté pour « parler au je », c'est-à-dire faire parler Jésus. Il s'agit évidemment d'un procédé littéraire propre à transmettre sa perception de Jésus, sa manière de l'aimer, sa relation à lui facilement lisible entre les lignes. En quelque sorte c'est une forme de témoignage à travers cette option littéraire. Il est bien évident que Jésus n'a jamais tenu de tels propos. Comme il est tout aussi évident que dans l'Évangile, officiel, il n'y a aucune garantie que les propos attribués à Jésus furent effectivement prononcés tels que rapportés. D'autant que cela est différent d'un évangéliste à l'autre… Personne n'était là pour enregistrer avec un magnétophone ou une vidéo.
La critique qui consiste à dire et à insister, pour démolir le texte d'Amélie, que Jésus n'a pas parlé comme cela est une imbécillité de plus de clercs ou de laïcs endoctrinés.



Je le dis clairement : j'aime beaucoup, ce livre.
Ce n'est pas pour autant que je le co-signerai. Certes, non.
J'ai beaucoup aimé, car il est question, en premier, de l'humanité ordinaire de cet homme de Galilée. Il est question de Jésus. Pas nécessairement de Christ.
Il me plaît que soit donné à « entendre » une certaine réalité d'un vécu relationnel avec cet homme, qu'on le considère comme un prophète, le fils unique de Dieu, ou un sage parmi d'autres. Personne n'a de pouvoir sur lui.
Hors de question de me comparer avec Madame Nothomb, il n'empêche, qu'au final, c'est ce que je fais sur ce blog. Témoigner d'une relation intime. Et j'ajouterai que j'apprécie lorsque des commentateurs font de même. Ça évite les théories de toutes sortes, fumeuses ou avérées.

Je suis quasi certain que cela peut rapprocher certaines personnes de cet homme, alors qu'elles s'en sont éloignées parce que la religion qui s'est accaparée Jésus a fini par réduire son humanité à sa seule divinité supposée. Comme si l'incarnation passait au second plan. On affirme « vrai Dieu et vrai homme », mais en expose surtout un Christ omnipotent et omniscient, qui serait un Dieu avide de pratiques cultuelles et de moralisme grand teint. Ce que ce même Jésus paradoxalement critiquait de son vivant sur terre. Tout cela ne peut qu'éloigner les hommes contemporains, à qui « on ne la fait plus ».
Face à cela, j'ai été heureux de lire qu'un certain nombre de personnes ont eu un nouvel attrait pour Jésus après avoir lu Amélie Nothomb. Tant mieux. N'en déplaise aux détenteurs des vérités premières.

L'un des mérites de ce livre me semble qu'il peut renvoyer, et même qu'il devrait renvoyer, à la question que Jésus lui-même posait :
— Et vous, qui dites-vous que je suis ? (Ev. Matthieu Chap 16)
On connaît la réponse officielle mise dans la bouche de Simon Pierre :
Tu es le Messie, le fils du Dieu vivant.
Le crédo chrétien invite à signer et il convient de respecter cet officiel sans en dévier jamais. Voilà, il n'y a rien d'autre à voir. Ni à penser autre chose.
Je ne vais pas développer la suite de ce passage de l'Évangile. Il y aurait beaucoup à dire, ce sera peut-être pour une autre fois. Pour l'instant c'est la question qui m'intéresse. Me la poser à moi-même. 

Qui est donc cet homme pour moi ?
Impossible de répondre par une formule. Surtout pas théorique ou théologique. Peut-être pourrais-je dire : tu es un homme qui m'a séduit, il y a bien longtemps dans mon enfance. Tu étais celui qu'il est convenu d'appeler « l'enfant Jésus ». Celui de la crèche bien entendu, mais plus fondamentalement celui que je ressentais au fond de mon cœur. Peu à peu tu es devenu un maître de vie, de libération, d'une forme de bonheur qui brule. Au fond je pourrais peut-être résumer cela. Tu as été et tu demeures mon libérateur. Qu'est-ce que je pourrais espérer de mieux qu'une libération par l'intérieur, par l'amour et l'affection,  et par la médiation de celles et ceux qui m'ont aidé à y parvenir parce que, pour eux aussi, tu étais un maître à vivre.
C'est à la fois simple et compliqué. Disons que c'était simple au départ et que cela s'est compliqué pour avoir trop fréquenté un système religieux qui a bien failli m'éloigner de toi à jamais.

(À suivre… peut-être… j'écris parfois cela et la suite ne vient pas. Vous en êtes peut-être quelque peu frustrés, chères lectrices et lecteurs. Il y a des suites à l'intérieur de moi depuis des années que j'écris ce blog. Je n'en rends pas toujours compte ici. Ce n'est pas l'objet du blog. )




14 commentaires:

  1. Bizarre, mon exemplaire est titré "Soif" et pas "Joie" !
    Lapsus digital révélateur, cher AlainX ?

    J'ai beaucoup aimé ce livre également.
    Amitiés !

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    1. Bon sang ! Mais c'est bien sûr !
      Finalement c'est un lapsus digital que j'assume pleinement et qui même me réjouit.
      (J'ai corrigé)
      j'avais un peu compris chez toi que tu avais aimé ce livre. Mais l'homme pudique que tu es n'a pas beaucoup développé… ce n'est pas un reproche, on lit beaucoup ta bonté entre les lignes de ton blog…

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  2. je me prépare à lire ce livre et je m'en réjouis!
    J'aime que tu te poses la Q de savoir qui est Jésus pour toi... il me faudra y réfléchir...

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  3. J'ai très envie de lire ce livre, j'ai entendu Amélie Nothomb en parler et elle m'a semblé très authentique

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    1. Je pense que réellement elle vit « quelque chose de fort » par rapport à cet homme. J'ai eu aussi le sentiment d'une authenticité, même à travers un procédé littéraire.

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  4. Voilà quelque chose qui m'intéresse fort. Je vais voir si je peux trouver cet ouvrage.

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  5. J'ai lu ce livre deux fois. J'ai beaucoup aimé.Qui est Jésus pour moi ? Quelqu'un à qui je m'adresse souvent...

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    1. Je ne suis pas étonné que tu aies apprécié.

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  6. À 9 ans environ, qq'un que je ne voyais pas m'a montré mes erreurs sur le chemin. Pour moi cela ne pouvait être que Jésus… qui d'autre??? Aujourd'hui je dis que si j'étais née en Inde, j'aurais pensé à Krishna ou Buddha ou Guru Nanak, selon ce que j'aurais reçu comme enseignement. Les formes physiques du maître sont multiples mais le message toujours le même : " Ce que tu cherches est en toi ! Connais-toi toi-même ! Cherche d'abord le royaume ! " Krishna jouait de la flute dans la forêt et les Gopis se précipitaient à sa rencontre, rien ne pouvait les arrêter et je les comprends tout à fait. Alors c'est ainsi que je vois Jésus, le suivre c'est suivre mon coeur. kéa

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    1. Nous sommes forcément inscrits dans une culture. Généralement celle de notre lieu de naissance et en tout cas de la société où l'on se trouve ordinairement. Il y a un message universel, celui que l'on retrouve partout. Et puis il y a des spécificités propres à chacune des personnes que tu cites, ou d'autres.
      Ce qui compte sans doute c'est la relation intérieure avec Celui que l'on se choisit.
      J'aime beaucoup ta dernière phrase que je pourrais signer aussi : « le suivre c'est suivre mon cœur »
      merci, Kéa, pour ce témoignage

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  7. Depuis "Stupeurs et tremblements", je zappe cet auteur avec une indifférence feinte... Comme quoi une première impression peut s'avérer entêtante, cette femme pour moi est d'une candeur malhonnête.

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    1. Compte tenu de qui tu es (si je ne fais pas erreur sur la personne) tes propos ne sont pas pour m'étonner !

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