Seuls existent les commencements,
les aurores nouvelles,
qui nous tirent de nos nuits.
Être toujours voyageur de l'Aube.

jeudi 21 mars 2024

128 -- Pour vous qui je suis ?

 Évangile de Marc - Chapitre 8 ,27–35


Jésus est un être sans cesse en chemin. Il dit d’ailleurs «  Le fils de l’homme n’a nulle part où poser la tête ». Et ses disciples l’accompagnent constamment.

Ce n’était pas une sinécure d’être de ceux-là. 

Sur la route, mine de rien, il questionne : « Aux dires des gens, qui suis-je ? » 

Un sondage d’opinion ? Comme s’il voulait tester sa cote de popularité ? C’est curieux 

Les réponses sont variées, alors il précise : « et pour vous qui suis-je ? » histoire de voir ce qu’ils ont bien pu piger. 

Et moi, J’aurais répondu quoi ? Aurais-je eu l’ audace de dire : « Un drôle de type, mais passionnant à suivre et observer. »

Puis il dit comment lui voit les choses. Beaucoup de souffrance, des accusations, le rejet, pour finir par être tué mais, tadam, trois jours après il ressuscite !


Globalement ça ne plaît pas beaucoup aux disciples. Et franchement on a le sentiment qu’une discussion plutôt houleuse s’en suit, autant entre eux qu’avec Jésus.

Je note que Pierre critique sérieusement la manière dont Jésus voit les choses. J’avoue que j’apprécie cette liberté qu’à la fois  Pierre se donne et qu’en même temps Jésus la lui permet. Le disciple critique le maître nettement, même s’il se fait engueuler par lui ensuite.

Bravo !

Pierre reçoit une sévère remontrance du maître : « Tu ne penses pas comme Dieu mais comme les humains » Vlan !

Combien de temps il faut pour digérer ce genre de propos ? Et puis ça pose tellement d’autres questions : mais comment donc pense Dieu ? n’est sans doute pas la plus simple ...

L’épisode se termine par une déclaration où il est question de perdre sa vie pour la gagner et de sauver sa vie en la perdant…

C’est clair comme de l’eau de vaisselle !

Et après cela certains aujourd’hui aurait aimé être disciple de lui en ce temps-là…

Ils balanceraient certainement tout cela sur les réseaux sociaux afin de faire du buzz !


 Et moi ?

Si je regarde mon histoire personnelle avec Jésus d’une part, avec mon maître à vivre d’autre part, je crois pouvoir dire qu’il ne pourrait être question d’abandonner l’aventure ni avec l’un ni avec l’autre. D’ailleurs je ne l’ai jamais fait et à l’instant où j’écris je reste fidèle à l’un comme à l’autre. 


Ils m’ont tellement accompagné tout le temps sur  long du chemin, ne m’ont jamais déçu, et pourtant avec l’un comme avec l’autre je me suis embrouillé plus d’une fois. Et ce n’est pas qu’ils ont eu raison contre moi. C’est moi qui ait eu raison de persévérer et de comprendre et intégrer peu à peu ce qui m’a longtemps passé largement au-dessus de la tête et qui a mis des années à descendre en moi-même jusqu’à mes profondeurs les plus secrètes pour rejaillir dans mon existence concrète. Ils m’ont fait peu à peu quitter mon ego dont je pensais qu’il était le nombril du monde.

Alors que mon être profond est une extraordinaire source infinie de jaillissements  qui, à mesure que j’avance en âge, m’offre de plus en plus une profusion insoupçonnée il y a des années encore. 


Un jour un disciple du même maître m’a envoyé une carte postale où était écrit une citation d'une mystique :

« Je n’ai jamais cherché que la vérité...»

Il avait  ajouté à la plume :

— « Comprends-tu ? »


S’il était encore en vie, je ne pourrais que lui répondre : tu as tellement raison !


mercredi 15 novembre 2023

127 — Réconciliations


« Va d'abord te réconcilier avec ton frère » (Évangile de Matthieu 5,24)

Cette phrase se situe dans un long discours de Jésus à la foule  « sur la montagne ». Ça commence par le passage dit des béatitudes (heureux celui …). Heureux les pauvres en esprit, les affligés, les débonnaires, ceux qui ont soif de justice, miséricordieux, les cœurs purs qui procurent la paix, les persécutés pour la justice,… quelle histoire !

 Et puis nous sommes qualifiés de sel de la terre et de lumière du monde, c'est pas n'importe quoi non plus.


Plus loin, il rappelle les paroles des anciens « Tu ne tueras point sinon tu seras jugé ». Et c'est là que Jésus va plus loin : «quiconque se met en colère contre son frère mérite d'être puni par les juges ». Alors, avant de faire tes rituels religieux (aller à la messe dirait-on au pratiquant d'aujourd'hui), si ton frère a quelque chose contre toi, va d'abord te réconcilier avec lui.
Et c'est valable dans les deux sens a-t-il mentionné précédemment « celui qui traite son frère avec mépris doit tout autant être puni par le juge ».

Tout ça semble quand même rude et pas évident. Jésus donne l'impression de nous enguirlander. En tout cas il a une fermeté claire et nette. Si on extrait cette injonction d'aller se réconcilier avec son frère de l'ensemble du fameux « discours sur la montagne » on passe à côté d'un essentiel concernant ce à quoi conduit l'enseignement, à savoir les conditions du « heureux ».
La réconciliation est une condition du bonheur.

En regardant ma vie qui avance vers sa fin, force est de le constater. Tout ce que j'ai pu vivre en état de conflit, soit avec moi-même, soit avec les autres, ne m'a rien apporté de vraiment bon ni de 
vraiment positif, si ce n'est ce plaisir provisoire,  amer et frelaté, de la jouissance éphémère du vainqueur. Mais vainqueur de quoi ? : finalement vainqueur de rien du tout… c'est alors que l'amertume se transforme en dégoût profond de soi-même, et, hélas aussi, du dégoût des autres.

En revanche chaque fois que j'ai fait l'effort et le chemin que je pouvais vers l'objectif d'une réconciliation, lorsque celle-ci s'est produite, j'ai ressenti une paix intérieure qui flirtait avec un bonheur véritable. Et un rejaillissement positif sur mes autres relations.

Lorsque je regarde l'état de la planète à quelque niveau que ce soit m'envahit une désolation navrante de constater une forme de triomphe de l'injustice, par domination à n'importe quel prix y comprit les guerres, les crimes, génocides et autre horreurs qui abîment l'humanité entière.
Cela peut s'appliquer aux conflits entre nations, mais aussi largement à tous conflits interpersonnels, en couple, en famille, entre amis et soi-disant partenaires d'une aventure merveilleuse et positive au départ.
Les risques de la division sont constants et présents toujours et partout.

Raison de plus pour une vigilance accrue sur mes comportements.
Ce qui, je l'avoue, n'est pas évident et nécessite une descente en soi vers la zone de paix qui m'est présente avec sa permanence dans le lieu du Rouanme. 

C'est toujours moi seul qui m'éloigne de ce lieu.

mercredi 9 août 2023

126 — la Permanence d'être (tentative)


(Ce texte n'est qu'une ébauche)


Cela fera bientôt six mois que je n'ai pas écrit ici. Ce « lieu important » ne me quitte pas cependant.

Le Voyageur traverse des zones de turbulences. C'est loin d'être la première fois évidemment. Mais les années passent, et mon rafiot n'a plus la splendeur des grands voiliers, si tant est qu'il l'eut un jour.

En même temps quand la barque se fait plus vulnérable on y prête une plus particulière attention. C'est une manière indispensable d'en prendre soin.


Il y a peu je repensais au titre de ce blog, me rappelant les débuts en 2012 où je cherchais un titre qui dirait la quête et le voyage et puis « le Voyageur de l'Aube » s'était tout à coup imposé comme une évidence, une flagrance que « c'était ça ».

C'est toujours vrai et encore plus. C'est ce que je suis depuis si longtemps. Un voyageur, un peu chercheur, un peu explorateur, sans cesse en quête de la Lumière, en particulier celle de l'Aube, c'est-à-dire l'origine qui nous fait sortir de la nuit.

J'ai longtemps vécu dans des ténèbres, sans même parfois réaliser que j'y étais,. Alors on est capable de faire d'une vague lumière lointaine un soleil éclatant. Mieux vaut cela que le noir complet du désespoir épais d'une mort annoncée.

Voilà pour cet aspect métaphorique d'une forme de voyage au long cours, souvent solitaire sur la barque, mais toujours en lien, en présence, en relation avec d'autres voyageurs, comme il en est dans une course au large, mais celle-là est  sans véritable compétition.


Une autre image m'habite, elle permet d'évoquer le voyage intérieur dans son aspect introspectif et qui nécessite de se poser, s'arrêter, ne pas fuir.

Image du voyageur méditatif sur la colline qui domine quelque peu l'immensité qui s'offre à lui. Il la regarde, la contemple en quelque sorte et puis se laisse descendre jusqu'à ce que cette immensité soit perçue au fond de son être comme un territoire à la fois inconnu et familier. Et là il retrouve la même quête de l'Aube, avec ce sentiment qu'elle est sans cesse à apparaître, à revenir, mais non de manières répétitives comme le serait l'enfermement en soi ou sur soi, ce qu'on appelle généralement « tourner en rond ». Attitude mortifère dont j'espère être définitivement débarrassé.

 Une aube qui serait éternellement l'Aube ardente, et je fais ici allusion au Buisson ardent de la Bible. Ce serait ma manière de ressentir la perpétuelle nouveauté de la vie vibrante et de son éternelle présence de l'aube à l'aube. Ce serait un peu ça la vie éternelle qui habite le plus profond de soi et j'ose croire des autres qui vont « jusque-là ». Celle qui me fait radoter avec cette expression « les relations sont éternelles ».


On parle souvent de l'impermanence comme si rien ne durerait tout ne faisant que cesser et cesser encore. Comme une sorte de loi de fatalité. Il paraît « qu'en vieillissant on prend conscience de l'impermanence des choses », j'ai lu ça quelque part. Sûrement je ne dois pas être encore assez vieux ! 

Il paraît, d'après Bouddha, que la cause de nos souffrances serait notre attachement à ce qui ne dure pas.… Peut-être… quoi qu'il en soit il est vrai que mon bonheur provient de mon attachement à ce qui dure, car mon expérience de septuagénaire, m'a fait expérimenter « le durable bénéfique » au-delà de tout. Ce durable des profondeurs dont les aspects ne font qu'évoluer et se transformer au long de la vie, nécessitant évidemment de nous y adapter, et quand on a appris cette adaptation devient une source de joie et de créativité inépuisable. Et surtout on découvre qu'au fond de soi on est habité par une foule incroyable d'êtres humains d'hier et d'aujourd'hui. Comme s'ils constituaient nos assises communautaires, un dépôt de l'aventure commencée il y a des millions d'années. Nous voilà à des années-lumière de l'individualisme à la mode. Mode qui produit les dégâts que nous voyons tous les jours.


J'ai surtout l'impression d'être dans une transformation permanente, avec au fond de moi une forme de roc stable de bienfaisance offerte et venant d'au-delà de moi. Non pas insubmersible, mais qui demeure comme une fidélité des fidélités. Quelque chose qui m'appartient pas mais qu'on a déposé et à moi, qui n'est pas statique, fixiste, mais habité d'une vie qui désire se déployer sous des formes neuves. D'en faire ce que je sens être le mieux pour ma vie et par ricochets successifs forcément celle des autres en particulier celles et ceux qui m'habitent et par prolongements me relient à l'humanité entière.


J'ai toujours ce sentiment qu'on a certainement de la peine à comprendre mes propos et plutôt à les considérer comme un baratin creux. Mais qu'importe. Je ne viens pas écrire ici pour convaincre quiconque et même pas forcément pour me faire comprendre, même si bien entendu je le souhaite.


Heureusement il me semble connaître des gens qui confluent avec ce que je tente d'exposer.


(À suivre… peut-être… s'il y a des réactions…)




mercredi 15 février 2023

125 — la Parole du Silence.

J'ai hésité sur l'endroit où publier ce texte. Ne sachant pas me déterminer, j'ai pris l'option de le publier sur mes deux blogs.

*


Évidemment ce titre peut sembler paradoxal, et de plus l'auteur met des majuscules à deux mots. Voyez la prétention ! 

L'expression m'est venue au cours de la nuit, tandis que je guettais l'aube dans mes obscurités. Évidemment je cherchais à faire taire le moulin à bavardages intérieurs ,qui dans ma tête, profite de ces moments-là pour déchaîner les tempêtes d'inquiétudes de toutes sortes, les chimères imbéciles qui prennent un malin plaisir à descendre jusqu'au ventre.

Le retour à la respiration consciente est un antidote qui fonctionne pas trop mal. Alors, « la tempête apaisée » (c'est évangélique) procure son bienfait, parce qu'elle est toujours suivie d'un silence paisible, avec le murmure du clapot rassurant contre la barque de ma vie qui, progressant sous le vent redevenu favorable, regagne son port d'attache.

Alors vient s'installer le Silence, comme une nourriture, une bienfaisance nocturne qui détend le corps, le console et l'apaise.


« Je t'attirerai au désert et je parlerai à ton cœur » (c'est biblique).

. Qu'est-ce donc qui attire ?

. Quel désert ?

. Qu'est-ce donc qui parle ? Ou qui ?


Le Désert n'est pas un lieu aride empli de pièges destinés à nous faire mourir de soif. Les nomades qui vivent dans les déserts savent bien ce qu'il en est. C'est un lieu d'attention, de recueillement, de respect de la nature qui entoure, de sobriété et de lenteur efficace, de perception de la « vie secrète » et à tout le moins cachée aux yeux de ceux qui passent sans voir. On ne fait pas du tourisme désert, on y a demeure intérieure permanente.


— Ce qui attire… attire… Pourquoi une personne amoureuse est attirée, et même parfois irrésistiblement ? Peut-être parce que l'on sait que l'autre est l'oasis ? Sa luxuriance inattendue.


Alors s'en vient la Parole du silence, imperceptiblement, comme une douce chaleur enveloppante, une félicité espérée. La caresse délicieuse d'une parole sans mot, un propos qui se ressent au plus intime des profondeurs de l'être. Une expérience rare ? Je ne sais. Simplement pour ce qui me concerne je la connais.


Ce serait perdre son temps que de spéculer pour tenter de répondre à la question « mais c'est qui donc qui émet du silence signifiant ? ». Là encore il faut demander au moulin à baratin de fermer sa bouche. Un peu comme devant le paysage splendide on dit « chut ! » aux bavards qui empêchent d'écouter le murmure mélodieux de la vie profonde qui pénètre jusqu'au cœur.

On risque de rater un essentiel qui ne repassera pas par-là de la même manière. 


Et cependant, je m'éloigne si souvent. Comme si ce qui comble était encore insatisfaisant. Comme si le « plus-que-soi-en-soi » pourrait finir par se transformer en tyrannie de l'exploit.


lundi 10 octobre 2022

124 - Le bon grain et l'ivraie

Dans l'Évangile on trouve cette parabole du Royaume, que Jésus raconta à la foule, ce serait comme l'homme qui a semé du bon blé sur une bonne terre et des gens vinrent la nuit semer un mauvais grain (l'ivraie). Ça  pousse, on vit le désastre. Les serviteurs proposent d'aller arracher l'ivraie afin qu'on puisse faire par la suite une bonne moisson. Mais le Maître l'interdit : si vous faites ça, vous allez aussi arracher du bon blé… c'est seulement après la moisson qu'on fera le tri.


A priori, les disciples de Jésus  n'ont pas tout pigé. Si bien que rentrés à la maison, ils lui demandent un cours particulier. (Si ça vous intéresse l'ensemble du cours on le trouve par exemple chez Matthieu 13, 24-30). Pour ce billet je retiens que le champ c'est le monde, la moisson signifie la fin du monde. Et là « on » séparera le bien du mal : où ça ? Dans chacun de nous ? Dans l'humanité ? Et c'est quand la fin du monde ? Le « on » ce sera le Fils de l'homme et ses anges, et Jésus conclut : « Celui qui a des oreilles qu'il entende ! » Autrement dit comprenne qui peut !


Pour ma part, je n'ai certainement pas tout entendu ni tout compris. C'est pas plus mal d'ailleurs. Si toutes les paroles de l'Évangile étaient « claires comme de l'eau de roche » on lirait ça rapido et on passerait à autre chose.  À nous de clarifier,  ça peut  prendre des années si on est intéressé, c'est passionnant dans la durée.

Si vous ne l'êtes pas. Vous pouvez arrêter de me lire et passer à autre chose : mais quoi ? Je ne sais…


Cette parabole m'est revenue en tête à propos de ma relation complexe à la religion catholique.

Dans celle-ci je constate qu'il y a les deux : le bon grain et l'ivraie. Je me situe comme disciple du maître : Jésus. Je me situe donc en serviteur.

Mais dans la pratique je me suis barré. Je ne suis plus dans le champ de ce monde-là. Enfin c'est ce que je crois, c'est ce que je dis. Mais est-ce si sûr ? Parce que j'y retourne vers ce champ je le regarde pousser et disons le clairement en  me focalisant le plus possible sur l'ivraie, au point d'être prêt d'affirmer que le blé a complètement disparu, bouffé par l'ivraie. Ce qui n'est pas exact. Il y a toujours les deux composantes de la parabole dans l'organisation de la religion catholique.


J'en ai l'expérience au long de ma vie, tant personnellement que chez bien d'autres catholiques ou l'ayant été. Je me suis mis nettement en marge vers les années 1990. Aujourd'hui je m'estime « en dehors », mais cependant je garde un œil sur ce qui s'y passe, soit directement par des personnes, soit indirectement par diverses sources d'information (sur Internet, et aussi par des films ou reportages…).


Pour simplifier on pourrait dire que j'ai jeté le bébé avec l'eau du bain, c'est-à-dire que je ne me suis pas attardé à séparer les bonnes choses que j'ai pu recevoir (le bon grain) des graves dysfonctionnements d'une institution et ses conséquences néfastes pour ne pas dire mortifères  dont je fus victime ainsi que bien d'autres.


Il me faut revenir au bon grain qui fut semé en moi, et qui a produit de bonnes choses sur mon Royaume intérieur. Il est temps de le faire car la moisson approche pour moi.  Ne pas le reconnaître serait pur orgueil, d'autant que par ailleurs je tiens le discours qu'on n'est pas grand-chose sans les autres. Si ce n'est rien. Que j'ai même écrit un bouquin fondé sur la nécessaire gratitude.

Changer de focale nécessite un grand effort de revirement. Une rigueur avec le réel pour ce qu'il est, et non pas pour ce que je me l'invente partiellement.


 Je suis à l'aube de la moisson. J'ai même le sentiment qu'elle est commencée. Elle durera le temps qu'il faudra. il est temps de brûler l'ivraie qui est déjà apparue.


lundi 30 mai 2022

123 — Une évolution lente mais palpable

Il y a très longtemps que je lis le blog de René Poujol, ancien journaliste au groupe de presses catholiques Bayard, directeurs de rédaction de la revue Pèlerin, actuellement retraité mais toujours passionné de l'avenir de l'église catholique. Ce n'est pas une lecture régulière. Les articles sont souvent intéressants de même que les prises de position de l'auteur, grand observateur de l'église catholique. L'homme René, globalement, je l'apprécie pour sa liberté, la pertinence de son analyse, et sa foi évidente.

En revanche et très souvent, les commentaires me font réagir vivement et/ou très négativement. Parfois j'ai témoigné de mes emportements. Désormais le plus souvent je me tais. Enfin pas vraiment.… Je laisse tout cela sortir, mais pour moi-même, comme une sorte de purgation nécessaire, mon écran se remplit d'écriture de mes sentiments mêlés, et puis j'efface. Écran vide ! J'estime que c'est mieux. Et je pense que d'une certaine manière ça me purifie quelque peu. Ce qui ne sort pas marine et finit par pourrir en soi.


Peu à peu j'apprends à retrouver cette zone de moi ou j'avance vers une pacification dans ma relation « aux religions » (pour faire simple avec ce seul mot). Alors le constat d'une évolution, certes  lente, m'invite à en faire état à mes propres yeux, par nécessité intérieure et continuité de ma progression .


J'ai récemment commenté un texte de René Poujol, relatif au risque d'implosion du catholicisme français.  Dans ce commentaire je tente de revenir au centre de moi pour exprimer l'essentiel, sans me travestir, sans rajouter, délayer ou m'en prendre à je ne sais qui. J'aboutis à un texte qui me semble plutôt juste et je publie. Le voici :


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Du billet de René et des commentaires que j’ai pu lire j’essaye de retenir des éléments importants pour celui qui a choisi Jésus comme maître.

J’ai apprécié relire que Jésus n’a jamais voulu fonder une religion. Ce qui se découle directement de certains propos de l’Évangile. L’église n’est donc pas pleinement légitime à revendiquer parler en son nom. Elle peut le faire évidemment mais sa parole n’est qu’une parmi tant d’autres et quoi qu’il en soit elle ne cesse d’être protéiformes. La foi se nourrir de multiples sources. J’apprécie les « hommes de foi » disciples de Jésus qui s’expriment là comme ailleurs. Il faut rendre hommage aux hommes libres et non cléricaux qui ne sont pas emberlificotés dans les querellent intestines, dont ce blog témoigne depuis des années…

Que cette religion ou une autre puisse un jour se réformer. On a le droit de rêver… mais quand on s’est autoproclamée unique « gardienne de la foi » envers et contre tous, il n’y a guère d’autre solution que de partir ailleurs quand on voit ce que cela donne.

Cependant il est nécessaire et légitime de perpétuer les Évangiles, autrement qu’en finançant des imprimeries de bibles. Il est nécessaire au disciple que les hommes et les femmes se laissent enseigner par l’homme Jésus dont le Message, l’exemplarité et les propos sont fondamentaux pour le développement de l’humanité. On ne fait rien progresser en ce sens dans une religion autarcique supposée détentrice des Vérités des Vérités.

Ce qui est premier est l’accueil de la nouveauté créatrice à chaque instant dans la continuité de Jésus. L’Esprit libre. C’est incompatible avec le maintien d’une tradition réifiée qui n’a plus rien à dire à l’homme du XXIe siècle. C’est pour ça qu’il n’écoute pas. L’homme contemporain est déjà attiré ailleurs en lui-même.

Jésus propose une transformation intérieure sous forme d’une révolution personnelle qui fait faire l’expérience transcendante du « Royaume ». C’est une aventure personnelle, du à un, comme Jésus recruta ses disciples et apôtres… Aventure cependant à dimension universelle, parce que « plus que nous est en nous ».

Des hommes et des femmes ont compris cela et donc ont quitté une religion figée, la laissant à ses derniers soubresauts, lesquels occupent tout le temps disponible au lieu de les servir le Royaume.

C’est triste au final. Mais la réalité s’impose car les faits sont têtus.

Dommage. Ou plutôt chance peut-être d’aller rejoindre cet ailleurs où Jésus nous attend. Le temple n’est ni à Jérusalem hier ni à Rome aujourd’hui …

De ces temples-là, il n’en restera pas pière sur pierre a prédit Jésus.


Voici la réponse : 

Merci, bien sûr, pour l’hommage que vous rendez à ce blog et à ses conributeurs. Mais merci plus encore pour la sincérité de votre témoignage. Je viens de terminer l’écriture d’une conéfrence que je dois donner pour Pentecôte dans le cadre de Rencontres à l’abbaye de Sylvanès (Aveyron) sur le thème : Le christianisme a-t-il un avenir ? J’espère pouvoir en donner l’essentiel dans un prochain billet car je crois que les réponses qui s’esquissent ici ou là et qui correspondent en fait à ce « christianisme hospitalier » dont parle Danièle Hervieu Léger (d’autres parlent de l’émergence d’une christianité après la chrétienté et le christianisme) sont porteuses d’espérance bien au-delà des seuls croyants.

Un grand merci !

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 Ce merci je ne m'y attendais pas. En écrivant « j'apprécie les hommes de foi disciples de Jésus qui s'expriment… ». Je pensais à lui mais à bien d'autres aussi. (dont certains témoignent sur ce blog-ci). Nous avons des divergences fortes  sur certains points, cependant  nous sommes unis par le fond sur UN essentiel , parce que, lui, d'autres et moi, sommes des disciples de Jésus.


J'ai titré « une évolution lente mais palpable » pour témoigner d'une réjouissance, celle de me voir un peu plus en marche vers la pacification personnelle  de ma relation aux « gens d'église » qu'ils soient cléricaux ou laïcs. Ce n'est pas un aboutissement, mais j'y vois une sorte d'étape, de pierre blanche, que je ne vais pas oublier au risque de repartir sur un certain chemin de perdition. De cela je ne veux plus. Tout n'est pas résolu pour moi en ce domaine. Est-ce que ce le sera un jour ? Est-ce que mes plaies par des gens d'église cicatriseront durablement, sans souffrances encore ?

 Qu'importe, il faut aller sur « le chemin des montées ». Il est le seul qui vaille.

Et… vaille que vaille…


lundi 28 février 2022

122 — Mais qui donc sommes-nous ?


En décembre dernier j'ai abordé la question de Lui, Jésus : qui donc est-il ? Je tentais de répondre : il ne peut qu'être. Et dans cette perspective d'existence,  qu'en est-il de nous ?


En ces temps troublés par une pandémie mondiale et une guerre en Europe, nous, occidentaux, nous ne pouvons que nous poser des questions centrales sur l'identité profonde d'une humanité face à des périls qui ne sont pas de la rêverie ou de la simple spéculation.

lundi 6 décembre 2021

121 — mais qui donc est-il ?

Ça se passe tout en marchant en chemin. C'est pas une balade, c'est un déplacement. Aujourd'hui on dirait c'est un staff en déplacement professionnel avec le patron.

Jésus va de village en village avec ses disciples, parce qu'ils ont choisi d'aller ainsi pour qu'on entende ce qu'ils ont à dire, Jésus surtout. Aujourd'hui on dirait parce qu'il fait le buzz dans le coin. C'est qui ce mec ? J'aimerais me faire une opinion en le voyant.

dimanche 14 novembre 2021

120 — Proche et à ma porte.

Certains textes de l'Évangile ont des allures d'apocalypse, au sens commun du terme, la catastrophe finale dont on ne se remettra pas. C'est le cas de celui d'aujourd'hui. « En ce temps-là après une terrible détresse, le soleil s'obscurcira et la lune perdra son éclat. Les étoiles tomberont du ciel (etc. etc.…) ».

jeudi 4 novembre 2021

119 — À propos de comportement



« J'ai délaissé ce blog depuis août », c'est l'expression qui me vient en reprenant contact « avec lui », comme si je le personnalisais. C'est vrai que d'une certaine manière il représente une part de moi-même. Mon autre blog est assez relationnel, celui-ci est fondamentalement méditatif, mais en présence de qui veut bien venir ici. J'en avais expliqué les raisons au tout début. Elles demeurent.

Depuis le 10 août, date du dernier billet, ça ne fait même pas trois mois. Alors pourquoi je dis délaissé ?

mardi 10 août 2021

118 - La tempête apaisée.

 Relecture du début de mon billet 117 (le précédent), à propos de cette sorte d'assainissement qui se déroulait progressivement en moi. Tout à coup m'a traversé : « la tempête apaisée », la mienne en quelque sorte, et puis très vite j'ai pensé à l'épisode éponyme de l'Évangile, que je suis allé relire.

mardi 22 juin 2021

117 — Vers une fin de conflit ?

 Voilà sept mois que je n'ai pas écrit ici.

Ce n'est pas que le voyageur soit resté en panne de voyage, mais parfois on progresse dans le silence et la solitude, bivouaquant en chemin sans rencontrer quiconque. Je parle ici de rencontre d'intériorité à intériorité, pas de bavardages qui risquent toujours d'étouffer ce léger bruissement du vent divin dans les feuilles des arbres de la terre intérieure.

mercredi 4 novembre 2020

116 — Les visiteurs de nuit

 Parfois, la nuit, j'ai le sentiment de recevoir de la visite. Il ne s'agit pas de rêves ni de spéculations cérébrales. C'est comme une visite que l'on attendrait sans vraiment l'attendre. Enfin bref. Comprenne qui peut.

samedi 8 août 2020

115 -- Mes loyautés.

 Entre ce que je crois être et qui je suis vraiment, il peut y avoir une feuille de papier à cigarette ou un gouffre profond.


Déjà il est difficile d'être au clair autant sur l'un que sur l'autre.

Ce que je crois être relève d'une structure de pensée inculquée depuis l'enfance, forgée par soi-même ou sous diverses influences et donc ballotée par toutes sortes d'opinions ambiantes auxquelles on adhère ou qu'on rejette et/ou combat. Trop souvent on n'a même pas pris la peine d'aller vérifier au fond de soi-même ce qu'il en est « pour de vrai » : suis-je celui que je crois être ?

mercredi 22 juillet 2020

114 —Libérer la Vérité

Marc chap7 - 31 et s.
Jésus sortit du territoire de Tyr et revint par Sidon vers la mer de Galilée, en traversant le territoire de la Décapole. On lui amène un sourd qui a de la difficulté à parler, et on le supplie de poser la main sur lui. 
Il l’emmena à l’écart de la foule, lui mit les doigts dans les oreilles, cracha et lui toucha la langue avec sa salive ; puis il leva les yeux au ciel, soupira et dit
 : Ephphatha – Ouvre-toi ! 
Aussitôt ses oreilles s’ouvrirent, sa langue se délia ; il parlait correctement. 
Jésus leur recommanda de n’en rien dire à personne, mais plus il le leur recommandait, plus ils proclamaient la nouvelle. En proie à l’ébahissement le plus total, ils disaient :
- Il fait tout à merveille ! Il fait même entendre les sourds et parler les muets.

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Qu'on ait lu l'Évangile ou non, chacun connaît ces histoires de miracles qui ont fait l'objet de multiples commentaires, sous forme d'émerveillements, de railleries, ou de gentilles histoires pour personnes bigotes ou attardées.

jeudi 18 juin 2020

113 — Appartenance

J'appartiens à l'univers et je peux « penser celui-ci ».

J'appartiens à une immensité infinie dont je ne connais quasiment rien, si ce n'est ce que mes sens peuvent en percevoir ou apercevoir. Cependant je ne perçois guère  les manifestations d'une immensité invisible à mes yeux. 

Un univers visible et invisible.


lundi 2 mars 2020

112 - Respecter la croissance humaine


Il en est question dans une parabole archi connue : « Le bon grain et l'ivraie ». C'est l'une de celles de la série appelée « Les Paraboles du Royaume des cieux ».
Pour ce qui est de ce royaume, j'ai plusieurs fois évoqué ce que cela signifiait pour moi. En particulier ici en 2015 ( extrait) :

Cette perception du Royaume intérieur, au fond de soi. Combien mon être profond est cette dynamique positive qui me propulse en avant dans l’accomplissement de mon humanité personnelle.
C’est une vision courte si je la réduis à ma seule personne. 

mercredi 12 février 2020

111 — Où il est question de vibrations.


Dans l'Évangile, un certain Thomas veut voir pour croire. Lorsque des gens de la bande des 12 disent qu'ils ont vu  Jésus vivant après sa mort, il s'exclame :
« Jésus ressuscité ? La bonne blague ! J'y crois pas ! Tant que je n'aurais pas vu, de mes yeux vu, et touché son corps blessé. J'y croirais pas » enfin c'est en substance ce qu'il dit.

vendredi 10 janvier 2020

110 — À qui irions-nous ?




Note préliminaire :

Curieux ! Il a fallu que je rédige le billet précédent (et bien entendu qu'il y ait vos commentaires) pour que me viennent de nouvelles inspirations d'écriture sur la thématique de ce blog.


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Ce n'est pas ce qui manque des gens qui sont dans la panade. Un peu ou beaucoup perdus. Ne voyant plus très clair sur ce qu'il faudrait faire, ou pas. Comment voir clair, choisir, s'engager ou se retirer, changer de cap ou poursuivre.
Évidemment je ne m'exclus pas. La panade j'ai connu. Même si c'est moins qu'à certaines époques de ma vie, le brouillard se fait parfois épais. Ne plus voir clair entraîne facilement le découragement quand ce n'est pas la désespérance.

dimanche 5 janvier 2020

109 — Le point. Final ? Ou pas ?

En ce début d'année, faisons le point.
Six billets publiés ces deux dernières années. C'est peu, c'est le moins que l'on puisse dire !
Ce bloc peut sembler en déshérence, mais il n'en est rien quant à son auteur. Bien au contraire. Ma quête spirituelle n'a jamais cessé. À condition de ne pas assimiler spiritualité et religion, comme souvent. S'ajoute une dimension mystique, quelque chose de l'ordre de l'expérience, ou plutôt de son analyse et du sens donné. Soit il s'agit du domaine du réel, soit il s'agit de celui du délire. C'est une question d'option.