Seuls existent les commencements,
les aurores nouvelles,
qui nous tirent de nos nuits.
Être toujours voyageur de l'Aube.

jeudi 10 mai 2012

29 - Le revirement d'une parole intérieure (suite encore...))


Une parole transformante

Ce qui transforme, c'est lorsqu'on ressent assez vite qu'il y a un avant, et un après.
Ce fut le cas.
J'étais pareil mais je n'étais plus tout à fait le même.


Quelque chose avait surgi en mon être qui transformait quelques éventualités possibles en certitudes claires.
J'en reviens à cette image de la feuille de route. Il n'y a plus à tergiverser. C'est ça. Allons-y.
Alors, je me suis mis en route de manière nouvelle, même si, apparemment, ma vie ordinaire ne fut pas marquée de brusques ruptures, de changement à 180°, de sautillements sporadiques de cabri, et autres choses du genre.
La nouveauté était une détermination sans faille concernant ce vers quoi il convenait que j'aille.


Une parole nourriture

Dans la nourriture, il y a celle qui donne des forces pour agir, il y a celle qui donne du plaisir.
Dans la parole intérieure il en va de même. On peut se faire plaisir à l'entretenir comme un petit trésor personnel, comme dans le temps, on lustrait l'argenterie pour lui garder son clinquant et l'exposer aux alentours.
On peut aussi la considérer comme une nourriture dans la mesure où la rejoindre pour ce qu'elle est, en termes de ressenti dans le corps, amène à constater qu'elle fait plonger directement dans la source de nos énergies, comme un forage dans le sol fait jaillir la source vive jusqu'à ce qu'elle abreuve, c'est-à-dire remplisse son rôle.

Il y a aussi une nourriture dans cette sorte de manducation, chère à certains mystiques, afin d'entrer plus loin dans la compréhension, de l'assimiler pour ce qu'elle est, et non pas pour ce qu'on voudrait qu'elle soit. 

Un dévoilement progressif du sens

Le sens de certains impératifs que comporte cette phrase, je n'en aurais la compréhension que bien des années plus tard. De manière rétrospective le plus souvent. — Ainsi donc c'était cela le sens de… !
Cela demeure vrai aujourd'hui.
Je n'ai plus le besoin de prononcer la phrase en moi. Elle est suffisamment active. Elle est comme cousue à mon être, c'est-à-dire aux profondeurs actives de moi.

— Faillir en chemin

Je n'ai pas toujours été fidèle à cette feuille de route. Il m'est arrivé de l'enfouir au fond de ma poche. 
— Après tout, je fais ce que je veux bon sang !

Dilemme entre ce que je veux et ce que je dois ? Pas vraiment !
Infidélité à ma conscience profonde plutôt. Infidélité à ma nature la plus essentielle.
Car ma feuille de route n'a rien d'une injonction extérieure, ni d'un surmoi, ni d'une autorité à laquelle il conviendrait d'obéir servilement. Tout cela ne peut amener que rebellions, contre-dépendance, aigreurs d'estomac permanentes, sentiments d'être exploité, ressentiments contre autrui, et tous ces phénomènes bien connus qui creusent notre malheur…

Ma feuille de route et un programme de bonheur. C'est pour cela, uniquement pour cela, que j'y suis toujours revenu. Je n'ai pas vocation au martyr. C'est pas ma tasse de thé ! Les souffrances subies c'est largement suffisant, pas la peine de s'en rajouter des couches par soi-même.

Programme de bonheur, parce qu'il me correspond totalement, me permet de m'accomplir dans les dimensions essentielles de ma personne, me permet d'apporter aux autres un certain don de moi-même, et donc, je ne peux m'en prendre qu'à moi-même, de faillir en chemin, assez bêtement, alors que plus et mieux demeure constamment à portée de ma main.

Conclusion provisoire

Me voici donc ramener à la question du départ : « Qui parle ? »
Qui m'a fait le cadeau de cette parole qui a fondamentalement engagé ma vie sur ce chemin du bonheur d'être ?
(Ce qui ne veut pas dire sans difficulté, souffrance et épreuves… Je me répète peut-être… Mais c'est absolument fondamental de ne pas confondre le bonheur d'être avec le sentiment de quiétude et de bien-être superficiel ou plus ou moins fort. Je n'insisterai jamais assez sur ce point. Le bonheur est un fruit d'exigences de vie !...)

C'est le genre de choses qu'on ne peut pas uniquement s'offrir à soi-même.
Le mouvement qui part de soi et revient à soi est toujours étriqué. On finit par sentir le rance et les autres s'éloignent de nous.

Alors qui est le donateur ?

Vaste question ! Il faudra bien que j'y revienne !
D'autant que je n'ai nulle envie de me précipiter sur la réponse que bien des personnes me tendent avec leurs petits bras : c'est Dieu ! Remercions-le ! Alléluia !
(prochain texte: le donateur et le don)

8 commentaires:

  1. peut-être est-ce trop difficile en effet de reconnaître que ces mots qui te nourrissent depuis tant d'années te soient venues de Quelqu'un qui t'aime et te veut du bien. Tu as reçu là un vrai cadeau qui colore ta vie encore aujourd'hui!
    Ca fait deux billets que tu t'interroges à ce sujet, et sans doute bien plus longtemps que ça se passe en profondeur en toi
    Ce qui part de soi et revient à soi est toujours étriqué dis-tu! Je le crois aussi!
    Mais le dernier paragraphe montre qu'il y a une résistance en toi, pourquoi se "moquer" des personnes qui évoqueraient Dieu à ce sujet?
    Maintenant c'est sûr, de quel Dieu s'agit-il... je l'ignore, mais pour ce qui me concerne, j'y réfléchis!

    Tiens, t'est-il difficile de remercier (mais remercier vraiment), quand on te fait un cadeau?
    Je dis ça, je dis rien évidemment

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  2. le Voyageur10 mai, 2012

    Si je comprends bien, tu as le présupposé que ce soit venu de Quelqu'un ( avec une majuscule). Ce qui n'est pas tout à fait mon positionnement. Je n'exclus pas non plus totalement.
    Quant à l'idée d'un « cadeau », ton commentaire me permet de réaliser que je n'aurais pas dû employer ce mot.
    Il n'est pas vraiment adapté à la manière dont je vis cette parole que j'évoque. Tu vas me permettre ainsi de rectifier dans une édition ultérieure.
    Parce qu'en fait, dans le concret de mon existence, la fidélité à cette parole inscrite au fond de ma conscience, elle m'a coûté énormément à bien des points de vue. et même si c'est, de fond, une route de bonheur, je pourrais plutôt dire : - « Ben dit donc ! c'était pas un cadeau… »
    car c'est dans le même temps une route d'abnégation. ( Quand on est sur cette route évidemment… Lorsque j'en dévie… C'est autre chose…)

    Je crains beaucoup que l'on se fasse des représentations imaginaires sur la réalité de ce vécu, que j'ai tenté d'exposer, c'est-à-dire de m'exposer...

    Je m'étonne de ton dernier paragraphe. Toi qui a connu mon projet initial de livre, qui se voulait uniquement centré sur la gratitude, c'est-à-dire le remerciement de tous ceux dont j'ai reçu quelque chose.

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  3. Ce n'est pas parce que ce n'est pas un cadeau (parce que exigeant!! ) que ce n'est pas un cadeau
    Un cadeau qui porte la vie au delà de son exigence
    Je me suis mal fait comprendre
    Et je constate que je t'ai blessé
    Désolée, vraiment!
    Difficile parfois de commenter

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  4. Le bonheur est fruit d'une exigence, oui, sans doute possible. Exigence de véracité, de fidélité à ce que nous sommes, irréductiblement.
    Finalement, pour paraphraser Nat, "qui que quoi dont où", peu importe, non ?
    J'attends la suite du voyage :-)
    Lise

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  5. le Voyageur11 mai, 2012

    Lise,
    En tout cas, le bonheur est fruit de quelque chose… C'est pour quoi il me semble qu'on ne peut pas « le rechercher comme tel », comme on chercherait un bien précieux égaré.
    Pour moi c'est un peu exigence de rigueur et de droiture envers soi-même.

    « peu importe » ?
    J'aimerais bien…
    Le problème, c'est que je suis du genre à rechercher « qui que quoi don où »…

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  6. charlotte12 mai, 2012

    Qui est le donateur? Et s'il y avait plutôt "des" donateurs?"
    Je t'ai donné une réponse dans mon commentaire précédent. On pourrait penser aussi à tous ceux que tu as rencontrés dans ton existence et qui sont"des donateurs de vie" Certains t'ont marqué, t'ont forgé au plus profond de toi même. (J'en ai rencontré j'en rencontre encore...des donateurs de vie.)
    Parmi ceux là, il y a peut-être justement cet homme (dieu) Jésus Christ,Bernadette Soubirou, ton maître à penser, ta compagne et tous ceux à qui tu témoignes de la reconnaissance dans ton livre...etc
    Tous ceux là t'ont parlé en quelque sorte mais c'est toi, uniquement toi qui a entendu , écouté... parce que ce que tu as entendu, te parlait...

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  7. le Voyageur12 mai, 2012

    Charlotte,
    Chaque billet que je publie ici a été écrit il y a plusieurs semaines.
    Les commentaires, dont je remercie chacun et toi en particulier, nourrissent mes réflexions à venir.

    Les donateurs de vie sont légion. C'était bien le sens du livre que j'ai publié.
    Cependant je ne peux occulter l'hypothèse qu'à travers tous là il y a UN Donateur d'origine.
    c'est le sens même de ma quête sur ce blog.

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  8. Charlotte14 mai, 2012

    Poursuis ta recherche Alain... C'est passionnantet pour toi et pour nous qui te lisons.

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Merci.
Je le publierai en votre nom.