Hier, j'ai regardé le truc officiel sur le nouveau pape, à la télé. Un choix délibéré. Et en même temps une sorte d'impératif qui me poussait. J'avais un certain désir d'innocence. Comme une forme de retour sur image.
Il y a peu, quelqu'un avec qui je me coltine à propos des « choses de la religion » me faisait remarquer que ma révolte contre l'Église est à la mesure de mon attachement à celle-ci.
C'est assez vrai. Dois-je ajouter hélas ? ! Ce qui est exact, c'est que cette remarque m'a profondément interpellé. Ce qui est certain c'est que je ne peux pas être indifférent, comme je croyais qu'il fallait que le devienne, parce qu'on ne peut pas enlever un seul passage des Évangiles, ni des propos de Jésus, dont le message est sans cesse adossé à un collectif de transmission. Ce serait forcément une trahison. Or, il y a au fond de moi un désir de fidélité à Jésus, et une proximité à quelques personnes qui partagent ce désir et dont je ne peux me détacher sans péril pour moi-même.
Voilà pourquoi j'ai regardé le pape à la télé, puisqu'il y avait une sorte de potentiel de nouveauté dans la personne de ce François. Alors bien sûr, il y a tous les signes médiatiques organisés pour signifier une différence, pour ne pas dire une singularité, peut-être l'embryon d'une évolution, voire d'une rupture. Cependant, je ne suis pas dupe, même si quelques émotions positives (pour moi-même) sont venues m'envahir.
Plus intéressant était son discours (sermon) inaugural. J'ai eu plutôt le sentiment d'une proximité aux valeurs de l'Évangile, qu'un discours d'appareil avec la langue de bois vaticane. Des propos qui parlent au coeur, ce qui est d'ailleurs bien dans la ligne d'Ignace de Loyola. Or, c'est bien de cela dont il s'agit lorsque Jésus s'exprime. Parler au coeur, le réveiller, voire le révéler, parler pour rejoindre la profondeur de la grandeur de l'homme et lui offrir ainsi l'accès à sa liberté la plus fondamentale.
Une religion qui oublie sa mission de libératrice doit être mise à la poubelle. En tout cas ainsi doit-il en être de la chrétienté. L'histoire a malheureusement démontré trop souvent l'inverse… Une religion qui brandit les interdits et passe son temps à regarder par le trou de la serrure pour observer les pratiques sexuelles afin de mieux les condamner, c'est vraiment la déviance dans toute sa splendeur.
Autrement dit, le discours du nouveau pape me ramenait aux expériences personnelles et libératrices que la fréquentation de l'Évangile m'a apportées. J'évoque cela dans un certain nombre de billets de ce blog.
J'entends souvent des critiques affirmant que les textes de lEvangile sont bourrés de contraintes, d'obligations, de commandements, de jugements, voire de condamnations. Ce qui est le plus curieux c'est que les personnes qui disent cela n'ont jamais lu en direct les textes dont il s'agit… On véhicule des « on-dit »… Et on s'en contente…
Cette expérience libératrice est pour moi très en conformité avec le thème du « gardien » que le nouveau pape a développé dans son discours, dans toutes les dimensions de cette attitude fondamentale.
Pour ma part je retiens la nécessité d'être gardien de soi-même, de l'autre, de l'environnement. Je cite simplement ce passage, qui touche un certain universel, tout en ajoutant le concept central de la chrétienté, selon lequel nous sommes des créatures de Dieu.
(…) c’est le fait d’avoir du respect pour toute créature de Dieu et pour l’environnement dans lequel nous vivons. C’est le fait de garder les gens, d’avoir soin de tous, de chaque personne, avec amour, spécialement des enfants, des personnes âgées, de celles qui sont plus fragiles et qui souvent sont dans la périphérie de notre cœur. C’est d’avoir soin l’un de l’autre dans la famille : les époux se gardent réciproquement, puis comme parents ils prennent soin des enfants et avec le temps aussi les enfants deviennent gardiens des parents. C’est le fait de vivre avec sincérité les amitiés, qui sont une garde réciproque dans la confiance, dans le respect et dans le bien. Au fond, tout est confié à la garde de l’homme, et c’est une responsabilité qui nous concerne tous. Soyez des gardiens des dons de Dieu !
Donc voilà.
Tout cela n'est pas forcément de nature à ce que je revienne dans l'église catholique, le sourire aux lèvres, et la gueule enfarinée…
C'est juste que je souhaite éviter de jeter le bébé avec l'eau du bain.
Bonjour,
RépondreSupprimeroutre ce que tu as mis en avant, j'ai été tout particulièrement sensible au fait que cet homme aille à contre-courant du discours défaitiste récurrent dans la sphère catho. J'ajouterai que ses phrases sur la tendresse m'ont fait du bien, c'est un mot que les autorités religieuses réservent (à mon avis) trop souvent à Dieu.
J'ai un peu le sentiment que cet homme porte en lui « une aptitude à faire du bien aux personnes ».
Supprimerça nous changerait !
Les cathos qui se mettraient à aimer ceux qui ne pensent pas exactement comme eux !…
Quelle révolution !
( Bon d'accord… Je suis un tantinet de mauvaise foi…!! :) Il doit bien y en avoir trois ou quatre qui sont différents… :-)) )
Ce nouveau Pape m'a beaucoup émue. Je le sens proche de l'homme et de tous les humains que nous sommes.Il se met vraiment à la portée de chacun et des plus pauvres , ceux qui ne croient et n'espèrent plus au milieu de toutes les figures que l'on nous montre en exemple, ceux qui sont dans la course à l'avoir au lieu d'essayer de découvrir en eux la force de vie qui les anime et qui est dans la parole vivante du Christ descendu parmi nous.
RépondreSupprimerNous avons besoin d'être réconciliés avec notre propre histoire comme l'Eglise a besoin de se réconcilier avec l'image qu'elle laisse au monde... La religion de la peur doit évoluer pour n'être qu'une religion de l'amour où tout homme, loin de recevoir un jugement se sentira accueilli avec tendresse dans tout ce qu'il a à devenir .
Ce pape m'a beaucoup impressionné par son humilité, sa bonté et sa simplicité.
L'Esprit Saint agit avec beaucoup de discrétion et nous a envoyé le Berger du troupeau dispersé.
Le choix de son prénom, le premier François de la lignée papale est un symbole fort de sa personne. L'homme fait partie de la nature et il est temps qu'il s'en rapproche et la respecte autant dans sa propre personne que dans sa diversité environnementale.
Nous sommes tous appelés à être divinement humain et humainement divin, ce chemin à prendre dans nos vies n'est pas si simple et pourtant, si nous faisions seulement acte d'humilité, combien plus nous pourrions prendre conscience de la grande et inépuisable miséricorde du Père.
Ce Pape venu du bout du monde me fait penser au Père qui est venu parmi les hommes en épousant sa forme humaine, pour se mettre à la portée de chacun, du plus petit comme du plus grand et pour nous apprendre qu'on a tous la même place dans le coeur de Dieu. Si seulement nous voulions bien croire un peu plus et garder en nous cet esprit d'émerveillement qui nous est proposé!
Brigitte
prendre soin les uns des autres y compris de soi
RépondreSupprimerêtre le gardien, non pas de l'autre, ce n'est pas non responsabilité, du moins je ne crois pas, mais gardien des donc de Dieu
Cela suppose un très grand respect de l'autre
J'aime bcp!
Et je m'en vais lire l'ensemble de son discours;-))
Je pense qu'on peut être appelé à être le gardien de l'autre. Soit qu'il le demande, soit qu'on le perçoive en péril et que l'on agisse en conséquence. D'ailleurs, dans certaines circonstances, la loi y oblige.
SupprimerEn tout cas j'ai déjà demandé à quelqu'un « qu'il me garde ».
*notre resposabilité
RépondreSupprimerJe ne sais pas ! je suis perplexe !
RépondreSupprimerIl y a eu ces histoires de junte militaire en Argentine et forcément les gens occupant des postes élevés dans la hiérarchie ecclésiastique ont eu à prendre position à ce sujet. Certains prêtres ont pris position contre la junte et en ont subi les conséquences en disparaissant de la carte tout simplement, sans que les évèques ne se portent à leur défense. Alors "le pape des pauvres ???" je ne sais pas ! kéa
Je ne vais pas prendre la défense de quiconque. J'observe seulement qu'en 1976 ce nouveau pape n'était ni évêque ni responsable de la hiérarchie ecclésiastique. Il était simplement Supérieur des jésuites de son coin. J'ai quand même un peu de mal à imaginer qu'il aurait dénoncé deux de ses propres jésuites à la junte militaire pour qu'ils soient torturés…
Supprimerle Prix Nobel de la paix argentin Adolfo Pérez Esquivel, vient de déclarer que, selon lui, "Le pape François n'a pas été complice de la dictature argentine"
Dans le genre "complicité", il y aurait sans doute plus de reproches à faire aux milliers de Français collaborateurs sous Pétain...
Moi je ne pense que du bien de ce nouveau Pape François.Tout ce que j'entends et lit à son sujet me conforte dans mon impression que c'est le Pape qu'il nous faut. Il est simple et vrai.
RépondreSupprimerJ'attends de voir les décisions qu'il prendra…
Supprimer