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mercredi 26 mars 2014

68 - Dieu intervient-il dans ma vie ?


Il est des gens qui voient Dieu à l'oeuvre partout, à chaque instant, tout le temps, comme s'il présidait à chaque acte humain. C'est tout juste si Dieu n'agit pas à la place de la personne dont il se servirait comme d'un instrument pour son bon plaisir. Où serait la liberté que, paraît-il, il nous a donné ? Sans tomber dans ces extrémités qui me semblent excessives : Dieu intervient-il dans nos vies ?


Comme je ne veux rien théoriser sur ce blog, (des théories on en a des millions), j'essaye comme d'habitude de référer à mon expérience personnelle. Autrement dit : Dieu est-il intervenu dans ma vie ? Est-ce que j'ai ce sentiment, ce ressenti, cette certitude ? Est-ce que j'ai des preuves ? Est-ce que ce sont des interprétations, la référence un système de croyances ? Est-ce que c'est une question culturelle incrustée dans ma personne, issue des croyances chrétiennes de mon milieu ?
Je peux tourner en rond des années avec ce genre de questionnement. Aucune réponse fiable ne peut être donnée sur ce registre. On en revient toujours à une question de choix personnel, une question de foi qui reposera sur des faits auxquels on accordera un sens profond, parce que cela ouvre une porte sur un chemin lumineux que l'on a le désir de parcourir.
Enfin, je vis cela ainsi.

L'intervention de Dieu dans ma vie, je la distingue de l'expérience de Présence à l'intime de moi. On peut être en présence d'un ami, en relation avec lui, sans que ce dernier ne soit directement agissant par des actes. Le mode d'action de l'ami est alors comme le subtil produit de l'amitié elle-même, parce qu'on a confiance, on écoute ses propos, voir ses conseils, et que cela aura une interférence (si possible positif…) sur nos actes présents et à venir.

L'intervention, c'est une forme d'action quelque peu tangible.
Préparant une conférence sur l'autobiographie que j'ai écrite, je me remémorais la relation à mon père. En particulier me revenaient les actes qu'il a pu poser sans que je le sache, ne les apprenant que des années après, et même après son décès. En particulier ce qu'il a fait pour moi pendant et après mon accident de santé, quelque peu « dans l'ombre », discrètement, pour mon bien réel, favorisant telle ou telle chose dans mon parcours, intervenant aux fins d'aplanir ce qui pour moi représentait des montagnes en raison de mon état physique. Mais j'ai ignoré bien des choses concrètes. Je n'en eu la "révélation" que bien plus tard, notamment dans des écrits découverts après sa mort, et dans le témoignage de mon frère ainé.

Me remémorant tout cela avec une infinie gratitude, avec cet amour filial qui demeure en moi pour lui, me monta cette parole : 
— « c'était toi, et je ne le savais pas… ».
Dans le même temps sont venus en moi, comme se superposant, certaines paroles de Jésus, des propos de l'Évangile qui tournent autour de ce thème.

tels que :
Et quiconque donnera seulement un verre d'eau froide à l'un de ces petits parce qu'il est mon disciple, je vous le dis en vérité, il ne perdra point sa récompense.
………..
Car j'ai eu faim {moi Jésus}, et vous m'avez donné à manger; j'ai eu soif, et vous m'avez donné à boire; j'étais étranger, et vous m'avez recueilli;
Les justes lui répondront: Seigneur, quand t'avons-nous vu avoir faim, et t'avons-nous donné à manger; ou avoir soif, et t'avons-nous donné à boire?
Quand t'avons-nous vu étranger, et t'avons-nous recueilli; 
Et le roi leur répondra: Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous avez fait ces choses à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous les avez faites.

À moi que vous l'avez fait ? Qu'est-ce à dire ? Et puis quelle conscience avait mon père de tout cela ? C'était un homme qui avait une grande foi, à sa manière sans doute, mais elle était enracinée dans sa droiture, sa bonté et sa vérité, qui témoignaient de celle-ci. Je me plais à penser qu'il en dialoguait avec ce jeune prêtre évoqué dans mon billet précédent. Peut-être voyait-il dans le fils que j'étais, la trace du divin inscrite. Et que de tout cela il fallait en prendre soin.

Alors je crois qu'il me faut reconnaître que dans ce — « c'était toi, et je ne le savais pas… », Le « toi » recouvre à la fois mon père de chair, et le divin qui l'animait dans la réalité de sa paternité humaine.
Longtemps je fus ignorant de ce mode d'action divin, respectueux de la liberté du cheminement que je faisais, que j'avais à faire, en fidélité à ma propre conscience qui, au final, est aussi une fidélité à ce qui me dépasse, me transcende, me propulse a tenté d'être dans ce même mouvement de droiture et de vérité que mon père m'enseigna, par ses propos (qui prenait parfois un aspect un peu moralisateur…), mais surtout par ses actes et ses attitudes et par ce que je recevais de lui par osmose.

Il me fallut tant de temps pour percevoir cette réalité… Pour percevoir qu'il était « Sa » présence à mes côtés, tout au moins une parcelle de sa présence, à la mesure de la parcelle du divin qui réside au coeur de chaque homme.

14 commentaires:

  1. je suis venue lire ce billet deux ou trois fois, en le laissant descendre en moi, en essayant de comprendre, en le laissant résonner son écho en moi.
    tu écris:" L'intervention de Dieu dans ma vie, je la distingue de l'expérience de Présence à l'intime de moi"
    Justement dans mon humble expérience, les deux sont intimement liés... il faut simplement que j'ouvre mon coeur pour prendre conscience de cette Présence, parfois si présente!
    Une intervention en termes d'actions plus ou moins tangibles... je vois pas trop cela! Sauf être l'objet d'un miracle, ce qui est rare, quand même...
    Par contre ton tout dernier paragraphe, j'y communie totalement, et j'aimerais bien être pour mes proches, cette parcelle de vraie Présence...

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    1. tu dis : "j'aimerais bien être pour mes proches, cette parcelle de vraie Présence..."
      La question est sans doute : Comment fait-on pour l'être ? (cette parcelle)

      Pour ce qui est "d'accueillir" pour ma part, c'est toujours et forcément dérangeant.... d'accueillir en soi une présence étrangère...
      je réfère à ceci cité : "j'étais étranger, et vous m'avez recueilli;"

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    2. j'ajouterai bien ceci à propos d'une autre de tes propos :
      "... Sauf être l'objet d'un miracle, ce qui est rare, quand même..."
      le miracle est ce qui manifeste une intervention spéciale bénéfique et gratuite de Dieu
      D'où ma question du billet....
      Pour mes parents j'étais "un miraculé" (voir mon billet 10)....
      J'ai toujours respecté cette interprétation.... qui valait bien la mienne différente, comme j'en parle en 2012.
      Mais aujourd'hui je ne dirais pas exactement les choses comme dans ce billet 10 sur ma légende personnelle. Je veux dire qu'elle n'est pas incompatible ni opposable à la conviction familiale (exprimée le plus fortement par ma mère).

      -----
      Merci pour ton commentaire qui me donne à réfléchir moi aussi....
      c'est "fait pour" d'ailleurs.....

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    3. pour répondre un peu à ta question:
      je sais TB quand je ne suis pas cette parcelle d'amour... par ex, qd je grommelle, rechigne, me renferme, quand je ne suis pas capable de tourner bride et je m'enfonce dans le marasme
      Quand je suis une parcelle d'amour divin... (et ça se décide bien souvent consciemment,- alors mon coeur s'élargit... je le sens physiquement!

      Quand à accueillir "l’étranger"... ah oui! c'est une interprétation nouvelle pour moi...
      et c'est vrai que ce n'est pas facile...

      Pour le miracle...
      La conviction familiale c'est que tu es un miraculé!
      Aujourd'hui, à la suite de Yung on parlerait de "synchronicité" (cfr la réponse de Giboulée aussi!)
      Miracle ou synchronicité? peut-être est-ce la même chose...?

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    4. Bonjour et pardon de "m'immiscer" mais pour ce qui est de la synchronicité qui jalonne beaucoup mon existence et qui chaque fois me fait sourire parce que je pense (naïvement peut-être) qu'il y a eu "intervention". Myriades de petits "miracles" ou simples "coups de pouce (ce qui serait quand même du domaine du miraculeux j'en conviens). Venant de qui/quoi cela m'intéresse peu, je me laisse porter par la bienveillance évidente de l'action.Pour ma part ce qui est important ce n'est pas le messager: c’est le message.

      Bonne journée :)

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    5. Je comprends bien cette option du "constat". D'autant que ce positionnement fut longtemps le mien...
      Un jour m'est venue la question du "messager" pour reprendre votre terme.
      Parce qu'un jour j'ai eu le besoin (désir) d'une démarche de gratitude envers "le(s) généreux".
      Autrement dit le "messager" est devenu important à chercher.
      La quête est à la fois longue et passionnante.... (enfin pour moi...)

      Merci pour votre commentaire.

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  2. Je pense qu'il y'a quelques années j'aurais totalement adhéré à ce que tu as écrit. Mais bon, là il vient de se passer quelque chose d'étonnant. j'ai été opérée de la hanche il y a un peu plus de 3 semaines et j'ai l'impression s'avoir cumulé les emmerdes depuis: hématome, oedème, grosse anémie, difficultés diverses. Mon chirurgien étant très imbus de lui-même (enfin ça tu connais aussi bien que moi), j'ai vu mon généraliste, un ami chirurgien et ma kiné qui est quelqu'un de très fiable. Seulement voilà, je suis décue... Hier je me décide à envoyer un mail à mon chirurgien pour décrire un peu ce que je vis (il m'a dit de prendre rendez vous un mois après la sortie de la clinique). J'envoie mon mail et par sécurité j'appelle la secrétaire pour que le mail ne tombe pas à la trappe. Et alors là, elle me dit: mais je vous ai donné un rendez vous avec lui, je vérifie, oui vous avez rendez vous le 28 mars à 11H40. Je suis certaine de ne pas avoir eu cette feuille, mais je dois dire que quelque part, j'y ai vu la main de Quelqu'un. J' n'aie aucun problème pour avoir le rendez vous pour la radio.

    Coincidence, peut être, mais je me dis que quand même il s'est passé quelque chose.

    Voilà ma petite histoire du jour. Est ce un petit miracle,pour moi oui. Maintenant je balise pas mal car si quelque chose ne va pas, ce sera de ma faute et pas de la sienne. Et un mec qui m'appelle "ma petite dame" je dois dire que j'ai du mal. A suivre.

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    1. bonjour Giboulée
      A la suite de Jung on pourrait parler de "synchronicité"...

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    2. La première phrase donne à entendre un certain désaccord avec ce que j'ai écrit. Mais ce que tu dis ensuite ne vas pas vraiment dans ce sens. Donc, quelque chose doit m'échapper…
      quoi qu'il en soit… Tu n'échapperas pas au rendez-vous en question !

      autre chose que je comprends mal : qu'est-ce qui serait de ta faute ?

      Enfin, je suis bien désolé des complications de ton opération. En ce cas, c'est toujours pénible le chirurgien imbu de lui-même qui alors s'agace et n'écoute pas le patient…
      Le : « ma petite dame » m'a fait sourire…
      Le mien, l'an dernier avec mon histoire de tumeur au bras, m'appelait : « jeune homme » !
      mais bon, il était fort sympathique et très compétent… Ce qui compensait !

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  3. Sa présence en moi, une évidence, non pas comme la présence d'un étranger mais plutôt comme la présence de mon vrai moi, celui qui me fonde, celui que parfois je veux oublier, celui que je renie, celui que j'enlaidis. Cette présence qui est ma liberté de dire oui et d'être, ou de dire non et de mal- - être, ma liberté de m'ouvrir contre ma non-liberté de me fermer. Oserais - je dire que c'est plutôt moi qui oublie d'être à l'intérieur de moi (Saint Augustin l'a dit beaucoup mieux ) ?
    Son intervention, peut-être , sûrement, oui, je crois que je peux lire sa présence d'action ou de prévention dans quelques circonstances bien précises, par une Présence que je qualifierais "d'extérieure" pour la distinguer de celle que j'évoquais précédemment) , ou encore par la médiation de quelques personnes ( certaines d'ailleurs, nieraient farouchement cette lecture).
    Pourquoi ce qui me semble tellement évident est folie pour mes proches ?
    nicole 86

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    1. oublier... renier... enlaidir.... ohlà ! N'est-ce pas un jugement trop négatif porté sur toi ? Voire une "autopunition" ?
      la présence à soi, la fidélité à soi et aux relations essentielles, suppose une conscience et une volonté. On ne l'a pas 24h/24h.... (moi pas en tout cas !...). Nous ne sommes "que" humains ordinaires.... Apprendre à s'accueillie avec ses limites, et même s'aimer avec elles, parce que nous sommes par nature limités, permet sans doute une plus grande présence au final... Même si ça semble paradoxe.

      Merci de témoigner de "sa présence d'action et de prévention".
      Pour ce qui est des proches (maison, famille...), en matière d'intériorité, ils sont généralement des lointains.... C'est une loi, en tout cas un constat que Jésus fit lui-même.
      Un prophète n'est méprisé que dans sa patrie et dans sa maison"
      alors, il faut "aller ailleurs"..... (ce qu'il fit....)

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  4. « c'était toi, et je ne le savais pas… »

    Il y a plusieurs années, j'ai fait un rêve où je me trouvais seule dans un petit chariot (comme dans les montagnes russes) et ça allait très vite. Je pleurais... pétrifiée par la peur. Tout à coup j'ai vu sa main sous le chariot (c'est drôle dans les rêves comme tout est possible) et là je me suis mise à rire, de grands éclats de rire et plus ça allait vite plus je riais et plus les courbes étaient raides plus je riais. Ce rêve que j'ai fait il y a plusieurs années a été une révélation pour moi. Depuis, je sais entre quelles mains je suis. C'est une expérience personnelle que je chéris et qui n'a de sens que pour celui qui l'a vécue je pense.

    J'aime toujours autant tes textes Alain, c'est pour moi un enrichissement. kéa

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    1. Ce rêve semble t'avoir apporté quelques chose d'essentiel.
      Bien entendu il a le sens profond que tu lui donnes. C'est cela qui compte. Comme il date de plusieurs années, tu as pu expérimenter ce sens dans ta vie (enfin je le pense et l'imagine....).

      Comment ne pas penser à ce passage d'un psaume célèbre (133) :
      " ta main me conduit,
      ta main droite me saisit."
      Et comme ton rêve le met en merveilleuse situation : Une main qui fait disparaitre les peurs, parce qu'on a une confiance inébranlable.... Alors on se libère, on devient vraiment libre de vivre ...

      Grand merci pour confier ici cette expérience qui, personnellement, me nourrit beaucoup....

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    2. Oups !
      C'est le psaume 138 ....(et pas 133)

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