(suite du billet 80)
La femme lui dit : « Seigneur, donne-la-moi, cette eau : que je n'aie plus soif, et que je n'aie plus à venir ici pour puiser. »
JESUS lui dit : « Va, appelle ton mari, et reviens. »
La femme répliqua : « Je n'ai pas de mari. »
JESUS reprit : « Tu as raison de dire que tu n'as pas de mari, car tu en as eu cinq, et celui que tu as maintenant n'est pas ton mari : là, tu dis vrai. »
*
L'Évangile, ce n'est pas un roman fleuve en trois tomes de 400 pages… le récit est toujours très ramassé à un essentiel. On peut lire l'histoire de la Samaritaine en une minute 45 secondes. Mais si tout était raconté dans le détail, ce passage, comme d'autre, serait bien plus long… la brièveté est toujours pour moi une incitation à prendre beaucoup de temps sur une seule phrase.
Ici, c'est en premier la fin qui m'intéresse : « là, tu dis vrai ».
Cela veut dire qu'avant… on n’était pas dans une vérité d'échange. Pas dans la profondeur.
À la fin de mon billet précédent je laissais entendre que la Samaritaine avait un peu dépassé un niveau superficiel. C'est peut-être un peu vrai. Mais on est encore loin du compte. J'imagine que cette femme était encore emplie de son désir de séduction, un besoin qui l’enferme finalement, comme tous nos besoins « en creux » dont on cherche le comblement insatiablement, sans pouvoir y parvenir, de sorte qu'on a sans cesse encore et encore soif : ma soif de paraître — ma soif d'approbation —ma soif de dominateur — ma soif d'être aimé et comblé — etc.
Et, Jésus voit tout ça…
Miracle ? Non bien sûr ! Il voit ce que voit toute personne intériorisée, C'est-à-dire en contact avec la zone profonde de lui-même. Et là, forcément, il désire le bien de la personne.
Ce type est comme ça. Il désire le bien.
Dit autrement : il désire que la relation soit dans la vérité.
Alors lorsqu'elle lui dit la vérité : « je n'ai pas de mari », c'est-à-dire j'en ai de multiples, autrement dit aucun : la voici dans sa vérité face à lui.
Pourquoi dit-elle cela?
Pourquoi est-ce que l'on se confie en vérité à quelqu'un?
Quand on est entré dans LA CONFIANCE.
C'est aussi simple est aussi compliqué que cela.
J'imagine qu'il a fallu le temps d'un dialogue assez long, que le récit ne mentionne pas. Sinon ce serait un tour de magie. C'est pas dans les moeurs de Jésus. L'imaginer omniscient est une erreur. Je dirais même une grave erreur.
J’ai souvent entendu : « Jésus est celui qui connaît le cœur de l'homme». C'est peut-être à tort que j'ai souvent cru comprendre : … comme par enchantement…
Admettons que ce n'était pas dans les intentions des curés qui disaient ça… j'en doute cependant quelque peu… quand on voit combien une théologie a fait flores en présentant Jésus comme une sorte de surhomme, pas vraiment humain. Bien sûr les chrétiens disent : « vrai dieu et vrai homme » … mais bon… pas vraiment homme … Christ d'abord !
Je considère cela comme une erreur. Il ne faut pas ramener Paul trop vite…
Connaître le cœur de l'autre… au moins partiellement… est à la portée de chaque être humain… qui aime…
Connaître son cœur c'est pour l'aimer mieux encore, pour le servir. Pas pour se l’approprier. Ça c'est du vol !
Et là, je crois que la Samaritaine a totalement changé de niveau.
C’est là qu'elle me devient émouvante.
— « Seigneur, je le vois, tu es un prophète ! Alors, explique-moi …. »
On n'est plus dans cette histoire de besoin de boire et de s’abreuver de toutes sortes…
On est dans la soif fondamentale ! En quelque sorte dans le don :
— « Où faut-il adorer Dieu ? »
C’est l’être confiant qui questionne sur l’essentiel. Comme l’enfant qui pose mille questions…. et qui ATTEND UNE RÉPONSE DE VÉRITÉ…..
Un humain est confiant quand il se sent aimé….
La Samaritaine a du se sentir « aimée avec justesse »…. Comme jamais elle ne l’avait été encore….
Et elle va devenir d’une folle audace d’aller rameuter tout le village, comme on le verra ensuite, …elle qui, ne l’oublions pas, est rejetée par tous les « bien pensants » du village…. comme on rejette tous ceux qui « ne sont pas conforme » à la bonne société de la pensée unique où nous vivons tranquille…
(à suivre…)
merci.
RépondreSupprimeralors tu m'encourage à poursuivre
Supprimer« Un humain est confiant quand il se sent aimé…. » : ça me semble très juste. Fondamental.
RépondreSupprimerMerci
Oui... et .... (pour rester dans mon sujet...) Les curetons et autres religieux nous ont présenté un dieu qui ne pense qu'à se venger et n'aime que lui et pas les hommes !!! Au point d'inventer ces conneries d'enfer de souffrances éternelles ! Un Truc qu'on ne souhaiterait même pas à son pire ennemi ....
Supprimer------------------
(je ne savais pas que tu fréquentais ce lieu..... :) )
Je fréquente ce lieu depuis des années mais il se peut que je ne m'y sois jamais exprimé :)
SupprimerJ'aime vraiment la lecture que tu fais de l'Evangile. Mais, pardon de te le dire, j'ai du mal avec la généralisation que tu fais à propos des "curetons et autres religieux". Aujourd'hui l'Eglise célèbre -enfin- la béatification de Mgr Romero, archevêque de San Salvador, assassiné en pleine église pour avoir voulu faire entendre la voix des pauvres de son diocèse. Je connais des prêtres, des laïcs et des religieux qui, pour être moins connus que lui, donnent leur vie pour inscrire un peu plus de justice et d'amour dans ce monde. Ils le font au nom de leur foi.
SupprimerJe suis la première à critiquer l'institution ecclésiale très souvent, peut-être plus que toi. Mais je ne peux pas accepter la généralisation que tu fais. Bien des chrétiens comme moi en ont "jusqu'à plus soif" (c'est la cas de la dire avec la Samaritaine!) d'être contestés de partout : tant par des chrétiens de l'intérieur qui n'acceptent pas la critique que par ceux de l'extérieur qui ont tendance à nous prendre pour des "culs-bénis".
j'ai en effet parlé de "curetons et autre religieux" en répondant à un commentaire....(mais n'ai pas eu de tels propos dans mon billet...)
SupprimerJe veux bien remplacer l'expression par une terme plus général : "l'Eglise institutionnelle totalement vérolée et déviante du message de Jésus depuis 20 siècles"
Que bien des gens se dévouent pour d'autres, et en particulier ceux qui se réclament de l'Evangile... ça me parait une excellente chose...
Je compatis au sort de cet évêque, maintenant qu'il mérite une sainte médaille et un culte de la personnalité pour ça... je peux aussi espérer les mêmes béates-édifications individuellement avec flonflons correspondants, pour chacune et chacun des millions d'innocents mécréants assassinés par la Sainte Eglise catholique depuis des siècles....
Il est vrai que les guerres de religions sont faites pour l'éradication du dieu du concurrent d'en face... afin de le remplacer par LE VRAI !! et chacun à SON VRAI !!.... donc, la guerre "au nom de dieu" n'est pas là de s'arrêter... elle fleurit à nos portes actuellement....
Me demande quand est-ce qu'on est passé de "aimer vous les uns les autres" .... à .... "tuez vous les uns les autres"....
Merci pour l'interpellation
j'y réponds avec l'indignation qui est la mienne...
Le Père dont parle Jésus.... si c'est "ça"..... alors je n'ai rien compris....
désolé d'être moi !
dernière chose ; je n'ai pas parlé de culs-bénis.... Reste que si ceux qui croient en la parole de Jésus et choisissent de rester à l'intérieur avaient l'audace des révolutions de palais... Peut-être que quelques chose pourrait changer....
Oui, je sais, je crois aussi au Père Noël !!
C'est ma tare définitive......
Non là j'arrête. Je ne comprends pas le ton que prend cet échange. J'ai l'impression d'avoir eu une certaine audace au point de m'être fait virer et de m'être retrouver sans emploi. Quant à se faire la guerre au nom de Dieu, nous fêtons samedi les 20 de notre association islam - chrétienne qui travaille dans des cités où ma voiture à été criblée déballés, etc.
SupprimerJ'ai voulu écrire "les 20 ans et "criblée de balles ".
SupprimerJ'arrête aussi. Les religions sont stériles et ne génèrent que conflits et haine. Que ta voiture soit criblée de balles en apporte - hélas - une nouvelle démonstration.
SupprimerReligion chrétienne et Religion de l'Islam sont génétiquement incompatibles ! Que quelques personnes, dont toi, vivent certains rapprochements salutaires est remarquable et ce que tu tentes est louable. Mais cela ne sera jamais que intuitu personae... et si cela peut fonctionner : c'est grave à la laïcité.... et certainement pas grâce aux religions.
L'amour authentique est toujours une Aventure de personne à personne. Que cet amour soit conjugal, familial (on n'aime pas SES enfants en tant que groupe... on aime CHACUN de ses enfants...), fraternel ou autre.....
on n'aime pas "les gens en général", sauf de manière conceptuelle... ce qui est de l'ordre de la pensée pure non incarnée...
Jésus aima LA Samaritaine près du puits... et cet amour-là "transforme". Universaliser l'amour n'est pas un salmigondis informe d'humains entassés.... C'est l'aptitude à aimer CHAQUE être humain qui croise notre route....
Ce que nous essayons sans y parvenir pleinement.
La preuve on vient de "se fritter" comme disent mes filles....
te lire ici m'apaise...
RépondreSupprimer"attendre une réponse de vérité", c'est justement une réponse qui atteint le profond de l'a^me, et pour ça, on la ressent comme ajustée
Merci à toi
oui, c'est ça : la vérité ajustée à la situation
SupprimerToutes ces soifs que nous ressentons au cours de notre vie, "ma soif de paraître — ma soif d'approbation —ma soif de dominateur — ma soif d'être aimé et comblé — etc." comme tu le dis ne sont en fin de compte des essais pour remplir ce grand vide que l'on ressent. Aussi longtemps que la vraie soif ne sera pas étanchée le vide restera.
RépondreSupprimerPeu importe les détours que l'on prend pour remplir ce vide rien de l'extérieur ne peut le remplir et pour la Samaritaine voilà la plus grande chance de sa vie... rencontrer un être qui connaît le chemin pour remplir ce vide et enfin être comblé et seulement si elle le veut.
Pour moi, elle a entendu parce que sa conscience était prête à accueillir le vrai en fait la vérité de son être. Maty
Oui, accueillir cette vérité en son être, c'est à dire la reconnaitre soi-même, ne plus biaiser avec sa réalité, ce qui suppose une Rencontre où l'expérience se fait d'être aimé pour ce qu'on est, là où on en est, et en même temps comme : "appelé plus loin" ....
SupprimerC'est une chance en effet.
Qui ? serai-je devenu si je ne l'avais pas faite en ma chair ?
Comme ne pas sans cesse remercier celui/celle/ceux qui ont eu ce regard appelant sur nous....
J'ai bien aimé ta façon de réécrire ce passage. Cela m'a fait sourire et réfléchir également. Voilà peut-être comment intéresser et faire mieux comprendre cette soif que nous avons en nous et que beaucoup ne savent comment étancher.
RépondreSupprimerJ'ai la foi (je parle de religion) mais chacun est libre de penser ce qu'il veut des religions. Le plus important étant d'après moi d'avoir la liberté de choisir une religion ou non... à condition que la religion soit porteuse d'amour et de paix.
Ma foi religieuse m'a sans doute menée à avoir foi en l'amour, en l'humain... mais je n'y arrive pas toujours ! Je suis très imparfaite et j'ai encore de nombreuses soifs ...
Est-ce que par "foi religieuse" tu veux dire croyances en ce que tu as appris au sein de ta religion, pratiques cultuelles et autres demandées par cette religion ?
SupprimerOù y a-t-il "quelque chose" de plus ?
C'est surtout ta dernière phrase que je souligne.
Est-ce "la religion" qui mène à la foi ? en l'Amour, en l'Humain....
Ou est-ce la rencontre de "quelqu'un" qui vient nous aimer .... qui nous fait avoir foi en l'Autre...
Alors, plus besoin d'aller "adorer une divinité" au sein d'un culte religieux....
C'est ce que la suite de l'histoire de La Samaritaine va d'ailleurs aborder..... J'y reviendrai donc...
Merci pou ton commentaire.
Je me sens LARGEMENT aussi imparfait que tu dis l'être....
Faut juste être en chemin.... Savoir qu'on dévie de la route... et y revenir.... parce qu'on y trouve plus de bonheur et de paix que de dévier ....