Seuls existent les commencements,
les aurores nouvelles,
qui nous tirent de nos nuits.
Être toujours voyageur de l'Aube.

mardi 12 janvier 2016

86 - Quel disciple ?

Répondant à un commentaire dans le billet précédent, J'ai écrit ceci :

(...) Quant à ce que tu dis fort justement : "lorsque le maître est parti, là c'est facile, on peut faire des paroles qui restent de son enseignement ce que l'on veut"
C'est juste en effet,on peut faire tout que l'on veut, au sens un peu tout et n'importe quoi…
Reste la question : comment exercer sa liberté tout en respectant la profondeur du message.
C'est toute la problématique du disciple.
Tu me donnes matière pour un prochain billet ....


Pourquoi respecte-on l’enseignement d'un Maître ?
La première chose qui s'impose à moi, c’est parce que j'ai CHOISI ce Maitre. Que personne ne me l’a imposé.
Autrement dit il ne me fut pas si facile que cela de choisir Jésus, parce qu’à l'origine, dans mon éducation cela me fut imposé. Il n'y avait pas d'alternative dans le milieu chrétien où j’étais. Certains se mettent à adhérer aisément. Pour ma part j'ai commencé par passer par un rejet salvateur à une certaine époque de ma jeunesse. J’ai largement expliqué tout cela dans les années précédentes sur ce blog.

Aujourd'hui j'ai fait un choix libre. Plus exactement un choix qui fut libérateur. Autrement dit, jésus n'est pas mon maître parce que je me sentirais obligé d'une quelconque manière. Il l’est, parce que je l'aime… je l'aime parce que je le fréquente. Je le fréquente parce que il y a quelque chose en lui qui ressemble à ma propre identité humaine.
C'est exactement le même processus qu'avec celui que j'appelle « Mon maître à vivre », un homme dont je fus contemporain, qui m'a appris ce qu'est  vivre vraiment à partir du cœur de soi. Quand je dis vraiment, je veux dire concrètement, effectivement, visiblement vécu et ressenti dans ma chair. Autrement dit, un chemin de paix et de bonheur.

Ma relation à Jésus a quelque chose d'un peu comparable. Il m'apprend la vraie vie, au sens que je la ressens moi-même, de manière fondamentale, malgré toutes mes faiblesses et défaillances qui cohabitent aussi en moi.

Autrement dit, être disciple de cet homme, ce n'est pas respecter des prescriptions, référer a des permis et des interdits qui viendraient de l'extérieur, s’inscrire dans un dispositif légal, à contre cœur et en râlant plus ou moins, etc.
Autrement dit, être disciple de cet homme, ce n'est pas référer à une religion qui impose ses diktats, Ainsi qu'il en était de la religion de son temps, qu'il a combattue.

Être disciple de cet homme, c'est à proprement parler une histoire d'amour.

Quand je dis histoire d'amour, il n'y a là rien qui soit particulièrement sentimental ou affectif. C'est au-delà du seul sentiment. Un désir profond, fondamental, vital, parce que d'une certaine manière il comporte tout ce qui me sauve des errances et des impasses de la vie « sans lui ». Autrement dit une rupture avec ma vie d'avant qui ne comportait aucune perception de la dimension de transcendance incarnée déposée en moi.
C’est une expérience personnelle de résurrection.

Il y a, et il demeure, un aspect difficile : rompre avec toute l'imagerie, l'iconographie, les fausses perceptions, les tromperies, qui ce sont incrustées en moi par osmose éducative, endoctrinement catholique, et même par recherche personnelle sur des chemins qui n'étaient pas les bons (à mes yeux et évidemment).

J'ai à présent une méthode assez simple et efficace en ce domaine. Faire confiance aux intuitions profondes qui me guident vers les bons endroits ou les bonnes personnes… Ça marche ! 
Je viens encore de le vérifier il y a quelques semaines avec l'achat d'un livre qui s'est imposé instantanément à moi et que j'ai commandé dans la minute suivante sur Internet.
Je n'ai pas regretté. Ce livre m’est désormais précieux. 
Peu en importe le titre. Je préfère rester silencieux à cet égard, sachant que d'autres personnes rejettent de ce qui y est écrit. Parce que justement, cela n'est pas hyper conforme à la sacro-sainte théologie de la sainte église catholique apostolique et vaticane…
Je précise que je n'ai pas choisi d'acheter ce livre à cause d’une forme de contredépendance. Bien au contraire, j'ignorais tout des polémiques intestines et stériles avant de lire. J'ai donc simplement suivi l'intuition profonde venue du fond de moi, et, j'ose le dire et le prétendre, cette intuition là m’est quelque peu inspiré par Jésus lui-même aujourd'hui. Une manière de me dire : là tu vas me connaître un peu mieux dans ma réalité. Parce que bien évidemment il se révèle en ses divers aspects par d’autres que lui même, à commencer par ceux qui écrivirent les évangiles pour rendre compte de leur expérience « avec lui ».
Je précise simplement que l’auteure est une intellectuelle… intelligente et humaine… qui a déjà écrit une petite vingtaine de bouquins sur ce sujet….

C’est peut-être cela qui me passionne. Aller à la découverte d’un homme ordinaire, qui n’a rien écrit lui-même, et n’a fait que vivre et enseigner par sa Présence Réelle…. C’est donc hors du temps tel qu’on le conçoit comme déroulement des années et siècles qui se déroulent linéairement. C’est hors de ce temps-là, ce temps-temporel si je puis dire ainsi. Comme si déjà il était  là, à portée de coeur, d’âme et de bras, le « Royaume Éternel »….
Lorsqu’on est « entré là », dans cette permanence en soi-même, on n’a plus aucune envie d’en sortir…. Même si demeurent des fugues idiotes dans des ailleurs miroitant tel des miroirs aux alouettes… Heureusement l’inanité et l’amère déception font revenir à la Source.

14 commentaires:

  1. Ton" histoire d'amour"me bouleverse.J'aimerais voyager avec toi pour en savoir plus et encore.Mais pour le moment je suis loin derrière toi car je suis au stade "rejet" de l'institution et du discours catholique...Je me suis demandée de quel livre tu parlais et je me suis précipitée dans ma bibliothèque.J'ai choisi " Mourir un peu" de Sylvie Germain. Je vais le relire car je me rends bien compte que j'ai à faire mourir bcp de choses en moi pour accéder à plus de Vie. Merci pour ce témoignage profond.

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    1. le voyageur13 janvier, 2016

      Et bien voila qui me plait : Choisir le livre qui nous convient dans l'instant. On y trouve souvent matière à méditer.
      Le rejet que tu soulignes, je l'ai bien connu, et encore aujourd'hui bien des choses m'exaspèrent dans le discours et les actes religieux.... Il y a le risque que le rejet masque la Rencontre.

      Mais ça suppose un Désir de l'Autre, un Elan Vital, sinon c'est trop chiant de se faire disciple...
      La Promesse est le bonheur, et pas la misère, si chère aux religions pour nous dominer et nous asservir....

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  2. ce qui me frappe (et me touche), c'est que tu dis simplement que tu aimes ce personnage hors du commun, et pourtant si proche
    "je l'aime parce que je le fréquente. Je le fréquente parce que il y a quelque chose en lui qui ressemble à ma propre identité humaine."

    Comme Charlotte, me voici en complète rupture d'Eglise. La lecture quotidienne de passages de Etty Hillesum, ou tes notes où tu parles si bien de Jésus, me mettent peu à peu sur la voie de cette histoire d'amour dont tu parles. Je reconnais cela à la faim qui m'anime
    En fait je devrais me plonger dans la lecture des Evangiles et écouter ce qu'ils me disent.
    Ce serait ça, le début de ma quète
    Merci beaucoup pour tes mots

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    1. Le mieux est effectivement d'aller à la source... Sans doute faut-il (je ne sais si c'est ton cas...) porter un regard neuf.... si on a dû fréquenter les messes du dimanche et les sermons moralisateurs des curés, et autres catéchismes culculs, qui prenaient Jésus pour un moraliste, et pas comme celui qui ouvre les portes du Royaume intérieur... lieu de Paix et de Plénitude ... ( qui n'enlève RIEN aux difficultés et épreuves de la vie, mais permet de les "porter" autrement en soi....)

      Faut commencer par aller aux endroit qui nous "parlent".... qui nous disent qq chose de personnel....
      et se laisser faire....

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    2. comme toi j'ai été imbibé de catéchismes et de sermons culculs, qui présentaient Jésus comme un moraliste
      Il me faut du temps et du courage pour sortir de ces sentiers balisés à la morale...

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  3. Bonsoir AlainX,
    Ta réponse à Coumarinette entre en parfaite résonnance avec ce que je vis depuis 2007. C'est la transmission orale du maître au disciple, "de son âme à ton âme" qui s'opère. Quand le disciple est prêt, le maître arrive. Les épreuves de la vie sont vécues différemment. Elles nous "élèvent", (dans le sens éduquer); elles sont le terreau fangeux et parfois puant où nous apprenons à cultiver avec patience les plus belles fleurs.
    Une revenante,
    Filo Filo

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    1. Filo Filo !! Quelle bonne surprise de te revoir ici !

      Oui voila, la transmission d'âme à âme. Et on découvre alors que cette transmission tient de la révélation, au sens que, finalement c'était un sorte de "déjà là, mais qui devait cependant advenir". Comme dans les anciennes photos argentiques. Le paysage est déjà dans le papier photo une fois qu'il a été exposé, mais il n'apparait que parce qu'on le plonge dans un "révélateur"....
      Apparait ce qui était déjà là cependant.

      Le disciple à nécessairement des ressemblances avec le maître, tout en étant différent de lui.
      Voila pourquoi il n'est pas un imitateur du maitre, mais un transmetteur de ce qu'il devient lui-même.

      l'apôtre Paul (qui n'est pourtant pas mon préféré !) le dit à sa manière : Ce n'est pas moi qui vis c'est lui qui vit en moi". Je préciserai : c'est les deux, être moi comporte aussi lui en moi....

      Merci de ta visite chère revenante !

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  4. Cher AlainX,
    C'est avec joie que je viendrai te lire, dorénavant. Pré-pensionnée, enfin libérée de ce boulet qu'était ma "vioburo". Le positif est que des tas de petits calepins accumulés au fil des années produiront un recueil, genre hybride entre BD et nouvelles.
    Douce fin de semaine, en compagnie de notre amie immaculée, Madame Neige !
    Filo Filo

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  5. J'aime beaucoup les histoires de conversion, parce qu'elles naissent d'une révélation convaincante. Tu as vécu une conversion puisque ce qui t'était imposé autrefois a cessé d'avoir le poids d'un devoir culturel et familial pour avoir la légèreté de la lumière spirituelle.

    J'ai toujours aimé Jésus, de mon côté, mais sans croire grand chose de sa légende. Je remettais tout en cause. Mon père était athée et ma mère, rejetée par les calotins et leurs suiveurs locaux, bouffait du curé au petit déjeuner. Donc mon choix était bien le mien. On ne m'y poussait pas. Mais j'avais ma version à moi et l'ai encore.

    Je suis allée voir le Saint Suaire de Turin plusieurs fois, et je sais qu'il y a de grands doutes sur l'authenticité de cette relique mais j'ai ressenti ce qu'un membre de l'Eglise (je ne sais plus qui) avait expliqué lors des analyses au carbone 14: peu importe si c'est le vrai suaire ou non, il l'est devenu dans la foi. Et c'est ce que j'ai senti.

    J'aime aussi l'enseignement de Jésus. J'essaye de vivre en Chrétienne mais ne pratique rien. Sauf quand je trouve réconfort dans le rituel. J'adore les églises, les vieilles qui ont des siècles de prières idiotes ou profondes dans leurs murs.

    Bon week end, Alain!

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    1. Le voyageur18 janvier, 2016

      J'aime bien "La liberté de la la lumière spirituelle" ...
      Avoir sa version à soi, vis à vis de Jésus, me parait parfaitement légitime. J'oserai même dire recommandé... On a tous une version personnelle de la manière dont on vit et ressent l'autre. Il fallait l'absurdité des religions pour contraindre à une perception UNIQUE et enfermer cet homme dans des dogmes et croyances obligées...
      On m'a souvent reproché de me faire "mon Jésus à moi" Et alors ?? Ça emmerde qui ? si ce n'est les curées et leur clique vaticane !

      Mais bien sûr que si que tu "pratiques".... je le vois sur ton blog !! Tu aimes les gens, donc tu pratiques son enseignement....
      Quant aux lieux, oui, ils nous parlent, ce peut être un bâtiment cultuel ou les lys des champs que Jésus aimait contempler dans leur beauté.... A chacun sa manière, suivant sa sensibilité, de se laisser être là où il est "pris" à l'âme....
      (pour ma part les églises me font froid dans le dos et sentent la mort.... Faut dire que s'il m'arrive de les fréquenter c'est pour des enterrements où j'entends des niaiseries - J'ai préparé mes volontés à ce sujet : SURTOUT PAS d'obsèques dans une église !)

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  6. Oui, il m’est arrivé comme à toi un moment où j’ai tout remis en question... la traversée du désert qu’on l’appelle je pense ! J'étais à ce point démunie que je ne savais plus rien. Je n'avais pas choisi cet état, il est venu de lui-même, j’étais vide de toute conception. Là j’ai ressenti une soif profonde que seul le vrai avait la capacité d’étancher. Oui ce sont les évangiles et plusieurs autres écritures qui m’ont abreuvée à ce moment-là. L’appel était fort et je buvais tout ce qui me parlait de cet Amour. Comme ces paroles de Krishna à Arjuna par exemple :
    « Mes voies sont les voies d’une sagesse et d’une puissance et d’un amour parfaits qui connaissent toutes choses et combinent tous leurs mouvements en vue du parfait résultat à venir, affinant et tissant ensemble les fils nombreux d’une intégrale perfection. Je suis ici avec toi dans ton char de bataille, m’y révélant Maître de l’existence au-dedans et au dehors de toi, et je te répète l’absolue assurance, l’infaillible promesse que je te conduirai à Moi à travers et par delà toute douleur et tout mal. Quelles que soient les difficultés et les perplexités qui surgissent, sois sûr que je te conduis à une vie divine complète dans l’universel et à une immortelle existence dans l’Esprit transcendant. »

    Ou ceci de Krishnamurti :

    Il marcha devant moi et je Le suivis, résolu.
    Je voyais à travers Lui
    Les grands arbres qui s'inclinaient pour L'accueillir,
    Les feuilles sèches, la boue du chemin,
    L'eau transparente, les branches mortes.
    Les villageois, bavards, chargés de lourds fardeaux
    Passaient à travers Lui,
    Sans le savoir et riant.
    Les chiens, à travers Lui,
    Couraient vers moi en aboyant.

    C’est ce « Lui » que tous les vrais maîtres veulent nous faire découvrir. Ils ne parlent pas d’eux-mêmes et ne veulent pas que l’on s’attache à eux, mais seulement à ce « Lui » qui nous habite. Pour moi ils sont les différentes couleurs d’un même arc en ciel reflétant la Source chacun à sa façon. kéa

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    1. le voyageur18 janvier, 2016

      Merci Kéa. J'aime beaucoup ton commentaire. Chaque "sagesse" emmène vers un même Voyage intérieur, par des chemins multiples. Chacun choisit la Voie (la voix) qui l'appelle par le dedans.
      J'aime profondément ton dernier paragraphe à propos de "Lui". C'es tout à fait ça....

      Voila pourquoi il est idiot de prétendre que des chemins sont supérieurs à d'autres, sauf à aimer le pouvoir hégémonique... Et Dieu (ou Lui !) sait bien de quoi il s'agit quant à ces errances dominatrices....

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  7. Je n'ai pas eu ta temporalité, c'est en quelques semaines que je suis témoin de tes mots et de ce cheminement.

    "J'ai à présent une méthode assez simple et efficace en ce domaine. Faire confiance aux intuitions profondes qui me guident vers les bons endroits ou les bonnes personnes… Ça marche !"

    C'est ce qui importe n'est-il pas ? se laisser guider par cette présence, cette voix intérieure. Je suis convaincue que c'est l'un des meilleurs chemins à prendre pour soi pour se sentir en paix avec ses choix, et pour toujours mieux habiter son corps. :-)


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    1. Oui, je signe !
      Au fond c'est une histoire de fidélité, quelque part…
      ce sera certainement le thème de mon prochain billet. Il n'est pas loin d'éclore !…

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