Seuls existent les commencements,
les aurores nouvelles,
qui nous tirent de nos nuits.
Être toujours voyageur de l'Aube.

mardi 17 avril 2012

26 - Coupé en deux

Dans la période autour de mes 35 ans, c'est ainsi que je me vis au regard de ma relation à Dieu. Je me souviens avoir visualisé cela dans un dessin de mon corps barré d'un grand trait vertical qui me séparait en deux moitiés. Un côté chaud. Un côté froid.
Je pense à ce jeu d'enfant de l'objet caché qu'il faut trouver :
— Et ici ? — C'est froid ! — Et là ? — Ça se réchauffe !  — Et maintenant ? — C'est brûlant !
Le côté froid, c'est toute ma violence contre la religion et ses représentants, telles que j'en parle dans le bilan d'étape 1 ; le côté brûlant, c'est cette proximité à Jésus, son enseignement, sa mission, les exigences qu'elle comporte, ce souffle libérateur pour une humanité et ses aptitudes à sortir des périls. Ce n'est plus une proximité affective et/ou consolatrice. C'est l'homme Jésus qui m'attire, lui qui se nomme le Fils de l'Homme, expression qui me plaît en elle-même, au-delà de toutes les interprétations que les savants théologiens en font à coups d'arguments incessants.

Le côté chaud, je le laisse vivre dans ma recherche solitaire. Je lis quelques livres. Je m'intéresse aux grands mystiques en particulier Thérèse d'Avila et Jean de la Croix, dont je me procure les oeuvres complètes. En fond de tableau demeure ma copine Bernadette Soubirous. Mais surtout je lis beaucoup l'Évangile. Une lecture active. Bien peu de recherche de type intellectuel, mais surtout j'écris mes ressentis à ce propos de la vie de Jésus, (et plus généralement de la Bible), sur des cahiers à part, comme si je me constituais ma propre pensée. C'est comme une nécessité, un impératif. Véritable travail de décontamination de tout ce qu'on avait enfoncé dans la gorge, de toutes les conneries dont on m'avait gavé. Il ne suffisait pas de vomir. Il convenait de trouver ma bonne nourriture.

Le côté froid tient à une incapacité de me relier à d'autres dans cette recherche, bien que je tente quelques initiatives en ce sens, mais très vite je réalise que ceux que cela peut intéresser sont plutôt désireux de me ramener dans le giron ecclésiastique, on me parle de ces soi-disant communautés nouvelles qui me promettent « l'effusion de l'esprit » à grand renfort de chants, de prière de louanges et de tralalas devenus tendance. 
Mais, on ne m'y reprendra pas !
C'est donc froid parce que je réalise mes incapacités relationnelles en ce domaine.
Alors je garde pour moi ce côté chaud que j'ai évoqué, je me contente de vivre et de répandre cette chaleur autant que possible dans mes engagements ordinaires, professionnels, ou amicaux.
Parlons de l'Homme. Rejoignons-nous sur les valeurs universelles qui font le fonds commun de l'Humanité.

Cela ne résout pas toutes mes contradictions. Mais avancer avec elles, n'est ce pas là un bon moteur ?

12 commentaires:

  1. Ce que tu dis de ta relation à Jésus m'interpelle.Mais je ne fais pas partie de ceux qui vont essayer, comme tu dis,de te ramener dans le giron de l'église. Pour la bonne et simple raison que je n'en ai jamais vraiment fait partie.J'ai le même vécu enfantin que toi: le sentiment que l'on m'a enfoncé dans la tête (si ce n'est dans la gorge) des principes contre lesquels je me bats encore actuellement: des principes qui m'ont profondément formatée, schématisée, et il m'a fallu des années pour sortir de ces schémas. Je souffle moi aussi le chaud et le froid quand j'entends le mot religion.
    Le côté froid, s'est manifesté chez moi par un rejet de tous les dogmes, de toutes les lois imposées au nom d'un soi-disant "ordre divin".
    Une perte de la "foi" en terminale; comme un enfant qui ne croit plus au père noël j'ai fait ma première crise existentielle à 18 ans.
    Le côté chaud, je le ressens comme toi, même si j'ai du mal à lui mettre un nom. J'ai une énorme part mystique en moi, qui me pousse constamment à m'interroger sur le sens caché de tout ça, du monde, de la vie. Quelque chose d'irrationnel que je tente de transcender à travers la poésie, l'écriture ou la musique. Et j'ai une profonde attirance pour les autres,non plus en vertu d'un quelconque "commandement" dont j'ai oublié le numéro mais plutôt en tant que partageant la même humanité.Je te rejoins donc sur ta phrase "Parlons de l'Homme". Ça n'empêche pas de parler de Dieu.
    Tout cela pour te dire qu'il y a au moins une personne qui suit attentivement et avec une certaine fascination ton cheminement de l'aube, depuis le début, même si je ne commente pas à chaque fois.
    Célestine

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  2. Je lis le commentaire de Célestine. Je pourrais le signer
    Chez moi le rejet de l'Eglise et de la religion s'est accompagné d'une immense colère: la colère d'avoir été trompée, emmenée sur des chemins mortifères...
    Mais j'ai eu tendance à jeter le bébé avec l'eau du bain. Je me suis tenue éloignée de la personne de jésus, refusant de lire encore
    l'évangile.
    Pourtant toujours et plus que jamais un manque immense de "quelque chose" que je ne sais pas nommer, qui s'est faite plus urgente et intense depuis l'année dernière (avec la maladie)
    Depuis je me sens avancer sur un chemin, MAIS J'IGNORE encore LEQUEL
    C'est très curieux. La seule chose que je sais c'est que c'est un chemin d'intériorité sur lequel une Présence se fait de plus en plus sentir
    Ce n'est pas toujours confortable, car cela bouleverse mes données

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  3. J'aurais tant à dire que je ne sais par où commencer. Je ne me suis jamais vraiment fâchée avec la religion catholique ...
    C'est elle qui ne m'intéresse plus du tout je constate avec le temps que vraiment il y a trop de conneries la dedans...surtout dans toute la hiérarchie. Où est le Christ la dedans?
    Je crois que ce sont les hommes qui ont créé un dieu à leur image à leur ressemblance à leur goût parce que c'était la seule façon qu'ils ont trouvé pour moins trouiller devant la mort qui leur pend au nez...
    Je crois beaucoup plus dans les liens que les hommes peuvent se créer entre eux pour une plus grande humanité et solidarité.
    Se serrer les coudes, s'accorder s'encorder .
    "Il y a des manques qui bien que très douloureux,peuvent se muer en forces nouvelles il y a des pertes qui même cruelles peuvent être l'occasion de nouveau départ il y a des vides qui ne sont pas des gouffres dans lequels on s'anéantit mais qui peuvent devenir mine de matériaux precieux et sources de nouvelles énergies"
    Ce passage n'est pas de moi.

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  4. "Rejoignons-nous sur les valeurs universelles qui font le fonds commun de l'humanité" : qu'elles sont-elles ses valeurs ? et qui les reconnait encore quelque part ? l'individualisme faisant loi, le relativisme est de mise : chacun sa vérité, entend-on partout. Et si on tente de définir ces valeurs on passe pour un moraliste réactionnaire, liberticide ou pire ! franchement j'ai froid, très froid... le monde matérialiste est tellement séduisant n'est-ce pas ? jusqu'au jour où ... il nous étouffera.

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  5. le Voyageur19 avril, 2012

    Célestine,
    j'aime beaucoup ce que tu écris.
    Tant pis pour l'église qui a raté sa mission.
    Tant mieux pour nous peut-être…

    la part mystique qui est en nous, je crois que c'est une énorme attirance. Tu le dis d'ailleurs. Elle nous conduit vers l'autre. Elle ne nous enferme pas sur nous-mêmes.
    l'Homme est un être de chaleur
    chaleureux.
    Un mot qui unit chaleur et bonheur.

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  6. le Voyageur19 avril, 2012

    Coumarine,
    Puisse ce "manque" que tu évoques demeurer jusqu'à la fin de tes jours… !!
    Je suis très sérieux.

    je veux dire que le jour où le chemin d'intériorité deviendra « confortable »… C'est qu'on l'aura quitté !

    je n'ai aucune légitimité personnelle pour affirmer cela. Je réfère aux grands spirituels, aux grands mystiques, ou alors cette phrase de Jésus :
    « Les renards ont des terriers et les oiseaux du ciel des nids, le Fils de l’homme, lui, n’a pas où poser la tête »

    c'est sans doute le grand miroir aux alouettes du monde contemporain :
    nous vendre de la sécurité en boîte, de la tranquillité avec un bon plan d'épargne, de faire miroiter un État-providence qui volera au secours de tous nos maux…

    Hélas… Ça n'a jamais marché… Et ça ne marchera jamais.
    Le bonheur n'est pas sur les plages des Caraïbes…

    Si on espère cela ( je ne parle pas pour toi, je parle en général), mieux vaux ne pas emprunter le chemin de l'intériorité.

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  7. le Voyageur19 avril, 2012

    Charlotte,
    il me semble que chaque fois que l'on invente des dieux qui seraient « à notre service », pour toutes sortes de raisons, de l'anesthésie de nos peurs, jusqu'à tous les fanatismes de tous poils, on est forcément dans l'erreur.
    ... Mais on ne sait pas beaucoup s'en empêcher…

    Créer du lien de solidarité, comme tu le dis, c'est peut-être l'unique voie…

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  8. le Voyageur19 avril, 2012

    K.
    Faut-il que je réponde à : "quelles sont-elles ?" Tu as bien une petite idée quand même…
    :-)
    Que l'on passe aux yeux des autres pour ce que l'on est pas… Quelle importance au fond…
    Je dis ça parce que je me suis fait traiter de tous les noms ! bon, OK, ce n'est pas ce qui était le plus agréable…
    Mais il n'y a aucun combat agréable…

    Faut juste pas être seul dans l'engagement. C'est tout.

    Vouloir convaincre ne sert strictement à rien.
    J'ai mis du temps à le comprendre…
    Faut juste témoigner de ce que l'on vit... Pas plus… Pas moins…

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  9. Bonjour, je vous ai suivi depuis le blog de mon ami PPM.

    J'ai exactement le même cheminement que vous. Depuis le bonheur d'avoir rencontré l'homme Jésus jusqu'à l'impossibilité de parler, partager, cette profonde joie.Pour ce qui est de l'église catholique je suis définitivement fâchée avec elle qui a trahi l'enseignement de Jésus. Alors dans mon parcours spirituel Jésus bien sûr, mais pas seulement. L'hindouisme, le bouddhisme, le zen et bien d'autres courants de pensées forment mon chemin, bien que je sois probablement une "mystique sauvage" ... :)

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  10. Quand j'ai essayé de revenir dans l'église, c'est avec jésus que j'ai eu le plus de mal, comme s'il avait au fil des années perdu toute épaisseur.

    Sinon, en lisant le titre de ce billet, je pensais que tu allais parler de la coupure entre le haut et le bas compte tenu de ton atteinte, mais non, c'est coupure droite gauche,, alors si on fait le total des coupures, on arrive à.. mais à toi de nommer cela;

    Mais je me retrouve bien dans cette sorte de dichotomie;

    Pour ma petite histoire, c'est sur le divan de mon analyste que la droite et la gauche se sont remis à fonctionner ensemble, la colonne vertébrale étant devenue un bel axe, bien solide.

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  11. le Voyageur20 avril, 2012

    Désirée,
    mystique sauvage !… Je dois dire que ça me plaît bien !

    J'ai le même point de vue concernant la trahison de l'église catholique.
    On dit que Judas fut un traître. Au moins il a trahi ouvertement et par conviction politique.
    L'église Institutionnelle a trahi sournoisement… C'est là sa monstruosité…

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  12. le Voyageur20 avril, 2012

    " on arrive à.. mais à toi de nommer cela; "
    Tu me fais sourire…
    Ça ne cadre pas totalement, cependant. La polio a ce « mérite » qu'elle atteint les plus souvent les muscles au hasard des fantaisies du virus. C'est donc d'un peu partout que je suis déglingué, pas uniquement les membres inférieurs.

    Quant à la colonne vertébrale, je partage assez bien ce que tu dis du résultat du travail sur soi.
    La mienne, physiquement, était à tendance scoliose ( saloperies de virus…). J'ai vécu longtemps avec un corset encombrant, avec mentonnière, interdisant de tourner la tête. finalement je n'ai pas toujours eu des tuteurs de douceur… !

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