La diminution de la pression concernant la pratique religieuse génère une moins grande fréquentation intérieure de Jésus.
Et puis, il y a des centres d'intérêt bien plus séduisants : les filles par exemple ! Les hormones font leur travail d'hormones ! Je découvre qu'un corps handicapé ne rebute pas ces demoiselles. Je ne dirais pas au contraire. Mais presque. Il est vrai aussi que, j'ose le dire, ma personnalité commence à bien s'affirmer, mon originalité et une certaine intériorité qui n'a pas disparue. Je suis celui à qui en se confie, je deviens pour certaines l'ami masculin qui semble comprendre. Sur quelques autres, je fais « le brouillon de mes baisers » comme chantait Brassens !
Dieu dans tout cela n'a plus guère sa place. Sauf en classe ! Les frères des écoles chrétiennes ont embauché des laïques. Ça change la perspective. Il y a même une femme prof de français. C'est dire ! Rendez-vous compte. En classe de première, on parle d'amour !… En littérature… Nous sommes encore des petits garçons bien timides…
Souvenir de classe, mon voisin interrogé :
— Rodrigue éprouve du sentiment pour Chimène…
La prof :
— du sentiment ! Du sentiment ! Précisez voyons !
Mon voisin, rougissant :
— heu… On pourrait dire de l'amour…
Le cuisinage terminé, mon voisin se rassied, me dit en aparté :
— quelle conne !
Puis, c'est la philo. Le Dieu des philosophes. Descartes. La révolution française. Robespierre. Le culte de l'Être Suprême, le déisme de Voltaire, Les Lumières, Les prémices de l'athéisme, Marx, Nietzsche, quelques grandes figures du socialisme, en particulier Charles Fourrier et le phalanstère, sorte de petites sociétés/communautés utopiques qui auraient favorisé l'entente et l'harmonie entre les hommes…
Je fus beaucoup marqué par ce socialiste. Il fit certainement germer quelque chose en moi d'un désir communautaire que je tenterai deux ans plus tard dans la mouvance de la révolution soixante-huitarde.
Tout cela m'ouvre de nouveaux horizons. Bienfaitrice école quand même !
Le Dieu des curés de la très Sainte Église Catholique ne fait plus le poids dans tout ça… Je sors peu à peu des culpabilités dévastatrices. Et puis, mai 68 et son extraordinaire ballon d'oxygène me fait enfin respirer un air nouveau. Je veux bien entendre toutes les critiques faites depuis, n'empêche ! L'apport personnel fut pour moi considérable.
Dernière chose, et non des moindres : j'ai désormais 18 ans, le permis de conduire… Et une voiture ! Que demande le peuple !
Du côté des curés, ça bouge aussi, enfin certains ! On n'est pas encore dans l'explosion des groupes charismatiques, mais pas loin de chez moi, chez des moines en plus, il y a des messes-jazz ! Wahou ! « Jésus revient, Jé-é-sus revient, Jésus revient parmi les siens ».. Bon, j'exagère un peu… Mais on n'en est pas loin… J'y vais, à la demande d'une copine de l'époque qui est encore assez Catho. Mais bon, c'est pas les Beatles non plus ! La prestation n'est pas à la hauteur de mes exigences !
titre l’indifférence : sans commentaire ...
RépondreSupprimerd'abord le théâtre : Rodrigue as-tu du coeur ?
Puis la philosophie : Voltaire allume la lumière
AH !!!
d'un coup la philosophie change d'allure : NIETZSCHE, MARX : l'individu / les foules
Charles Fourier : Dostoïevski était pourchassé par le gouvernement du tsar pour ses idées révolutionnaires, il était fouriériste.
Puis, curieusement toute son œuvre
défend la tradition chrétienne de la Russie contre toutes les attaques de l'intérieur et de l'extérieur. On lui a donc aussi, par la suite, reproché son nationalisme et son conservatisme... il ne faisait que déployer ses contradictions.
... la plus religieuse de ses oeuvres : les frères Karamazov. qui contient le monologue du grand inquisiteur : une magistrale démonstration ! Vraiment je te conseille cette lecture, c'est au milieu du bouquin, une cinquantaine de pages.
euh...
c'est tout pour l'instant... j'étais pas revenue depuis un moment... c'est passionnant ton histoire :)
Tu m'as déjà incité à relire les frères Karamazov.
RépondreSupprimerJ'ai télécharger un exemplaire gratos sur ma liseuse.
Mais je n'ai pas encore lu…