Commençons par une définition assez classique :
Le conflit de loyauté peut se définir comme un conflit intra-psychique né de l'impossibilité de choisir entre deux situations possibles, ce choix concernant le plus souvent les sentiments ou ce que nous croyons en être, envers des personnes qui nous sont chères. Le conflit de loyauté pourrait se définir ainsi :
Si je choisis X, cela signifie que je rejette Y. Et inversement, si je choisis Y, cela signifie que je rejette X. Mais comme cela est insupportable, je ne peux choisir.
Relisant quelques billets de ce blog, revenant sur cette chose récurrente qui est mon hostilité (pour ne pas dire plus) à la religion catholique par rapport à Jésus, son message et les Évangiles, m'est venue cette expression d'un conflit de loyauté. Cette expression, on l'emploie souvent à propos de l'enfant et de la relation parentale. L'impossibilité de choisir entre papa et/ou maman en cas de séparation. D'une certaine manière il n'y a plus ni l'un, ni l'autre.
MAis ici je vais reprendre cette expression au titre d'une sorte d'analogie.
Mon conflit intérieur (quel que soit le nom à lui donner) est celui-ci : je me sens dans l'impossibilité de choisir entre appartenir à une religion, et vivre ce qu'il est convenu d'appeler les valeurs évangéliques, et entre vivre une forme d'appartenance à Jésus, au sens de cette expression de l'amour : je t'appartiens.
Il me semble que choisir c'est trahir l'un, l'autre, ou les deux…
Or je ressens fortement qu'il me faut choisir…
En effet il m'est totalement impossible de demeurer dans la religion catholique pour toutes les raisons que j'ai pu développer ici.
Or, j'ai le sentiment de trahir mon appartenance à Jésus si je n'en fais pas partie.
C'est pourquoi d'ailleurs j'ai vécu toute une période de ma vie où j'ai rejeté à la fois l'un et l'autre, même si j'avais la nostalgie d'une forme de fréquentation de Jésus.
Depuis quelque temps, cependant, les choses sont en train de changer.
Divers événements et lectures m'ont comme confirmé que le choix était en train de s'accomplir en moi. Après tout ce temps de révolte qui d'une certaine manière prenait racine dans ce conflit que je croyais insoluble (hors de l'église… Point de salut… Si tu aimes Dieu et Jésus TU DOIS être chrétien catholique… C'est la norme, c'est ainsi et pas autrement…), j'ai fini par comprendre, et on m'a aidé à comprendre, qu'au final j'avais raison… L'église institutionnelle, ses représentants, leur goût immodéré pour le pouvoir temporel, ses déviances sexuelles, son décorum, ses richesses, ses rites absurdes et vidés de leur sens, n'ont fait que trahir le message évangélique au fil des siècles…
Ma révolte était légitime. Mais il serait illégitime qu'elle demeure…
Cela me demande un effort. Mais il est indispensable. Cela me demande une forme de purification de l'âme et de l'esprit. J'y travaille.
Me voici donc apte à me centrer sur l'essentiel.
D'une certaine manière « le voyageur » est arrivé à une nouvelle étape.
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Complément : Dans un autre billet, jévoque quelqu'un avec qui je me coltine à propos des « choses de la religion » qui me faisait remarquer que ma révolte contre l'Église est à la mesure de mon attachement à celle-ci.
Je dis ensuite qu'on ne peut pas enlever un seul passage des Évangiles, ni des propos de Jésus, dont le message est sans cesse adossé à un collectif de transmission. Ce serait forcément une trahison.
Je me dis à présent que ce collectif n'est pas nécessairement la religion catholique qui m'a endoctriné....
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Complément : Dans un autre billet, jévoque quelqu'un avec qui je me coltine à propos des « choses de la religion » qui me faisait remarquer que ma révolte contre l'Église est à la mesure de mon attachement à celle-ci.
Je dis ensuite qu'on ne peut pas enlever un seul passage des Évangiles, ni des propos de Jésus, dont le message est sans cesse adossé à un collectif de transmission. Ce serait forcément une trahison.
Je me dis à présent que ce collectif n'est pas nécessairement la religion catholique qui m'a endoctriné....
J'ai lu ce texte sans ajouter de commentaire. J'ai laissé passer quelques jours puis j'y reviens.
RépondreSupprimerCe conflit intérieur que tu dis ressentir, je crois qu'il est aussi mien.Car pour ce qui est des choix à faire, chez moi, c'est bien un problème surtout quand ça touche à l'affectif.
"il n'y a plus ni l'un, ni l'autre" ce petit bout de phrase me rappelle cette sensation que j'ai eue au moment où j'ai fermé les yeux de mon mari qui venait de s'éteindre à mes côtés, il n'y avait plus en cet instant, ni lui, ni moi mais tout de même une sensation du UN , du TOUT, le un faisant partie intégrale du tout représenté par l'univers visible et invisible, sensation étrange et pourtant très rassurante et vivante m'invitant à refaire surface et poursuivre le chemin!
Le message évangélique, le modèle de Jésus homme parmi les hommes et comme nous confronté au quotidien d'une vie faite de vallées et de monts, d'ombres et de lumières me conduit à croire que l'amour est une valeur sûre puisqu'il est la base même des rapports que nous pouvons entretenir les uns avec les autres .
Les religions, l'éducation judéo-chrétienne reçue au fil du temps me posent questions. J'ai l'impression de trahir mes origines si je n'adhère pas à tout cela cependant que tout cela me tiraille de l'intérieur entre le message d'amour de Jésus qui est le coeur même du sens que je peux donner à ma vie et la pratique religieuse.(je ne suis pas une pratiquante de tous les dimanches!)
J'ai envie de faire un parallèle avec la personne (être humain ) et la personne (Eglise, institution).
L'être humain a un coeur et une vie intérieure profonde qu'il peut découvrir au fil du temps quand il fait le pas de chercher, se chercher en vérité , qu'il découvre qu'il est vraiment unique et riche de toutes ses différences et qu'il abandonne dès lors l'image qu'il voulait donner aux autres. Les religions, les pratiques institutionnelles ce seraient peut-être ces habits que l'on revêt et qui ne sont que des images auxquelles on s'attache pour se donner bonne conscience. Or, dans le message du Christ, transparaît la liberté de l'homme.Le vrai choix étant celui de l'amour que l'on se porte à soi-même autant qu'à l'autre et aux autres.
En fait, je serais libre dès l'instant que j'existe en temps qu'être né de l'amour visible et invisible mais je ne crois pas tout de suite à cette liberté, elle se construit par et avec les expériences qui sont miennes, elle me conduit à faire des choix et ce de plus en plus, je suis toujours en chemin, un chemin fait de petits pas et d'étapes . Tout s'ajuste au fil du temps, il y a un équilibre à trouver . Chaque être humain est responsable de sa propre démarche de vie et du sens qu'il veut lui donner.
On peut sûrement vivre sans religion mais pas sans spiritualité. Car l'amour conduit à tout, c'est la foi qui anime ce chemin qui fait battre notre coeur à l'image de ce qu'on est profondément et non pas de l'image que l'on veut donner.
Un clin d'oeil à ton autre billet! je peux aussi m'éclater en cherchant à rassembler toutes les pièces du puzzle qui constitue ma personne.
On commence par s'éparpiller, partir dans toutes les directions, se différencier, s'éloigner, s'éclater puis comme en un feu d'artifice, revenir au point zéro, et oh! miracle , rassembler les morceaux pour n'en faire qu'un, celui qui ressemble au trésor devenu source d'émerveillement de notre petitesse devant la grandeur de la vie!
Merci pour tes billets et tes partages.
Brigitte
Tout d'abord, je tiens à te remercier pour ce long commentaire que tu as pris le temps d'écrire, et qui me semble particulièrement intéressant, et dans lequel tu t'impliques personnellement.
SupprimerJe partage globalement tout ce que tu dis-là. Tu sembles bien mieux apaisée que moi. Tu as de la chance !…
À propos de ce que tu dis de « trahir ses origines », je me demande ce que l'on trahit… Je pense que l'on est forcément confronté à un choix de fidélité. Fidélité à des pratiques religieuses réifiées, (et ce n'est quand même pas le peuple qui en est responsable mais la minorité qui les a établies…), ou fidélité à la parole de Jésus, autant et dans la mesure où on a la capacité personnelle de l'être.
J'aime bien ta comparaison avec « les habits »
j'en prendrai une autre. Peut-on être fidèle à un « groupe », porteur de certaines valeurs, lorsque ce groupe entre en déviances ? Si cela devient difficile, n'est-ce pas parce qu'il a valorisé et développé des pratiques sectaires ?
Pourtant, celui qui en était à l'origine, le fondateur par exemple, pouvait très bien être « quelqu'un de bien » pour reprendre cette expression simple.
Sur la bonne conscience : je suis convaincu que « le pratiquant », c'est-à-dire celui qui respecte toutes les règles, rites, rituels, purifications, etc. , et pour qui cela devient « premier », se permet ainsi de se donner bonne conscience, au sens de la conscience morale ou socialisée. Pas au sens de la conscience profonde, qui relève de l'intime et du spirituel.
C'est pourquoi je partage pleinement ce que tu dis : « On peut sûrement vivre sans religion mais pas sans spiritualité »
Voilà qui s'éclaire un peu plus par rapport à mon commentaire précédent sur ton autre texte.
RépondreSupprimerCe conflit de loyauté me parle dans la dualité et le conflit ressenties entre mes 2 cultures.
J'essaie ainsi de m'en imprégner pour tenter de comprendre tout le sens que tu mets derrière tes mots et ton cheminement.
Des choses me viennent déjà mais je vais les garder encore un moment le temps d'aller lire quelques autres textes encore.
Oui, c'est de même nature entre deux cultures....
SupprimerJe suis admiratif de comment tu cherches à comprendre l'autre. Ce n'est pas si courant que cela à ce niveau....
Et c'est vrai que ce billet éclaire ton commentaire sur le précédent.
Ce qui m'ennuie et même m'agace, c'est de constater que j'écris ce billet en 2033 et qu'en 2016, je n'ai guère progressé dans la résolution de mon conflit de loyauté....
A moins qu'il ne faille vivre avec lui, comme une composante incontournable ?....