Seuls existent les commencements,
les aurores nouvelles,
qui nous tirent de nos nuits.
Être toujours voyageur de l'Aube.

vendredi 10 février 2012

6 - L'entrée en orgueil

Ce qui comptait, ce qui pouvait apporter de la considération aux yeux de la Sainte Église Catholique et de ses adeptes, les bons chrétiens pratiquants, c'est l'aptitude à démontrer aux yeux des autres que, bien qu'encore enfant, je savais parfaitement « lire et suivre la messe dans mon missel ». Alors, lorsque je me rendais à la messe, à l'âge de 9/10 ans, j'arborais ostensiblement le missel des fidèles, que je déposais ouvert à la bonne page sur le dossier pupitre de la chaise haute, afin que nul n'ignore que j'étais devenu semblable aux autres, parfaitement formaté, parfaitement ritualisé, parfaitement sage et sérieux, prenant les poses adéquates, exécutant les signes de croix sur le corps, battant ma coulpe au bon instant, prononçant à haute voix les mots latins à peu près correctement. En outre, je sais  les moments précis où il faut s’asseoir ou se lever, et hop ! je suis dans les premiers à bondir de la chaise ! A tout moment, chacun peut voir que je sais « suivre la messe »…
J'avais enfin toutes les apparences d'un bon fils de Dieu. D'un bon pratiquant.
J'espérais que chacun s'en aperçoive et reconnaisse ma juste valeur.
Je n'étais plus un proche de Jésus. J'étais un pratiquant orgueilleux. Fier de le montrer aux autres. Attendant la reconnaissance d'un regard d'adulte, d'un petit geste une bigote de service, une sorte de complicité qui me fasse comprendre qu'enfin « j'étais des leurs ».
Je n'avais pas la capacité de comprendre que c'étaient des leurres…

À la fin de la messe, je constatais que les enfants du catéchisme, c'est-à-dire ceux qui ne fréquentaient pas une bonne école catholique, mais étaient de « la laïque », se précipitaient vers leur curé de service pour, eux aussi, se faire tamponner la paperasse, histoire de pouvoir justifier qu'ils étaient à jour avec Dieu le Père Tout-Puissant. J'en avais observé quelques-uns fort dissipés, et je me disais qu'ils ne possédaient sans doute pas aussi bien que moi le latin à curés, ce qui me rendait supérieur à eux.

 Ainsi peu à peu je me laissais envahir par la vanité ecclésiastique qui prenait le pas sur l'amour et la foi.

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