Vers la fin du billet 73 j'ai évoqué ce concept, ou plutôt cette réalité du naître en commun. C'est une expérience que j'ai dans ma vie. Je suis né en commun plusieurs fois dans mon existence. Je pourrais dire dans une formule paradoxale je suis un solitaire né en commun.
. Solitaire, parce que ce qui a tenu d'engagements communs dans lesquels je suis véritablement né (c'est-à-dire de la nouveauté de moi a surgi), ce ne fut pas dans du suivisme ou des emballements peu durables. Solitaire parce que j'ai cherché l'investissement personnel engagé dans le collectif, sans concession, presque rigide parfois, affirmant ma part de vérité supposée, en tout cas la soumettant aux feux collectifs de l'épure.
. Né en commun, parce que de moi-même les choses ne se seraient pas faites. C'est la rencontre (les rencontres) qui a fait surgir et cristallisé la part de moi qui attendais ce terrain commun (collectif) nécessaire à l'éclosion.
Avec le recul, je peux faire le constat qu'il s'agissait là du Désir fondamental qui anime toute ma vie. Je l'ai pressenti dès l'enfance, avec évidemment en ce temps-là les formes et modalités d'expression propre à l'enfance. Ma solitude de cette époque et mon désir de rejoindre d'autres enfants de mon âge pour un « vivre ensemble » était une espérance active bien que toujours déçue. Il aura fallu mon accident de santé à 12 ans pour enfin vivre un collectif qui m'a enseigné sur énormément de points fondamentaux. C'est bien au-delà des seuls acquisitions d'une vie sociale bien comprise et vivable dans la société dans laquelle on est inséré. Il s'agit des fondamentaux vitaux auxquels j'ai été confronté et qui, pour être très simpliste, tenaient au choix de la vie ou au choix de la mort. J'ai opté.
*
Ce matin, toujours habité de cette phrase : « Vous ne connaissez ni moi, ni mon Père », comme en surimpression se disait : vous ne co-naissez ni avec moi, ni avec mon père.
Et puis je regardais cette photo de la sculpture :« Adam dans la pensée de Dieu », dont j'ai longuement parlé dans le billet numéro 63 et la sculpture m'a parlé.
Ben oui, rien de bien extraordinaire, c'est fréquent, cela a bien dû vous arriver de dire : « ce tableau me parle ».
Ça disait : « Vois ce que nous faisons ensemble. »
Et je me suis dit : ben oui, c'est ça au final !
Co-naître. Naître en commun avec le divin pour une action commune.
Le ensemble ce n'était pas lui et moi comme les deux personnages de la sculpture. Ensemble c'était un collectif : celui de ceux et celles qui se vivent engagés au service de l'Homme, son humanisation, et moi j'ajoute, sa divinisation. Ce dernier point demeure forcément personnel et suppose un enracinement qui ne regarde que moi. Que d'autres ressentent aussi les choses ainsi, tant mieux pour moi. J'en connais. Grâce a eux je ne me sens pas seul. On ne met pas tous la même chose sous la terminologie divinisation, mais est-ce si important que ça ?
Est-il si difficile que cela de distinguer les êtres qui oeuvrent à la promotion de l'être humain, et ceux qui considèrent que c'est un objet d'exploitation ?
Regarder autour de soi donne assez vite la réponse…
Et s'il y a un divin qui aime, il est plus satisfaisant de le suivre que de renier.
Remarques-tu que dans la sculpture l'artiste a prévu une auréole pour deux et qu'Adam semble nu...?
RépondreSupprimerAdam, à l'arrière plan, suit de tout près Jésus , regardant ensemble dans la même direction il est presque collé à Jésus. Non pas telle une fusion mais une complicité.C'est çà ( bien) aimer ...(con)naître
RépondreSupprimerAdam est nu en effet
SupprimerCe qui me plait aussi beaucoup c'est le (les) gestes de Dieu, qui semble "offrir" TOUT en partage à Adam...( et donc à chacun de nous, suivant la symbolique d'Adam)
(on le perçoit mieux sur cette autre photo)
http://a392.idata.over-blog.com/1/37/80/54/dieuadam-copie-1.jpg